La BCE veut punir les banques qui ne respectent pas leurs engagements climatiques : un remède pire que le mal ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Des militants pour le climat lors d'une manifestation organisée par Fridays for Future, Greenpeace pour protester contre les investissements bancaires près de la Banque centrale européenne à Francfort.
Des militants pour le climat lors d'une manifestation organisée par Fridays for Future, Greenpeace pour protester contre les investissements bancaires près de la Banque centrale européenne à Francfort.
©ARMANDO BABANI / AFP

Atlantico Green

La BCE s'apprête à sanctionner financièrement des banques pour leur incapacité à faire face à l'impact du changement climatique. La BCE ne commet-elle pas une erreur en poussant les banques à ne plus prendre de décisions audacieuses pour ne pas s'exposer au risque d’être pénalisées par les mauvaises performances environnementales des entreprises dans lesquelles elles investissent ?

Alexandre Baumann

Alexandre Baumann

Alexandre Baumann est auteur de sciences sociales et sur de nombreux autres sujets (Antéconcept, Agribashing, Danger des agrégats, Cancer militant).

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Atlantico : Que pensez-vous de l'action de la BCE qui souhaite sanctionner les banques sur leur non-respect de leurs engagements climatiques ?

Alexandre Baumann : En novembre 2020, la BCE a publié un "Guide relatif aux risques liés au climat et à l’environnement. Attentes prudentielles en matière de gestion et de déclaration des risques"S'il y est effectivement rappelé que "le secteur financier devrait jouer un rôle capital" dans la transition écologique, ce document porte sur l'évaluation des risques

L'évaluation des risques est un aspect important de l'activité financière. La crise des subprimes s'est produite parce que les risques des produits financiers avaient été mal évalués. Le dérèglement climatique emportera des conséquences importantes sur l'économie : des zones agricoles vont perdre en productivité, la pression sur l'eau va s'accentuer dans certaines régions ... 

La BCE veut que ces risques soient pris en compte par les établissements de crédits dans leurs activités. 

En somme, il ne s'agit pas tant d'engagements climatiques que d'engagement à mieux prendre en compte les variables climatiques dans la définition de la valeur des actifs et des dettes. Ce qui dans son principe semble très bien.

D’ici à la fin de 2024, les banques devront répondre à toutes les attentes prudentielles formulées en 2020, sous peine de mesures de contrainte. Pensez-vous que les banques puissent atteindre cet objectif ? Comment ?

Les attentes formulées ne semblent pas très contraignantes. Je vous les résume en notant le numéro des attentes auxquelles je me réfère : 

Il s'agit pour les établissements de crédit d'évaluer les "risques liés au climat et à l’environnement" dans leurs secteurs d'activité (1;6;9;10;12) et de les prendre en compte explicitement dans la définition et mise en oeuvre de leur stratégie opérationnelle (2;3) et dans leur gestion des risques (4;7), notamment dans le processus d'octroi de prêts (8) et du risque de liquidité (12). 

Ils devraient rendre compte de cette prise en compte dans leurs décisions et dans un rapport (13). 

Il y a aussi une dimension organisationnelle : il faut que les responsabilités de cette gestion des risques soient réparties. (5) 

Ce n'est qu'une obligation de moyen, donc cela ne me semble pas très contraignant.

Comment cette "punition" nuirait-elle à certains secteurs ou même à l'investissement en général ?

Cela peut ajouter de l'incertitude et de la bureaucratie aux banques. En effet, il n'y a pas de cadre clair sur la manière d'évaluer les risques climatiques et environnementaux, donc est-ce que les banques ne pourront pas faire un peu ce qu'elles veulent ?

Cette sanction pourrait-elle agrandir l'écart d'inégalités entre les pays européens et dans le monde ?

Cette obligation étant de moyens, je ne vois pas quelle conséquence concrète elle peut avoir à part la production de beaucoup de rapports, d'articles et de commentaires.

Pourquoi les solutions vertes proposées par la BCE sont incertaines pour l'avenir ?

Mieux on prend en compte les risques, mieux le système financier fonctionne. Néanmoins, une norme a besoin de clarté, il faut développer un cadre d'analyse pour limiter l'arbitraire des acteurs économiques.

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