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L'antiracisme, symptôme du mal-être français
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Revue des revues

Hou, en voilà un sujet ! Déjà, on en voit qui sourient et tirent des conclusions toutes faites et un peu trop hâtives… Ont-ils lu "Le débat" et "La Règle du jeu" ? Non ? Dommage, nous oui… Et, ma foi, ça ouvre les chakras… ça ouvre, tout court, quoi.

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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Vous connaissez la revue des presse des hebdos du jeudi, la revue de presse people du samedi… Histoire de changer et, qui sait ?, de creuser un nouveau sillon, on a eu envie de s’aventurer là où l’on ne va généralement qu’à reculons… on veut parler des revues dites “ intello ”, type “ Le débat ”, “ Esprit ”, etc. Si notre élan ne nous pousse pas spontanément vers ces publications, c’est parce que les lire demande du temps, mais aussi pas mal de “ concentration ”… Soyons honnêtes : face à ce genre d’articles, nous avons tous tendance — moi, la première — à nous défiler. Parce que, dans le fond, ce que nous craignons le plus, c’est de constater que nous ne sommes pas assez “ intelligents ” pour les comprendre… Pour avoir tenté l’expérience, on vous le dit : vous comme moi sommes tous en mesure d’y “ arriver ”. Et — ce qui est mieux — nous avons tous à y gagner. Car les idées, les points de friction, de rassemblement, de débat, sont là — pas, malheureusement, dans la presse hebdo, ni, gasp !, dans la presse mensuelle (comme nous l’avions à regret observé en faisant une revue de presse des mensuels en décembre dernier…) Chercher les idées là où elles sont, c’est un peu la fonction d’Atlantico — cela dit, sans forfanterie, roulement de tambour ni sonnerie de trompette, juste parce qu’on est persuadé qu’il y a, là, tout près, un réservoir de connaissances et de richesses qui ne demandent qu’à être partagées et qui pourraient bien “ éclairer ” le regard que nous portons sur le monde et les courants qui le meuvent. Zêtes prêts ? Hé, ho ! Détendez-vous, soufflez — depuis le temps (trois ans, quand même…), vous nous connaissez : on n’est pas très compliqué à suivre… Allez hop, en voiture, c’est Barbie qui conduit (pauvres de vous, j’ai pas le permis) !

L’origine du mal-être français

Histoire de vous rassurer tout à fait, nous allons seulement nous concentrer sur deux dossiers, qui se répondent l’un l’autre, et cela avec une symétrie des plus étonnantes… Dans son numéro de janvier-février, “ Le débat ” consacre un chapitre aux “ Questions politiques pour 2014 ”. En ouverture à ce chapitre, Stéphane Perrier, rédacteur des débats au Sénat, se penche sur “ le malaise français ”. Titre de l’article : “ L’universel ou le néant ? ” “ Vingt ans après la publication de l’enquête de Paul Yonnet, “ Voyage au centre du malaise français. L’antiracisme et le roman national ”, il s’en faut de beaucoup que le malaise ait disparu, commence-t-il. (…) Chacun s’accorde à rapporter notre méfiance envers nous-mêmes au traumatisme occasionné dans notre conscience par les deux guerres mondiales, et plus décisivement encore par la barbarie nazie, conséquence monstrueuse d’un désir irréfréné d’affirmation de soi ”. Pour reformuler les choses, histoire de démarrer du bon pied… : le fait que nous soyons si mal avec nous-mêmes procède d’un sentiment de culpabilité hérité de la guerre et de la barbarie nazie. Les Nazis ayant poussé l’affirmation de soi à son paroxysme — dans ce qu’il a de plus monstrueux — il en découle qu’irrépressiblement, nous associons le mal à l’affirmation de soi. S’affirmer, soi = le mal.

