Pourquoi la bourse aime les entreprises familiales <!-- --> | Atlantico.fr
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Martin Bouygues a refusé de se faire racheter par Numéricable.
Martin Bouygues a refusé de se faire racheter par Numéricable.
©Reuters

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Martin Bouygues a refusé de se faire racheter par Numéricable et il a bien raison : sur la durée, les entreprises familiales sont plus performantes que les autres entreprises. En 5 ans, les entreprises détenues par des familles font 2 fois mieux que les autres, avec une volatilité moindre.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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Nous pensions tous que l’épisode grec aurait connu son épilogue la semaine dernière… L’annonce d’un référendum complique considérablement la situation. Il est impossible en ce début de semaine d’imaginer la suite des événements à très court-terme. Nous attendons des éléments concrets pour agir. 

Sur le front des entreprises : la tentative d’achat de Bouygues Télécom par Numéricable a animé le secteur des télécoms pendant plusieurs jours. M. Drahi (le patron de Numéricable) n’avait pas hésité à proposer 10 milliards d’euro pour racheter la partie télécom du groupe Bouygues. Le conseil d’administration de Bouygues a rejeté cette offre de manière très sèche dès lundi soir. Bien que tout soit possible en matière boursière lorsque les enjeux sont aussi importants, il semble que les propos tenus par Martin Bouygues et les principaux dirigeants du groupe montrent que ce refus est définitif.

La raison essentielle évoqué par Martin Bouygues réside dans le fait qu’une entreprise n’est pas qu’un sujet lié à l’argent : la froide rationalité financière aurait incité beaucoup de dirigeants à accepter une offre de 10Mads d’ruros pour une structure qui en vaut aujourd’hui au mieux 6 et qui est en perte depuis 2 ans. Mais Martin Bouygues évoque l’argument des valeurs de l’entreprise que sa famille a créé et dans laquelle il croit. Il se projette plus loin que la publication des comptes trimestriels et la comparaison de l’évolution de son titre par rapport au CAC 40 au jour le jour.

Et il a en fait bien raison… sur le long-terme. 

Les faits sont là et ils sont incontestables : sur la durée, les entreprises familiales sont plus "performantes" que les autres entreprises. Sur longue durée l’écart de performance est conséquent : en 5 ans les entreprises détenues par des familles font 2 fois mieux que les autres… Avec une volatilité moindre !

Nous considérons qu’une entreprise familiale est une entreprise dans laquelle plus de 50% des droits de vote est détenu par une famille ou plus de 20% seulement mais avec un conseil d’administration ou le management est contrôlé directement par la famille.

Lorsqu’on analyse les raisons de cet écart, les explications apparaissent clairement : les entreprises familiales engagent des coûts de manière plus rationnelle, ainsi elles évitent bien souvent les dépenses somptuaires et les dépenses liées à des projets très hasardeux. Elles sont également, en règle générale, concentrées sur une activité sur laquelle elles ont la meilleure expertise et la meilleure valeur ajoutée. Elles évitent les diversifications inutiles génératrices de perte de temps et finalement moins rentables que leur "cœur business".

In fine, leurs marges opérationnelles sont plus élevées, elles affichent une croissance plus régulière et sont plus rentables que les autres entreprises. Lorsqu’on veut devenir actionnaire d’une entreprise familiale, il faut bien sûr analyser avec attention comment sont traités les minoritaires… En fait dans bien des cas, le respect de l’actionnaire est plus grand dans ce type de sociétés et, alors que ce n’est pas évident à priori, la transparence y est également plus importante. 

Bien sûr, comme souvent en bourse, il faut prendre certaines précautions : les entreprises familiales sont bien souvent des entreprises de taille plus modeste et sont en général plus chères que leur concurrents "non familiaux"… Ce qui est somme toute logique : la qualité de la croissance, sa régularité et la qualité de la gouvernance ont un prix ! Le PER ratio permet de mesurer et comparer le prix relatif des entreprises entre elles. Ce ratio est plus élevé pour les entreprises familiales que pour la moyenne du marché. En ce moment les entreprises familiales se "payent" 20 fois les résultats 2015 contre 16 fois pour le reste du marché. Cela ne paraît pas exagéré pour des entreprises qui croissent plus et plus régulièrement.

Un certain nombre de risque doivent aussi être analysé. En premier lieu, les successions : les "fils de" ne sont pas nécessairement au niveau de leurs prédécesseurs…ceci dit après un patron charismatique et efficace à la tête d’une entreprise "classique" le problème de succession est posé également. Enfin, et cela arrive régulièrement, comme pour Norbert Dentressangle par exemple, lorsqu’une famille vend ses parts dans l’entreprise qu’elle a créé, il est préférable de faire comme cette famille et "réaliser" son patrimoine également, ce qui n’est pas toujours idéal en terme de timing pour un investisseur ne faisant pas partie de la famille.

Parmi ces entreprises familiales on trouve des noms comme : Eurazeo, holding de Lazard, Ebro food, entreprise alimentaire, Zumtobel, solution d’éclairage, SFS , Wendel, BIC etc... ces noms sont français ou européens mais l’intérêt de cette approche est aussi que les familles ont des approches similaires aux Etats-Unis, en Chine au Japon et les conclusions faites plus haut y sont également valables.

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