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Pourquoi la saison des ouragans qui s’annonce pourrait être la pire depuis 2010
©Reuters

Sans requins les tornades

L'organisme NOAA a prédit pour 2017 la pire saison des ouragans et une possible augmentation de ces phénomènes à l'avenir. Une menace qui devrait sérieusement inquiéter les régions habituées à ces phénomènes climatiques.

Frédéric Decker

Frédéric Decker

Météorologue - Climatologue à MeteoNews et Lameteo.org

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Atlantico : Selon l'organisme américain NOAA, 2017 pourrait être la pire saison des ouragans depuis 2010, avec jusqu'à 19 cyclones pronostiqués. Comment expliquer ces résultats ? Quelles peuvent-être les conséquences d'une telle hausse ?

Frédéric Decker : En entrant un peu plus dans le détail pour être plus juste et précis, NOAA prédit 14 à 19 systèmes tropicaux nommés, et non uniquement des cyclones, incluant donc des dépressions et tempêtes tropicales, dont un certain nombre (entre 5 et 9) atteindrait le stade de cyclone ou ouragan. Deux à cinq ouragans majeurs sont envisagés par NOAA d’ici décembre, fin de saison cyclonique dans l’Atlantique Nord.

Cette prévision à la hausse n’est pas une surprise cette année : depuis deux ans en 2015 et 2016, El Nino a amoindri le nombre de cyclones dans ce bassin océanique, comme à chaque fois qu’il se produit. Avant cela, les années précédentes étaient marquées par des puissantes tempêtes de sable d’est dans le Sahara occidental, projetant d’importantes quantités de particules sableuses dans la haute atmosphère au-dessus de l’Atlantique. Cet écran naturel a empêché l’échauffement habituel des eaux tropicales atlantiques, et donc abaissé le nombre de cyclones.

C’est davantage une reprise habituelle de la saison cyclonique qui est finalement attendue en 2017 après quelques années de « vaches maigres », positives en l’occurrence puisque le nombre de ces phénomènes destructeurs était anormalement bas.

L’Atlantique équatorial, entre l’ouest de l’Afrique et le Golfe du Mexique, est très chaud actuellement (plus de 26 degrés) et les orages quittant la pointe occidentale du continent africain peuvent facilement évoluer en ondes tropicales, puis en dépressions tropicales, voire en tempêtes tropicales ou en ouragans.

Les conséquences d’une telle hausse sont bien sûr davantage de risques de phénomènes violents et potentiellement meurtriers sur les régions exposées, avec des destructions matérielles et agricoles, ainsi que des inondations dévastatrices. Comme c’est le cas très souvent avec ce type de phénomène, où qu’il se produise dans le monde.

Quels sont les principales zones concernées ? Comment se préparent-elles à cette augmentation du nombre de cyclones ?

Les principales zones inquiétées dans les mois à venir seront l’ensemble des Caraïbes, y compris la Martinique et la Guadeloupe, mais aussi le Mexique, le sud et l’est des Etats-Unis. Parfois, en poursuivant leur route au-dessus de l’océan Atlantique, ces cyclones peuvent évoluer en tempêtes extra tropicales et frapper l’Europe de l’ouest, y compris la France. Pas avec les mêmes conséquences qu’un cyclone tropical fort heureusement, mais des vents dépassant 100 km/h et des pluies orageuses violentes peuvent alors survenir.

Il n’y a pas grand chose à faire contre la furie des éléments en cas de cyclone, si ce n’est s’éloigner les côtes comme c’est souvent le cas sur le littoral étasunien, alors évacué en cas de risque majeur. Se barricader chez soi est parfois insuffisant malheureusement en cas de cyclone majeur sur la frange littorale. Le plus grand danger dans un cyclone n’est pas forcément le vent, mais surtout les quantités de pluie souvent très importantes qui occasionnent des inondations potentiellement très graves.

Faut-il craindre, à l'avenir, de voir le nombre d'ouragans augmenter ? Quel pourraient-être les conséquences sur le long terme ?

A vrai dire, les projections alarmistes et « catastrophistes » du GIEC établies il y a 10, 15, 20 ans et plus concernant l’explosion du nombre de cyclones à travers le monde ne se sont pas réalisées. Et c’est tant mieux ! On constate toutefois d’importantes disparités géographiques avec le réchauffement global de ces 30 à 40 dernières années : une tendance à la baisse du nombre de cyclones, non attendue et pas du tout prévue par les projections des modèles climatiques, sur les bassins de l’Atlantique et du sud de l’océan Indien, une stabilisation dans le sud du Pacifique et le nord de l’océan Indien et une hausse en revanche sur le nord du Pacifique.

Au final, à l’échelle mondiale, le nombre de cyclones depuis 70 ans est très stable, voire en très légère baisse ces deux ou trois dernières décennies ! Le réchauffement climatique, très inégal selon les régions du monde, est peu conséquent au niveau de la zone équatoriale, important en revanche dans toute la partie arctique. Les écarts thermiques se réduisant entre le pôle et l’équateur peuvent expliquer cette baisse du nombre de cyclones dans le monde.

Cette tendance à la baisse, très légère, à l’échelon mondial est susceptible de se poursuivre si le réchauffement moderne perdure. En revanche, l’Asie du Sud-Est, plus exposée à un nombre de typhons en hausse, risque de faire les frais de phénomènes de ce type plus fréquents, reste à voir si la tendance à la hausse perdure dans cette partie du monde.

Si le nombre de cyclones diminue légèrement, leur puissance est en revanche potentiellement plus importante dans un monde plus chaud comme aujourd’hui par rapport aux années 50, 60 ou 70 par exemple. Par définition, de l’air plus chaud contient plus de vapeur d’eau, donc plus d’énergie pour les phénomènes cycloniques, et donc plus de violence. 

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