Contre le culte de la pureté, le culte du métissage

Le problème, c’est comment on sort de tout ça — comment on dépasse le “ trauma ”. Parce qu’il faut bien aller de l’avant, hmmm ? D’après Stéphane Perrier, pour dépasser notre sentiment de culpabilité, nous nous serions contentés d’ “ inverser ” le raisonnement nazi : puisque le mal est dans l’affirmation de soi, le bien est dans l’affirmation de l’Autre. “ L’aspect le plus saillant de ce phénomène, écrit-il, est sans doute le culte actuel du métissage, dans lequel on reconnaît aisément le renversement du culte nazi de la pureté. Le métis est l’ “ homme nouveau ” de notre temps comme l’aryen était celui du IIIe Reich. (…) A l’exaltation délirante de la “ race blanche ” par les nazis répond aujourd’hui l’excès contraire, une condamnation sans appel. Le métissage est considéré comme un besoin vital de la “ race blanche ”, qui, après s’être vu intimer l’ordre de se préserver des autres races sous peine d’un inévitable déclin, doit désormais trouver son salut, toujours contre un déclin autrement inévitable, dans le brassage permanent de ses gênes, sarments desséchés que seuls des apports extérieurs peuvent encore revivifier ”.

Quand le culte du métissage ne règle pas le sentiment de culpabilité

Là, on en voit tout de suite certains qui tiquent : houlà, elle serait pas en train de nous dire que les petits blancs sont en train de se faire manger tout crus par les métis ? Ta-ta-ta ! C’est pas ça du tout qu’on dit : s’il y a bien une chose à laquelle on croit, c’est bien à la nécessité d’être ouvert à l’Autre. Pas seulement par respect ou désir de partage. Mais parce que le repli sur soi, c’est la mort. S’il y a bien une chose que l’on a retenue des livres sur la Grèce antique de Jean-Pierre Vernant, c’est que l’ouverture à l’Autre est la condition première, nécessaire et indispensable, à la connaissance de soi. Sans l’Autre, il n’y a pas de moi — ou alors un tout petit moi, atrophié et débile, et surtout irréalisé. Ce à quoi on veut en venir, en fait, c’est qu’en substituant l’idéologie du métissage à l’idéologie de la pureté, on a, en fait, pas du tout réglé notre trauma : coupables, on se sentait, coupables, on se sent toujours… Pourquoi ? Esssplication…

Le culte du métissage sous-tendu par l’infériorité morale de la race blanche, coupable de racisme

“ L’idéologie nazie vantait la “ race blanche ” au nom d’une prétendue supériorité intellectuelle tandis que l’idéologie du métissage la fustige au nom d’une prétendue infériorité morale, développe Stéphane Perrier. Il s’agissait de protéger la “ race blanche ” des autres races, il s’agit maintenant de protéger les autres races de la “ race blanche ”. Le tour de passe-passe qui permet à cette nouvelle hiérarchisation des races de prospérer en ces temps d’antiracisme triomphant est que le trait qu’elle présuppose chez les membres du groupe incriminé — ce trait qui justifie qu’on leur montre de l’animosité en même temps qu’il fonde leur infériorité — n’est autre que le racisme lui-même : ce racisme des Blancs qui fut la cause des souffrances infligées par eux à tous les continents et demeure, aujourd’hui encore, la principale entrave au “ vivre-ensemble ” des communautés ”.

“ Notre époque exalte l’Autre jusqu’à la négation de soi ”

La tache de la culpabilité n’est pas lavée. Comment aurait-elle pu l’être, au reste, puisque, d’après le raisonnement de Stéphane Perrier, nous nous sommes contentés d’ “ inverser ” l’idéologie nazie ? “ Contrecoup traumatique de l’exaltation de soi jusqu’à la négation de l’Autre par les nazis, notre époque exalte l’Autre jusqu’à la négation de soi, écrit-il. L’universalisme hautement proclamé n’a plus guère à voir avec l’indispensable dépassement, par un travail permanent de l’intelligence, d’identités particulières que l’on ne cesse pas pour autant d’assumer, mais constitue seulement l’habillage flatteur de nos renoncements : dans l’Europe actuelle, remarque Jean-Louis Bourlanges, “ la tentation de l’universel se confond avec celle de la dissolution et du néant ” ”. Là où les Grecs considéraient l’ouverture à l’Autre comme l’indépassable moyen d’apprendre à se connaître — et à s’aimer —, les malheureux héritiers de l’histoire coloniale et de l’horreur nazie que nous sommes avons, pour “ gagner le pardon ”, fait de l’Autre une sorte de divinité dans l’adoration de laquelle nous nous absorbons… et nous consumons. D’où, notre malaise, notre “ mal-être ”.

