Quand l’esprit du XVIIIe siècle infuse l'avant-garde contemporaine et comment une leçon de musique du XIXe siècle peut réenchanter le XXIe siècle : c’est l’actualité des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Et aussi les tigres qui bondissent sur les nouvelles montres Kenzo, la montre « normale » d’un septennat qui ne l’est pas vraiment, le tachymètre de Rolex qui embarque un GPS et la dolce vita qui se joue au poignet en Cinémascope et en Technicolor…
Et aussi les tigres qui bondissent sur les nouvelles montres Kenzo, la montre « normale » d’un septennat qui ne l’est pas vraiment, le tachymètre de Rolex qui embarque un GPS et la dolce vita qui se joue au poignet en Cinémascope et en Technicolor…
©Gregory Pons

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Et aussi les tigres qui bondissent sur les nouvelles montres Kenzo, la montre "normale" d’un septennat qui ne l’est pas vraiment, le tachymètre de Rolex qui embarque un GPS et la dolce vita qui se joue au poignet en Cinémascope et en Technicolor…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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KENZO TIME : Une Jungle Fever qui baigne dans la nostalgie des années 1970…

Devenu Kenzo tout court après avoir connu la célébrité avec sa première boutique française « Jungle Jap », Kenzo Takada est, en dépit de son hérédité japonaise, un des grands noms de la couture française contemporaine. La griffe vient de relancer (grâce à une filiale semi-clandestine du groupe LVMH) une très intéressante collection horlogère, dont les différentes lignes retracent le parcours créatif du couturier des années 1970 à nos jours ? Exemple, cette ligne Tiger Head et ses montres en forme de clin d’œil à la mode plastique des années Swatch – so vintage, isn’t it ? – à ses formes et à ses couleurs. On y retrouve le tigre bondissant qui sert de logo à la marque (à 12 h), mais aussi la tête de tigre qu’on a si souvent repérée sur les vêtements Kenzo, réinterprétée dans des couleurs aux stridences très contrôlées. Avec ce remix de nostalgie, de discrète transgressivité et d’affirmation iconique sans trace excessive de bling-bling, autant dire un bon concentré de post-modernité horlogère, on se dit qu’on tient le « bon » produit de mode de ces prochaines semaines, au moins jusqu’à la fin de cet été…

MB&F  : Un magistral hommage rétro-futuriste aux grands maîtres horlogers du XVIIIe siècle…

Vous avez relativement peu de chances de croiser cette Legacy Machine 101 (« LM One Ô One », pour les initiés) au poignet de votre voisin de comptoir, alors profitez bien de cette information. Ce n’est pas qu’elle soit rarissime : il y en aura bien une soixantaine de produites cette année, mais ce sera pour le monde entier ! Comme les jeunes milliardaires des jeunes économies dynamiques adorent cette marque (Maximilian Büsser & Friends, maison qui fêtera bientôt sa première décennie), autant dire que ces montres sont déjà sur liste d’attente. Ce n’est pas qu’elle soit chère : c’est au contraire la moins coûteuse [autour de 50 000 euros, tout de même] de toutes les MB&F ! Ce n’est pas qu’elle soit monstrueuse : c’est même la plus discrète (40 mm de diamètre), la plus fine, sinon la plus simple, de toutes les montres de la marque. Son succès annoncé vient, précisément, de la conjugaison de ces différents facteurs : cette LM 101 résume si bien l’esprit de la nouvelle horlogerie qu’elle en devient irrésistible : elle jette un pont esthétique entre les traditions mécaniques du XVIIIe siècle (c’est le côté Legacy) et les audaces techniques du XXIe (c’est le côté Machine). Admirez l’audace de cet hémisphère de verre saphir au-dessus du cadran. Notez le contraste entre la laque du compteur des heures, qui semble émaillée à l’ancienne, et l’architecture à la Santiago Calatrava qui permet de suspendre le grand balancier, placé au-dessus du cadran. Hommage à l’art horloger en lévitation sous un dôme futuriste. Richard Mille a trouvé un héritier : il s’appelle Maximilian Büsser et il s’inspire des chronomètres de marine d’hier pour créer les objets du temps de demain

MAURICE LACROIX : À nous, les petites Françaises !

Dans la série des petites montres comme les aiment les petites Françaises [par ces temps de fête des Mères, ça peut servir], cette petite Fiaba proposée par la manufacture suisse Maurice Lacroix fait son petit effet. Elle a les rondeurs qui rassurent, la discrétion qui assure et tous ces petits détails qui murmurent à l’oreille des dames : le cadran en nacre, les diamants qui font la ronde, la touche de bleu des aiguilles et de la couronne, le bracelet en acier qui s’assortit à toutes les tenues, au bureau comme en week-end, à Paris comme à la plage. Rien qui mérite un Grand prix de l’extravagance au poignet, mais qui rien qui justifie un excès d’indignité : si l’expression n’avait pas été dévaluée par les insuffisances d’un calamiteux président de la République, on dirait presque que cette montre est « normale »…

