Le PC n’est pas mort, il bouge encore<!-- --> | Atlantico.fr
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L'ordinateur de maison n'est pas prêt de disparaître
L'ordinateur de maison n'est pas prêt de disparaître
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Toujours en forme

Avec l'apparition des smartphone, des tablettes, et plus généralement des objets connectés, de nombreux analystes prévoient une contraction du marché du Personal Computer. Pourtant l'univers plus ouvert de ces derniers, le confort de l'écriture, et le tarif moins cher de sa connexion internet fait qu'il sera toujours plébiscité par le public, et pendant encore longtemps.

David Fayon

David Fayon

David Fayon est responsable de projets innovation au sein d'un grand Groupe, consultant et mentor pour des possibles licornes en fécondation, membre de plusieurs think tank comme La Fabrique du Futur, Renaissance Numérique, PlayFrance.Digital. Il est l'auteur de Géopolitique d'Internet : Qui gouverne le monde ? (Economica, 2013), Made in Silicon Valley – Du numérique en Amérique (Pearson, 2017) et co-auteur de Web 2.0 15 ans déjà et après ? (Kawa, 2020). Il a publié avec Michaël Tartar La Transformation digitale pour tous ! (Pearson, 2022) et Pro en réseaux sociaux avec Christine Balagué (Vuibert, 2022). 

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Atlantico : Dans un récent article publié sur le site Techopinions.com, le fondateur de la société TECHnalysis Research, Bob O’Donnell, affirme que contrairement à ce qu’ont pu affirmer beaucoup d’observateurs, l’ère du PC est loin d’être révolue. En 2013 une étude du cabinet Deloitte (voir ici) affirmait que si les ventes baissaient, l’usage restait dominant. Comment expliquer ce paradoxe ?

David Fayon : Effectivement cette étude de Deloitte – pour ses prévisions high-tech pour 2013 il est vrai – indiquait qu’en 2013, 80 % du trafic de données sur Internet était concentrée avec les PC et que ceux-ci représentaient 70 % du temps passé. Pour autant ces proportions ont vocation à baisser au profit des autres appareils, tablettes et smartphones en tête… Et demain au profit de l’Internet des objets et de ses outils associés.

Le marché du PC n’est plus, contrairement aux tablettes et aux smartphones si pour ce dernier on ne se limite pas aux seuls pays développés, un marché en expansion mais seulement en renouvellement. Il s’en vend environ 350 millions chaque année.

Il n’y a pas à mon sens de paradoxe mais plus une évolution logique du marché avec une multitude de façon de se connecter à Internet et des usages différenciés selon les outils même si une convergence et une cannibalisation entre outils existe.

Les entreprises notamment ne sont-elles pas la garantie de la survie du PC ? On voit difficilement comment effectuer un certain nombre de tâches sur des tablettes…

Il est vrai que les tablettes ont des usages personnels (tablette familiale dans un foyer où chacun peut faire une recherche rapide, regarder des clips sur YouTube, etc.). Néanmoins, les tablettes ont un réel intérêt en entreprise pour des usages spécifiques. Par exemple logiciels pour les commerciaux – la tablette se prête ou se transmet à un client ou un prospect à qui on veut montrer un produit ou le mettre en situation, une simulation tarifaire, etc. Ou encore applications dédiées pour le personnel de bord d’Air France ou les conducteurs de train de la SNCF par exemple. L’ergonomie tactile se prête à des démonstrations et à des usages rendus ludiques. Le PC présente des avantages indéniables pour la saisie et les partages de périphériques comme l’imprimante alors que ces mêmes actions sont plus contraignantes avec une tablette. Le PC reste un outil de productivité indispensable même si les collaborateurs d’une entreprise en étant équipée de smartphones ou de tablettes peuvent également réaliser des actions en mobilité (envoi de méls, appels téléphoniques ou via Skype ou équivalent, gestion d’agenda, etc.). Le smartphone pour sa part contient de plus en plus de données personnelles et constitue un prolongement de soi et ne peut être prêté.

Par ailleurs les produits hybrides et convertibles entre PC et tablettes n’ont, pour l’heure, pas réussi à percer.