Culte de la pureté/culte du métissage. Et si, pour en finir, on renvoyait dos à dos des dogmatismes rivaux ?

“ Il paraît pourtant fort simple, réagit Perrier, de renvoyer dos à dos des dogmatismes rivaux — pureté et métissage, xénophobie et xénophilie, majorité et minorités, fermeture et ouverture, ici et ailleurs, passé et présent — qui ne servent qu’à nourrir de vains antagonismes. C’est à un progrès moral et politique que nous appelle le traumatisme que nous avons reçu de nos errements : pour avoir manqué perdre notre âme en nous abandonnant au vertige de la supériorité, nous avons été délestés de cette bonne conscience à œillères qui poussent les peuples à s’affirmer sans douter, à haleter d’égoïsme tout pénétrés de leur droit inaliénable ”. Holà, holà, Stéphane, tu t’emballerais pas un peu, là ? On va pas non plus, tout d’un coup, s’ériger en peuple bulldozer qui ratisse tout sur son passage, hmmm ?

C’est par la preuve de “ notre capacité à effectuer une lecture critique de notre histoire ” que nous pourrons avancer — et effacer le trauma

Calme, calme… Stéphane Perrier n’a pas perdu la raison : “ La découverte est certes douloureuse — on ne perd pas impunément la conviction de son innocence fondamentale —, poursuit-il, mais, quelque légitime nostalgie que puissent nous inspirer, en regard de notre époque percluse de ratiocinations, des temps où l’action se déployait insoucieuse, au grand vent, nous n’en devons pas pour autant regretter notre nouvelle lucidité. Si fondés que nous soyons à rejeter l’actuelle propension à une “ repentance ” unilatérale et sélective, il reste que la capacité à effectuer une lecture critique de son histoire constitue indéniablement une avancée, et l’inquiétude que nous pouvons à raison ressentir devant l’aggravation des tendances centrifuges ne doit pas nous conduire à congédier la complexité du réel pour nous complaire dans le souvenir désormais lointain d’une homogénéité en partie mythifiée ”. Quoi de plus sage — de plus stimulant et de plus optimiste — que cette conclusion ? 

Et si on déculpabilisait une bonne fois pour toutes ?

Oui, nous sommes les héritiers d’une histoire moche, on ne va pas non plus se gratter les croûtes jusqu’à la fin des temps, hmmm… A moins qu’on ait envie, là, tout de suite, maintenant, de se couvrir de cendres et de s’enterrer vivant. C’est une option — avis à ceux que ça intéresse, on vous la laisse. Parce que, parti comme ça, c’est la mort assurée. Pour vivre, reprendre le dessus et confiance en nous, il n’y a pas 36 façons : aussi pénible que cela soit, il nous faut parvenir à reconnaître cette histoire abominable, à l’intégrer, à l’assumer, mais aussi… à admettre que vivre ensemble ne va pas forcément de soi, que cela pose — et c’est bien normal — des questions. Après tout, pour parler simple et concret, vous l’admettrez avec moi : vivre avec un homme, quand on est une femme (et inversement), c’est déjà pas très évident. Vivre avec quelqu’un qui a été élevé dans une autre culture, ce n’est pas plus simple — pas forcément plus compliqué, non plus. Cela demande des aménagements. Mais, comme avec un homme (ou une femme) — c’est la condition sine qua non si on veut un peu construire une relation —, le travers à éviter à tout prix, c’est d’idéaliser, de mettre l’Autre sur un piédestal, parce qu’à trop lui donner d’importance, forcément, inéluctablement, hé ben, on se néglige, on s’oublie. Et on se méprise, au final. Un peu comme les Français d’aujourd’hui ?

