Quand le coussin dégrade son bleu et quand la moustache rigole en rouge : c’est l’actualité des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Bleu opalin subtilement fumé et index effilés sous les aiguilles élancées (Laurent Ferrier)…
Bleu opalin subtilement fumé et index effilés sous les aiguilles élancées (Laurent Ferrier)…
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Atlantic-Tac

Mais aussi la fille légitime d’une caméra allemande, quelques bouquets de printemps, un crépuscule nanotechnologique, une Saint-Valentin lancinante et un peu de rouille titanesque…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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ICE-WATCH : Dites-le avec des fleurs…

Les beaux jours reviennent et c’est le moment de se préparer au retour du printemps, dans cinq semaines : on va le dire avec des fleurs et avec des couleurs qui feront de vous la florista de la saison. Fleurs abstraites ou fleurs du bien, fleurs naturelles ou impressions en style Liberty, pétales tropicaux ou bouquets romantiques : la collection Ice Flower mérite qu’on se lance des fleurs – et ce bouquet durera plusieurs printemps, toujours en douceur grâce au bracelet en silicone et toujours dans un grand style horloger avec les touches dorées des aiguilles et du cadran. Deux tailles (34 mm et 40 mm) pour une addition (99 euros) qui permettra de multiplier ces fleurs de poignet assorties aux motifs des dernières Fashion Weeks. Pour oublier l’hiver, faites donc le plein de vitamines !

LAURENT FERRIER : Sport chicissime…

Cette nouvelle montre signée Laurent Ferrier a beau s’appeler « Sport Auto », son nom le plus légitime serait plutôt « sport chic » tellement elle illustre les nouveaux canons de la nouvelle élégance urbaine au poignet. Rien n’y manque, à commencer par le bracelet métallique intégré dans le boîtier en titane : c’est un style qui s’est imposé dans les années 1960, avant d’être repris par Rolex en 1970, puis par Gérald Genta en 1972 (Royal Oak) et ensuite par tous les suiveurs. Là où tout le monde se contente d’une « table » plate (la partie du boîtier où est posé le cadran) aux pans anglés pour y loger le bracelet, Laurent Ferrier évolue dans un style « coussin » plus cambré et presque plus voluptueux dans ses courbes, qui s’harmonisent avec la couronne en boule : on est ici plus proche de l’esprit Nautilus que de l’esprit Royal Oak. Sous le verre saphir bombé, le cadran est bleu – forcément bleu pour un modèle sport chic – opalin et très légèrement dégradé (fumé) du centre vers la périphérie, avec des index effilés, une petite seconde à six heures et un guichet de date original. Les aiguilles « sagaies » très élancées viennent alléger ce que cette montre étanche à 120 mètres pourrait avoir d’un peu rigide. L’alternance des surfaces satinées et polies est digne d’admiration. À travers le fond saphir, au dos du boîtier, on peut admirer un des plus beaux mouvements automatiques de l’offre suisse – c’est aussi un des plus réussis sur le plan architectural et un des plus mécaniques performants, tant pour sa précision que pour ses 72 heures de réserve de marche : pour faire bon poids, le micro-rotor est en platine. Il y a un imperceptible parfum vintage dans cette Sport Auto, mais sans exagération, comme un clin d’œil de connivence. Le prix relève du grand luxe horloger (comptez dans les 48 000 euros), mais cette montre est une future icône pour les collectionneurs qui refusent de passer sous les fourches Caudines de la spéculation qui voit des modèles de série comme la Nautilus de Patek Philippe se négocier sur le marché secondaire à quatre fois son prix neuf ! Sport Auto ou pas, Laurent Ferrier, c’est la valeur sûre du néo-classicisme de cette première moitié du siècle…

BOMBERG : Moustache rouge…

L’esprit Bomberg, c’est celui du garnement remuant et turbulent qu’on a laissé assis au fond de la classe ! Par principe, cette maison indépendante suisse ne fait jamais rien comme les autres – et surtout pas les chronographes. La preuve avec la « moustache » rouge de cette Bolt-68 Racing Swiss Made : c’est sur cette gâchette qu’il faut appuyer pour déclencher et stopper le décompte du chronographe au dixième de seconde (mouvement à quartz). Pour ne pas se tromper dans les compteurs, la mesure de ce dixième de seconde est affichée par un disque à neuf heures. On remet le tout à zéro par le poussoir de droite de la couronne de remontage à une heure : les amateurs parlent de « bullhead » (un port de tête très taurin) pour cette disposition des poussoirs et de la couronne au midi de la montre. Histoire de mieux s’ancrer dans la légende automobile, on retrouve sur le cadran comme sur le bracelet en silicone perforé l’esprit des bandes rouges et noires qui décoraient les bolides de course des années 1960 et 1970. En 45 mm, le boîtier en acier est très généreux, mais le prix hors taxes dépassera tout juste le millier d’euros. C’est la rançon de la gloire pour un poignet qui sort de l’ordinaire et qui sait rigoler des classiques routines horlogères…

