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La commission européenne en plein doute sur l’intérêt réel de la suppression des sacs plastiques
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Atlantico green

Alors que le gouvernement souhaitait interdire l’utilisation des sacs plastique à usage unique à partir du 1er janvier dernier, la Commission européenne a bloqué le décret d’application afin d’évaluer cette nouvelle disposition, dont le bien fondé est remis en cause. En effet, les nouveaux contenants destinés à remplacer les sacs plastique pourraient être pires que le mal.

Dominique Audrerie

Dominique Audrerie

Dominique Audrerie est un expert indépendant des questions environnementales.

Il est également docteur en droit de l'environnement et ancien directeur du Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement (en 1993).

Il est avocat à la Cour et maître de conférences.

Il est l'auteur de Petit vocabulaire du patrimoine culturel et naturel (Confluences, 2003).

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Atlantico : Pourquoi la Commission européenne a-t-elle mis un frein à cette mesure protée par Ségolène Royal, la  ministre de l'Écologie, du Développement durable et de l' Énergie ?

Dominique Audrerie : il faut analyser cette mesure sous différents angles et les mettre en perspective, car la réponse n’est pas univoque. En soi, interdire l’usage des sacs plastique est une très bonne chose, car c’est une matière extrêmement polluante qui met du temps à se décomposer. Ce sont les solutions proposées pour les remplacer qui sont mauvaises.

-Concernant les sacs en papier recyclable, leur fabrication massive implique de couper un nombre d’arbres trop important, ce qui risque de dérégler l’écosystème. De plus, il va y avoir des messages imprimés sur ces nouveaux contenants, ce qui va générer de l’acide très polluant.

-Concernant les fameux sacs bioplastiques, leur fabrication implique d’utiliser énormément d’eau, bien plus que pour les sacs plastique ordinaires, ce qui est aussi très nocif pour l’écosystème. 

-Concernant l’économie, la suppression de l’utilisation des sacs plastiques va détruire des milliers d’emplois (environ 3000).

Ce sont donc de bonnes solutions à court terme, mais pas à long terme.

Quelles pourraient être les bonnes solutions pour remplacer le sac plastique ? 

Pour ce qui est des clients, la bonne solution est tout simplement celle de nos grands-mères, qui allaient faire leurs courses avec un cabas.

Mais le cœur du problème est que nous sommes dans un circuit de surconsommation. Il faut parfois 3, 4, voir 5 emballages différents pour un seul produit. Donc quel que soit le produit proposé pour se substituer au plastique, cela va créer des effets pervers.

Prenons l’exemple du blé. Si l’on décide d’utiliser massivement cette matière première pour fabriquer des produits renouvelables, on va en retirer une quantité importante du marché alimentaire qui est déjà très tendu, donc faire monter le prix du blé et en priver des populations qui n’en ont déjà pas assez pour se nourrir.

En ce sens, la Commission européenne a raison de mettre un coup d’arrêt à cette mesure, mais elle ne va pas assez loin car elle ne dénonce pas les vraies racines du problème, à cause des multiples intérêts économiques qui sont en jeu.

Pourquoi des mesures apparemment bonnes pour l'environnement sont-elles très souvent difficiles à mettre en place ? 

Les mesures pour protéger l’environnement sont toujours délicates à prendre, car il ne s’agit pas simplement de produire mieux, mais de produire mieux en gagnant aussi de l’argent.

Du temps de nos grands-mères, on utilisait par exemple du "papier maïs", qui ne pollue en aucune manière l’environnement, mais qui n’est pas rentable car il coûte trop cher à produire. Il donc a disparu du circuit économique de l’emballage. 

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