Derrière ces aspects fonctionnels se cache la bataille économique que se livrent Microsoft, Apple et Google. Microsoft avec Windows 8 est solidement implanté sur les PC et a tout intérêt à ce que les PC gardent un intérêt renouvelé. Dans le même temps, pour les mobiles et les tablettes ce sont Android de Google et iOS d’Apple qui se taillent la part du lion (plus de 90 % en France par exemple alors que Windows 8 peine à décoller). Pour autant chaque acteur souhaite croître là où ses positions sont perfectibles.

Un autre aspect à prendre en compte est celui de la durée de vie comparative d’une tablette par rapport à un PC et de l’obsolescence programmée. Avec la question du coût de renouvellement du parc, de la gestion à distance des systèmes d’exploitations, des applications, des anti-malwares, etc. pour l’entreprise. Il n’est pas sûr qu’à l’usage la tablette corresponde à un meilleur calcul économique. Il s’agit plutôt de doter le personnel des outils qui répondent au "besoin d’en produire" même si certains dans l’entreprise peuvent jouir de PC + tablette + smartphone avec également les astreintes qui en découlent.

Une nouvelle génération de PC pourrait-elle apparaître, et à quoi celle-ci ressemblerait-elle ? Ceux-ci trouveront-ils leur avenir dans l’articulation avec les smartphones à grand écran, comme l’affirme Bob O’Donnel ?

Il me semble plutôt que le PC fait sa mue en permanence et continue de surfer sur la loi de Moore qui perdure depuis 1971 avec une puissance qui double tous les 18 mois. Les nouvelles générations de PC correspondront à des PC plus puissants, multicoeurs, de plus en plus fins pour les portables, sans ventilateur. Parallèlement, d’autres acteurs vont investir ce créneau : Google va intensifier sa présence avec le Chromebook – PC doté de Chrome OS comme système d’exploitation. Et on pourrait effectivement avoir éclosion de grands smartphones à clavier, des BlackBerry géants en plus ergonomique. Ce n’est pas tant d’avoir un PC ou d’une tablette qui importe mais le fait d’avoir les outils permettant de faciliter son travail, ses loisirs, sa vie au quotidien au moment et à l’endroit donné.

Qu’est-ce que les tablettes ne permettent pas de faire, à l’inverse des PC ? En quoi cela garantit-il la pérennité de ces derniers ? 

La tablette malgré son ergonomie intrinsèque qui la rend utilisable pour des jeunes enfants est surtout dépourvue de clavier. Pour les longues saisies, il est préférable d’avoir un PC (par exemple pour un blogueur, un développeur). Pour autant, les outils de reconnaissance vocale sur les tablettes permettront à terme de s’affranchir de la saisie. L’acceptation ne sera cependant pas acquise pour tous. Le PC est également un univers plus ouvert avec un écosystème d’extensions autour.

Bob O’Donnel  souligne par exemple le fait que dans le domaine de l’éducation, après la vogue des tablettes aux Etats-Unis, on se rend compte que l’usage d’un PC est appréciable pour l’écriture notamment. En effectuant une comparaison avec les langages informatiques, on pourrait dire qu’une tablette est parfaitement adaptée à l’apprentissage du langage Logo alors qu’un PC davantage aux langages Pascal ou C.

Par ailleurs, nous avons globalement plus de sécurité en filaire qu’avec du Wi-Fi. Le coût de la 3G ou de la 4G pour les tablettes ou les smartphones est supérieur à celui d’une connexion haut débit sur Internet pour son PC. L’usage des tablettes est meilleur en mobilité même si un cadre apprécie davantage en moyenne de travailler avec son PC portable lors de son voyage. La question est plus celle d’avoir du haut voire très haut débit ce qui est parfois loin d’être le cas dans les zones rurales pour pleinement profiter des fonctionnalités de son équipement.

Enfin, tout dépendra aussi du côté "plug and play" des PC par rapport à la simplicité d’utilisation d’une tablette pour pouvoir relancer les ventes. C’est une clé de succès pour le PC dans les usages personnels notamment avec également la question de la compatibilité avec les périphériques.

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