Les mesures pour le numérique à l'école : peut (beaucoup) mieux faire <!-- --> | Atlantico.fr
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Le gouvernement a dévoilé, jeudi 28 février, sa feuille de route politique en matière de numérique.
Le gouvernement a dévoilé, jeudi 28 février, sa feuille de route politique en matière de numérique.
©DR

La minute Tech

Le gouvernement a dévoilé, jeudi 28 février, sa feuille de route politique en matière de numérique. Au cœur du dispositif : un plan qui vise à "une généralisation des usages du numérique de l'école au lycée".

Le gouvernement au Fac lab de l'université de Cergy Pontoise, photo  Ophelia Noor sur Flickr (CC-By).

Les Fab labs, des lieux d'innovation technologiques non identifiés il y a encore un an, sont soudain hype : le gouvernement s'est déplacé au Fac Labde l'Université de Cergy Pontoise le 28 février pour bien signifier qu'il était dans la course, celle de l'innovation des imprimantes 3D, des plans de construction "ouverts" et disponibles sur le Net, bref, de la prochaine révolution industrielle via le numérique. Celle qui permettra a tout un chacun de reproduire seul des objets de son choix. Le plan de route numérique pour le pays, lui, est plus classique.

Fleur Pellerin, sur le portail du gouvernement a détaillé les trois axes globaux : "inclure le numérique dans le droit à l'éducation et nous assurer que tous les jeunes, du primaire au supérieur, seront familiarisés avec les outils numériques" ; "utiliser le levier du numérique pour renforcer la compétitivité de nos entreprises" ; "la promotion de nos valeurs républicaines dans le monde numérique".

L'éducation

Photo JP Szelerski sur Twitter, sur le blog de la FING

Les regards se sont surtout tournés vers l'éducation, l'école souffreteuse des ordinateurs obsolètes souvent et des digital natives infiniment plus experts que leurs professeurs. 150 000 enseignants formés d'ici à 2016. 3 000 diplômés de nouvelles filières universitaires du numérique, 10 millions d'euros sous forme d'appels à projets pour des initiatives visant à réduire l'échec scolaire par des voies numériques.

Daniel Kaplan, sur le blog de la FING, fait une analyse sévère dans son article : "La pétoche de tous envers tous mine l’Ecole. Les TICE sont la traduction technique de cette trouille". Il cite d'abord l'état des lieux fait par des enseignants : “Au mieux, l’ordinateur et l’Internet sont exploités comme des moyens de chercher de l’information, très rarement comme des outils de production ou de collaboration, presque jamais dans les classes. L’organisation des classes, les méthodes pédagogiques, la nature des travaux demandés aux élèves (voire aux étudiants), ressemblent à ce qu’elles étaient il y a 20 ans".

Il s'interroge aussi sur le travers qui est de tout axer sur formation et matériel, en oubliant de changer les mentalités. "Pour le dire crûment : parler de technologies de l’information pour l’éducation (TICE) me paraît une impasse, une manière de s’empêcher de penser, de s’excuser d’innover et de perpétuer un système où chacun (enseignants, élèves, parents, directeurs d’établissements, collectivités territoriales, ministère, établissements rattachés, éditeurs, prestataires privés…) s’observe et se barricade par peur des autres, sans jamais entrer dans la voie (incertaine) de la collaboration. Et par conséquent, les “espaces numériques de travail” deviennent de purs supports administratifs pour diffuser devoirs, notes et absences. Les manuels numériques, quand ils existent, sont des manuels papier mis en scène (car les manuels papier sont d’assez superbes productions plurimédias), qui ne résolvent en rien le problème de leur faible valeur ajoutée face à l’abondance des ressources en ligne. Les tableaux blancs interactifs ajoutent du spectaculaire à l’enseignement frontal, qui fait peut-être partie du problème…"

Au cœur du problème, toujours selon Daniel Kaplan, l'impossibilité de remettre en cause les hiérarchies, la place "sacralisée" de l'enseignant et le refus de l'ouverture sur l'ailleurs et l'extérieur, les réseaux sociaux et pratiques déjà inventées et adoptées : "Nous constatons que l’appropriation rapide, joyeuse et souvent surprenante du numérique est constamment tirée par ce que les gens font ensemble, depuis les petits riens jusqu’aux grands accomplissements collectifs ; alors que les TICE se focalisent (pas toujours en intention, mais presque toujours dans les faits) sur les “contenus” et que l’Ecole - au moins jusqu’au lycée - reste le seul moment de l’existence où travailler ensemble, c’est copier, donc c’est mal. Les pratiques numériques brouillent les frontières, les statuts, les positions acquises, elles invitent à apprendre en produisant, elles valorisent les amateurs au sens qu’en donne Bernard Stiegler ; alors que les TICE sacralisent (pas toujours en intention, mais presque toujours dans les faits) la position de l’enseignant “sachant” et le savoir théorique, appuyé tout de même sur plus de documents".

Sur une autre priorité qui concerne toutes les familles, et également l'école, et qui est l'accès au très haut débit en dix ans, on part de loin  : l'ARCEP, l'autorité de contrôle, enregistre moins d'un million d'abonnés à la fibre optique. Mais le haut débit (3 à 5 Mb/s) est promis pour tous en 2017, et le très haut débit pour tous vers... 2022.

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