Quand “ les écrivains et les intellectuels s’engagent pour Christiane Taubira ”

Mais passons au deuxième volet de cette drôle de revue des revues. Surprise — et heureuse coïncidence —, “ La règle du jeu ” de février affiche à sa une un sujet “ antiraciste ” par excellence : “ Les écrivains et les intellectuels s’engagent pour Christiane Taubira ”. Insultée, bafouée publiquement, et des plus salement, lors de la Manif pour tous, la ministre de la Justice méritait bien cette manifestation de soutien. Aurait-on mauvais esprit ? Serait-on devenu un brin trop froid, critique, distant — pire, indifférent ? Quelque chose, d’emblée, a réfréné notre élan face à cette belle preuve de générosité et de compassion. Peut-être est-ce dû à son caractère trop officiel, trop institutionnel ? Une chose est sûre : cette publication n’a pas le caractère spontané d’une tribune publiée dans “ Le Monde ” ou dans “ Libé ”. Il y a, là, quelque chose de plus organisé, de plus pensé, de plus médité… De calculé ? Même si on voit bien l’intérêt que certains auraient à se faire bien voir d’un membre du gouvernement, on n’est pas convaincu que le but recherché et ultime soit là. C’est autre chose… Et c’est quoi ? Ah, ah… 

L’intention cachée derrière le soutien à Christiane Taubira

Bon, on va pas faire la maline : on avance ici un peu comme sur des œufs. Vous voulez notre avis ? Le fin fond de notre pensée ? Faudra vous contenter d’un “ sentiment ” — de quelque chose, donc, de très subjectif et, par essence, d’éminemment discutable. Après tout, on est là pour ça : pour discuter, et pour échanger des idées, quitte à se friter, hmmm… Notre idée à nous…, c’est qu’à travers ce numéro spécial dédié et consacré à Christiane Taubira — ignominieusement calomniée et conspuée, personne ne saurait le contester — les écrivains et les intellectuels de “ La règle du jeu ” cherchent surtout (peut-être pour se rassurer) à rappeler la ligne de fracture entre ce qu’ils considèrent acceptable et ce qui, d’après eux, ne l’est pas. Vous me direz : c’est un peu leur fonction, pour ne pas dire leur “ mission ”, à ces “ éclairés ”, de nous dire ce qui est bon et ce qui est mauvais. C’est vrai : c’est bien là leur fonction et leur mission premières. C’est même tout ce qui fait la noblesse de leur activité, tout entière dédiée à la réflexion, à l’interrogation et à la confrontation des idées. Dans la mesure, bien sûr, où ils sont capables de secouer leurs certitudes et de se remettre en question, le cas échéant…

Quand Bernard-Henri Lévy fait l’éloge du “ politiquement correct ”

Signe que la bataille n’est pas gagnée d’avance, Bernard-Henri Lévy, qui dirige la revue, fait en préambule — on vous le donne en mille — un éloge… du “ politiquement correct ”. Du politiquement correct, oui. “ Nous sommes rassemblés, Madame la ministre, lance-t-il à Christiane Taubira, pour dire que, quand déferle le politiquement abject, quand arrive la marée noire de l’horreur et de la bassesse politiques, il y a des mérites au politiquement correct — il peut être, le politiquement correct, un rempart contre le pire. Et “ La Règle du jeu ” entend bien être, pour sa part, pour sa modeste part, un pan de ce rempart ”. Le “ politiquement correct ”, un rempart contre le pire ? Hé bé… l’a, comme qui dirait, un boulevard devant lui, “ le pire ”. Parce que, dans le genre contesté, contestable, ni très fiable, ni très solide, le “ politiquement correct ” se pose un peu là… Il y a plus embêtant. Qu’un philosophe, un individu cultivé, sensé, éclairé, prêt, si besoin, à nous bousculer et à nous faire trembler dans nos assises pour notre bien et celui de l’humanité, voie le salut dans le “ politiquement correct ”, l’ultra normé, le consensuel — l’officiel, pourrait-on dire — ne laisse pas d’interroger. Pour ne pas dire d’interloquer

Au lieu de nous ouvrir au monde, les intellos ne nous enfermeraient-ils pas, un peu plus, inconsciemment, dans notre sentiment de culpabilité ?