HERMÈS : Crépuscule primesautier…

Avec son boîtier inspiré par les maillons d’une chaîne d’ancre, la montre Cape Cod est une classique de l’horlogerie Hermès, mais le cadran de cette Cape Cod Crépuscule est une avancée contemporaine très esthétique. Le dessin évoque la subtilité de certains paysages d'estampes asiatiques : il est cependant exécuté ici selon des procédés suisses de haute technologie dont on vous épargne les secrets de fabrication – cette photolithographie à base de nitrure de silicium et de dépôt d’or est une authentique aventure nanotechnologique ! Le résultat est épatant, lumineux en dépit de son ambiance faussement crépusculaire et très originale : le style de ce cadran est surtout très bien assorti à l’esprit « carré dans un rectangle » de cette collection Cape Cod, qui s’avère depuis plus de trente ans invariablement imprégnée d’impertinence primesautière, de fantaisie et de bonne humeur…

BON À SAVOIR : En vrac, en bref et en toute liberté…

•••• LEICA : pour les puristes, c’est la marque « absolue », ultime, pour un appareil photo – un peu comme Patek Philippe pour les montres. La marque Leica se décline désormais en montres fièrement et farouchement « Made in Germany », réalisées en petites séries très exclusives dont l’esthétique et la mécanique semblent inspirées par les appareils photos de précision signés Leica – nom qui s’explique par la contraction du patronyme du créateur de la marque, Ernst Leitz, et du mot camera, d’où Leica. Assemblées dans la Hesse allemande sur le même site de Wetzlar que les appareils photo et les optiques de la maison, ces montres Leica L1 (ci-dessous) et Leica L2 se distinguent par la rigueur de leurs lignes et la pureté de leur design : heures, minutes, petite seconde s’affichent sur le cadran, avec un discret guichet pour la réserve de marche entre huit et neuf heures. Le mouvement mécanique (remontage manuel, entièrement réalisé en Allemagne) logé dans ce boitier en acier de 41 mm propose un dispositif original : quand on presse le poussoir intégré dans la couronne, l’aiguille de la petite seconde se remet à zéro – c’est très utile pour caler la précision de la montre sur un top horaire donné par exemple à la radio. La date se règle par le poussoir à deux heures. Bien entendu, le verre saphir est bombé, dans l’esprit d’une lentille d’objectif photo. Le seul détail qui fâche, c’est peut-être le prix : 9 500 euros pour ce Leica L1, c’est très… allemand ! •••• SAINT-VALENTIN : ces temps-ci, quand ils ne s’intéressent pas aux tigres du Nouvel An chinois [une bonne trentaine de marques y sont allées cette année de leur félidé rayé de noir], les horlogers suisses s’adonnent au culte amoureux de la Saint-Valentin, avec une débauche de cœurs et de touches rouges qui ne déplaisent d’ailleurs pas aux clients asiatiques. C’est touchant, souvent naïf, mais généralement un peu vain : quoiqu’il rime avec toujours, l’amour est… enfant de Bohême – ce qui n’est pas forcément compatible avec le luxe horloger qu’affichent des montres suisses qui se veulent intemporelles et maîtresses du temps… •••• ROUILLE : ce n’est pas la première attaque de rouille dans l’horlogerie, mais, quinze ans après les premières montres Titanic qui avaient « inventé » la rouille horlogère, voici qu’une équipe hongkongaise, aujourd’hui réfugiée à Taïwan, nous propose une nouvelle aventure titanesque (vidéo ci-dessous), soigneusement mais élégamment oxydée, dans un style contemporain très maîtrisé. La campagne vient de se terminer sur Kickstarter avec une centaine de milliers d’euros apportés par 250 contributeurs, mais l’aventure de cette TitanicX-Reborn à mouvement automatique suisse continue sur Indiegogo, sous la bannière des montres OVD, qui n’exigent qu’un peu moins de 300 euros pour cette plongée épique dans une rouille nautico-historique (pour les timides et les inoxydables, il existe des versions moins rouillées)…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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