Pourquoi le consensus optimiste des investisseurs sur l'économie mondiale commence à craquer<!-- --> | Atlantico.fr
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Le consensus optimiste des investisseurs commence à craquer.
Le consensus optimiste des investisseurs commence à craquer.
©Reuters

Revue d'analyses financières

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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La dose de drogue monétaire qui a été utilisée depuis le début de la crise par les banques centrales pour essayer de réanimer l’économie mondiale commence à poser problème. Après avoir soigné la dette par de la dette, personne n’a de mode d’emploi pour sortir de ce cercle vicieux. Depuis le début de l’année, le consensus était que la Fed allait réussir sa sortie en douceur grâce à sa politique de "tapering" (diminution progressive de ses achats sur les marchés de valeurs du Trésor US et d’actifs hypothécaire). Aujourd’hui, les marchés commencent à douter…

Les classes d’actif qui ont profité de la situation cette semaine, sont l’or (1272$ au plus haut depuis deux mois et demi), les obligations US longues et les Bund allemands.

La volatilité sur les actions US se retrouve à 17, son niveau le plus élevé depuis le mois d’octobre dernier. Comme le fait remarquer Charles Gave de GaveKal, l’obligation zéro coupon à 30 ans a réalisé une performance supérieure à celle de l’or depuis le début des opérations de « tapering » menées par la Federal Reserve américaine.

Les aficionados des Vagues d’Eliott (théorie chartiste qui analyse les évolutions longues des marchés) qui prévoient un krach depuis 2011, ont resurgi cette semaine. Jeffrey Grundlach, manager du Total Return Fund, est très clair : il anticipe un recul du marché américain qui devrait selon lui se situer entre 35 et 50%.

Le thème d’investissement qui résiste bien pour le moment est celui des sociétés qui rachètent régulièrement leurs propres titres en bourse.

Les inquiétudes sur la Chine

En Chine, le défaut d’un Wealth Management Product (WMP) émis par China Credit Trust en faveur de la mine de charbon Shanxi, non cotée et distribué par ICBC ressemblait beaucoup depuis de nombreux mois à la version chinoise du système de Ponzi. Il sera très intéressant de voir comment les autorités chinoises traiteront le problème : renflouement général ou pertes subies par les souscripteurs…

Les chiffres qui sont sortis la semaine dernière ont déçu. L’indice PMI a brusquement chuté à 49,6 contre 50,5 le mois précédent. Le marché chinois reste plus que jamais très compliqué et difficile à décrypter.

Le brusque décrochage du Peso argentin déclenche une panique

Dans les pays émergents,  en baisse de 5,3% depuis le début de l’année,  on se serait cru dans une répétition de 1997 qui est celle de la crise asiatique qui avait débuté avec un plongeon du Bhat thailandais. Les devises de l’Argentine et de la Turquie ont baissé respectivement de 14,8% et 13, 8% dans la semaine. 

Pour Neil Shearing Chief Economist de Capital Economics, les pays les plus vulnérables sont ceux qui ont été les plus mal gérés : l’Argentine, l’Ukraine et le Venezuela. Ensuite, il y a une série de pays qui ont connu une forte progression du crédit et enregistrent un important déficit courant :  la Turquie, l'Afrique du sud, l'Indonésie, la Thaïlande, le Chili et le Pérou. Le troisième groupe comprend les pays de l’Europe de l’Est : Hongrie et Roumanie qui sont vulnérables au « tapering » de la Fed. Viennent ensuite le Brésil, l’Inde, La Russie et la Chine qui ont tous des problèmes internes à résoudre. Le dernier groupe est constitué par la Corée du sud, les Philippines et le Mexique qui sont en mesure de profiter de toute reprise de la demande mondiale.

En Europe, en baisse de 3,2% sur la semaine, ce sont les cycliques, les financières et les valeurs technologiques qui ont le plus reculé.  La convalescence va être longue car la croissance est faible, le chômage va rester durablement élevé et le péril déflationniste guette.  Comme l’a dit à Davos Christine Lagarde, directrice générale du FMI, « l’ogre de la déflation est le principal risque pesant sur la reprise européenne ». D’ailleurs, 20% des composants de l’indice Eurozone CPI Inflation sont maintenant en déclin en moyenne de 2,2% sur un an.