Rapporté à l’article de Stéphane Perrier sur notre incapacité à sortir du trauma à l’origine de notre mal-être, cet éloge du “ politiquement correct ” — cet appel, en quelque sorte, à ne rien changer —, est encore plus perturbant. Quelque part, en effet, on ne peut s’empêcher de se demander si ceux qui, tel Bernard-Henri Lévy, sont censés nous guider vers des horizons plus radieux et surtout plus ouverts, ne sont pas, au contraire — peut-être inconsciemment —, prisonniers de schémas de pensée ne débouchant sur rien, sinon sur le maintien, la pérennisation, d’une idéologie qui, sous couvert d’être libre, généreuse et émancipée, ne contribue en fait qu’à nous enfermer un peu plus dans notre sentiment de culpabilité. La contribution au dossier de “ La règle du jeu ” de Marie Darrieussecq — dont on a, par ailleurs, on l’a dit ici-même, beaucoup aimé le dernier livre — est à cet égard assez parlante. Rapportant l’histoire d’un homme blanc riche confondant un homme noir riche — parce qu’il est noir — avec un voiturier, l’écrivain fait ce commentaire : “ Ce racisme quasi réflexe est hérité du système économique colonial, de l’invention du “ boy ”, voire de l’esclave, de la fabrication de l’indigène comme “ homme de basse-cour ” (Sartre). Pour exploiter d’autres humains, il faut décider que leur différence — à commencer par le pigmentaire — est le signe d’une infériorité qui justifie leur asservissement, leur pillage, voire leur assassinat ”.

“ Le racisme historique des Blancs a des méthodes éprouvées et pérennes ”

 “ C’est pour cela, poursuit-elle, qu’on ne peut pas parler de racisme anti-Blancs. Le racisme est une invention idéologique qui a servi à justifier la colonisation. Il n’existe aucune comparaison possible entre cette idéologie constituée et des réactions de colère en réponse. Le racisme historique des Blancs a des méthodes éprouvées et pérennes. Frantz Fanon les repère dès les années 1950 : comment le racisme isole et folklorise un élément coutumier — que ce soit l’abattage halal ou les danses “ rythmées ” pour discréditer une culture en bloc, la minoriser, l’animaliser. Le racisme, aujourd’hui, se présente comme une sorte de bon sens objectif, brimé et censuré, qui prétend s’opposer au racisme de grand-papa, celui qui biologisait la différence. On ne parle plus d’infériorité des races, mais d’infériorité des civilisations ou d’infériorité des pratiques. L’explosion éjaculatoire du vieux racisme “ Banania ” nous saisit, nous surprend : c’est un rappel qu’il est toujours aux racines de cette idéologie ”. 

Les intellos, prisonniers d’un antiracisme réflexe ?

Loin de nous l’idée de contester la réalité des préjugés — et des drames — racistes décrits, ici, par Marie Darrieussecq. Quel meilleur exemple, en même temps, que son intervention pour illustrer la thèse soutenue par Stéphane Perrier dans “ Le débat ” ? Reprenons, voulez-vous, ce qu’il disait dans son article :sous les Nazis, l’objectif était “ de protéger la “ race blanche ” des autres races, il s’agit maintenant de protéger les autres races de la “ race blanche ”. Le tour de passe-passe qui permet à cette nouvelle hiérarchisation des races de prospérer en ces temps d’antiracisme triomphant est que le trait qu’elle présuppose chez les membres du groupe incriminé — ce trait qui justifie qu’on leur montre de l’animosité en même temps qu’il fonde leur infériorité — n’est autre que le racisme lui-même : ce racisme des Blancs qui fut la cause des souffrances infligées par eux à tous les continents et demeure, aujourd’hui encore, la principale entrave au “ vivre-ensemble ” des communautés ”. Incroyable ! On dirait que les textes de Darrieussecq et de Perrier se répondent, l’un l’autre, un peu du tac au tac, il est vrai… Ah, qu’on aimerait les avoir là, tous les deux, tout de suite, maintenant, sous la main, pour qu’ils développent, poussent, justifient, leurs points de vue… Vous savez quoi ? On va le leur proposer. S’ils sont sincères — ce dont on ne doute pas — ils devraient normalement pouvoir passer par-delà le barrage de leurs “ idéologies ”… D’autant qu’on n’est pas sûre que leurs opinions soient, au final, si éloignées l’une de l’autre que ça… Hou, ce serait bien, ce petit débat ! Ca nous chatouillerait, nous piquerait, bref, ça nous ferait avancer… et, eux aussi, peut-être, qui sait ?

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