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Pollution : les confinements liés au Covid ont-ils permis de purifier l'air des villes ? La réponse est complexe
©Thomas COEX / AFP

Atlantico Green

L'année 2020, marquée par une baisse générale de l'activité dans le monde du fait des confinements, a-t-elle été marquée par une baisse de la pollution ? C'est le cas pour certains polluants, mais pas tous.

Augustin Colette

Augustin Colette

Augustin Colette est responsable de l’unité modélisation de la qualité de l’air à l’Ineris (Institut national de l'environnement industriel et des risques).

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Atlantico : Quel a été l’impact des deux confinements sur la pollution de l’air ?

Augustin Colette : L’institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) s’est particulièrement intéressé à l’impact du premier confinement en ciblant surtout deux types de polluant, le dioxyde d’azote et les particules fines. Globalement la pollution au dioxyde d’azote a été réduite de l’ordre de 50 % et la pollution aux particules fines de 10 à 15 %.

Si on se projette sur le deuxième confinement, les chiffres seront forcément différents, d’une part parce que les restrictions d’activité étaient moindres et d’autre part parce que les polluants varient en fonction des saisons de l’année.

Des polluants ont-ils plus baissé que d’autres ?

Le dioxyde d’azote (NO2) a baissé très nettement. La baisse moyenne au niveau national est de 50% mais ça va jusqu’à 70% dans certaines villes. Pour les particules fines, la baisse est notablement plus faible. Pour comprendre pourquoi, il faut s’intéresser aux sources des polluants. On peut parfois supposer que le trafic routier constitue la majeure partie des sources de polluants. C’est un facteur important mais ce n’est pas le seul.

Quand on parle pollution de l’air dans son ensemble, on a quatre grands secteurs d’activités : trafic routier, industrie, résidentiel/tertiaire et agriculture. Globalement et mis à part quelques variations, ces quatre secteurs polluent de façon égale.

En ce qui concerne le dioxyde d’azote, c’est clairement le trafic routier qui est la source la plus importante. Ce qui explique que pendant le confinement du printemps, qui a essentiellement ciblé les déplacements des personnes, c’est sur le NO2 que nous avons vu le plus grand des bénéfices.

Sur les particules fines, l'impact est notablement plus faible parce que d’autres sources (l’industrie, l’agriculture et au premier plan le chauffage résidentiel) sont importantes. On a eu moins de particules fines émises par le trafic routier mais davantage émises par le chauffage résidentiel. Une compensation assez nette s’est opérée expliquant que la baisse observée soit de seulement de 10 à 15 %.

A l’inverse, certains polluants ont-ils augmenté avec le confinement ?

Il y a eu une augmentation de l’ozone pendant le premier confinement. Nous l’avons moins analysé car c’est un polluant qui nous intéresse plus l’été qu’au printemps. En effet, l’ozone a un cycle très fort sur la saison et il y en a beaucoup plus l’été qu’au printemps. L’ozone a augmenté avec le confinement mais n’a pas atteint des niveaux préoccupants. Nous n’avons pas de données sur l’éventuel impact du confinement sur l’été en termes d’ozone mais c’est une question qui nous intéresse.

Il n’y a pas d’ « émission » d’ozone - c’est un polluant qui n’est pas émis tel quel. C’est un polluant dit secondaire qui est formé dans l’atmosphère à partir d’un cocktail d’émissions d’oxyde d’azote et de composés organiques volatiles. En fonction des conditions (ensoleillement, température etc.) et quand on augmente ou quand on baisse les émissions de polluants, on peut avoir des effets contre-intuitifs sur l’ozone. Par exemple et entre autres complexités, quand on baisse les émissions d’oxyde d’azote l’hiver, l’ozone augmente. Quand on baisse les émissions d’oxyde d’azote l’été, ça fait baisser l’ozone. C’est ce qu’on appelle une chimie non linéaire. Si on avait eu un confinement l’été, c’est clairement quelque chose qu’on aurait regardé avec plus d’attention.

L’ozone peut-il être dangereux ?

Dans les études d’impact sanitaire de la qualité de l’air, il y a 3 types de polluants qui nous préoccupent le plus : les particules fines, le dioxyde d’azote et enfin l’ozone. A l’échelle de l’Europe, la pollution à l’ozone provoque des dizaines de milliers de morts par an (des centaines de milliers pour les particules fines).

L’ozone a aussi des effets néfastes sur l’écosystème et en particulier sur les agrosystèmes. Il est responsable d’une baisse des rendements agricoles de 10 à 15 % sur des cultures comme le blé, ce qui représente un manque à gagner énorme.

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