MARVIN : Cinémascope, Technicolor et bracelet Dolce Vita pour dandy du poignet…

Ah, que serait la nouvelle horlogerie accessible sans les boîtiers de forme « coussin » ! C’est une forme plus ou moins inventée par Rolex dans les années 1920 [c’était une transition rusée entre la boîte ronde et le boîtier carré, encore difficile à étanchéifier], puis relancée par Panerai à la fin des années 1990. Le style est devenu synonyme de modernité, sinon de statut au poignet. Marvin – la toute jeune marque née en 1850 – a fait de sa Malton 160 une nouvelle icône, inlassablement animée, ici de nouvelles couleurs et de nouveaux bracelets perforés, comme dans les années 1960 où ils s’étaient imposés comme le symbole le plus dynamique d’un mode de vie centré autour de l’automobile. Même la doublure et les surpiqûres du bracelet reprennent la couleur du cadran. Une montre en Cinémascope (42 mm) et en Technicolor, sur grand écran horloger, avec un bracelet inspiré par la Dolce Vita : pas belle, la vie des jeunes gens élégants du printemps 2014, qui n’auront qu’un petit billet de 500  euros à poser sur la table pour mettre une touche finale à leur néo-dandysme ? Détail utile pour briller en société : la touche rouge à 8 h. Cette ponctuation rouge est une coquetterie traditionnelle pour les montres Marvin, mais, concernant cette Malton 1940, une telle décoration tricolore sonne au moins comme un Appel du 18-Juin : pour résister à l’envahisseur chinois ou pour bien faire comprendre que, si elle a perdu la bataille de la quantité, l’horlogerie indépendante peut encore gagner la guerre de la qualité ?

ROLEX : Il fallait bien une super-montre pour dépasser les 1 000 miles à l’heure…

Le record mythique des 1 000 miles à l’heure (1 609 km/h) ne tient plus qu’à un fil, mais c’est sur ce cadran Rolex qu’il sera établi (avant-première Business Montres du 6 mai). La marque parraine en effet le projet Bloodhound SSC (SuperSonic Car), qui ambitionne de passer ce cap de vitesse sur une sorte de fusée à roues de 14 m de long, avec 135 000 chevaux sous le capot (l’équivalent de 180 moteurs de Formule 1 qui se déchaîneraient ensemble). Ce n’est pas une montre, mais le simple cadran d’affichage d’un objet du temps complexe (Business Montres du 8 mai), qui intègre un GPS dont les 20 mesures par seconde permettent d’indiquer la vitesse au sol, avec un marquage spécial entre 7 et 8 pour indiquer le passage du mur du son (Mach 1 : 761 mph, soit 1 255 km/h). D’autres équipes concurrentes travaillent sur ce record spectaculaire, qui devrait être battu en 2015. Espérons que Rolex réalisera, pour cette victoire sur le temps, une édition spéciale Bloodhound d’une de ses montres…

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ENCHÈRES : La Rolex de votre papa vaut-elle cette adorable leçon de musique ?

Intense activité cette semaine sur le front des enchères : à Genève comme à Francfort, on dispersera près de 1 500 montres de collection, avec des adjudications qui donneront une idée du moral des amateurs et de la cote réelle des marques : aux enchères, on paye la gloire et la valeur patrimoniale, pas le marketing, ni la communication. Vedette quasi-exclusive de cette session de printemps : Rolex, avec des montres anciennes [celles des années 1940 à 1990] dont la cote explose et dont le marché découvre l’infinie variété de chaque modèle. Il n’est plus rare de voir des Rolex de série frôler ou dépasser le million sous le marteau – précisément parce qu’elles sont beaucoup moins « de série » qu’on ne le pensait avant un examen attentif. Tendance globale du marché : une envolée spectaculaire des pièces exceptionnelles, mais un tassement évident de celles qui ne le sont pas, phénomène qui atteint même les Patek Philippe de l’âge d’or [mêmes années que les Rolex], très surcotées ces dernières années et moins « soutenues » par les achats de la marque, dont le musée est désormais à peu près exhaustif. Quand elles ne sont pas émaillées de scènes pittoresques qui séduisent les Chinois, pourvu que la montre soit authentique, les montres de poche continuent leur lente descente aux enfers : on voit des pièces mécaniques quasi-uniques du XVIe ou du XVIIe siècle se négocier au prix d’une montre industrielle contemporaine. C’est peut-être le moment de miser à contre-tendance sur cette horlogerie de connaisseurs, très accessible par ses prix sacrifiés : non seulement ces pièces sont spectaculaires, mais on aura compris qu’elles sont rarissimes – le filon est épuisé et on n’en fabriquera plus jamais ! Merveilleusement émaillée et animée de délicieux automates, la petite boîte à priser vendue par Sotheby’s (lot n° 334, daté de 1801-1804) devrait logiquement approcher le million tellement on la découvre de « qualité musée » : découvrez en vidéo cette géniale et touchante « Leçon de musique », grande comme une grosse boîte d’allumettes. Même l’oiseau dans sa cage y va de son refrain…

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• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

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