En Italie, l’écart de rendement entre les obligations italiennes à 5 ans et les obligations allemandes a encore baissé de 23 points de base à 158 points de base. Comme en Espagne, les pays de l’Europe du Sud peuvent maintenant avoir de nouveau accès aux marchés pour leur financement. C’est une bonne nouvelle.

En France, le pari perdu de François Hollande sur l’inversion de la courbe du chômage n’a surpris personne. Cela fait 37 ans que les contrats aidés quelle que soit leur appellation sont sans effet sur le chômage. La très longue liste mérite d’être rappelée : 1977 : Pacte National pour l’Emploi de Raymond Barre ; 1983 : Stage d’Insertion à la Vie Professionnelle de Pierre Mauroy ; 1984 : Travaux d’utilité collective (TUC) de Laurent Fabius ; 1989 : Contrat Emploi Solidarité de Michel Rocard ; 1992 : Contrat Emploi Consolidé de Pierre Bérégovoy ; 1993 : Contrat d’Insertion Professionnelle de Edouard Balladur ; 1995  : Contrat Initiative Emploi de Jacques Chirac ; 1997 : Emplois Jeunes de Lionel Jospin ; 2002 : Contrats Jeunes en Entreprise et d’insertion de Jean Pierre Raffarin ; 2006 ; Contrats Première Embauche ; 2010 : Contrat Unique d’Insertion de François Fillon ; 2012 : Emplois d’Avenir de Jean Marc Ayrault. Dans n’importe quelle entreprise, quand un dispositif n’a pas  fonctionné plusieurs fois de suite, on évite de l’utiliser…

Cette situation très triste n’empêche pas certains députés de se concentrer sur les sujets importants. Brigitte Allain, député Europe Ecologie Les Verts, a demandé que l’on supprime l’expression « bon père de famille » de tous les textes législatifs en vigueur. Ce serait une « expression discriminatoire, survivance inadmissible d’une société patriarcale…. ». Avec un tel totalitarisme linguistique, il faut probablement s’attendre bientôt à la suppression de tous les textes de la notion de « langue maternelle… »

Heureusement, les 150 députés qui adhèrent à Génération Entreprises Entrepreneurs Associés (GEEA)  présidé par Olivier Dassault, rare chef d’entreprise à occuper les bancs de l’Assemblée Nationale, continuent de travailler pour organiser en France « un big bang économique fiscal et culturel ». On a pu constater au cours de la réunion organisée la semaine dernière que Pierre Gattaz, président du Medef, entendait bien redonner la parole aux entrepreneurs et que après les mots, les pactes, les assises, il y avait urgence à prendre rapidement les mesures pour aider les entreprises à sortir de la crise…

Les investisseurs aiment moins les marchés émergents

Tous les investisseurs regardent le degré d’exposition de chaque société aux marchés émergents. Ce qui était très à la mode ne l’est plus. En ce qui concerne les marchés ceux qui sont les plus exposés sont les sociétés de l’indice IBEX en Espagne (22%), de l’indice AEX aux Pays Bas (22%) du FTSE 100 en Grande Bretagne. Les valeurs de l’indice CAC 40 ne sont exposées qu’à hauteur de 8% aux marchés émergents.

En Inde, les élections auront lieu à la fin du mois de mai. La victoire de Narenda Modi à la tête du BJP serait une bonne nouvelle mais le AAP populiste réalise encore un score élevé dans les sondages.  

Le consensus, pour Chris Wood stratégiste de CLSA à Hong Kong, est de sous pondérer les marchés émergents et de continuer à surpondérer l’Europe et le Japon.

Au Japon, en baisse de 1,9% sur la semaine, les secteurs les plus touchés ont été ceux de l’assurance et de l’immobilier. Celui qui a réalisé la meilleure performance est le transport maritime qui profite de la baisse du yen.

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