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Entre résilience et crispation, l’impact du terrorisme sur l’opinion depuis le 11-Septembre
©Reuters

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Si la perception de la menace terroriste se développe lentement depuis les attentats du 11 septembre 2001, cette hausse devient constante depuis fin 2012. Elle atteint des sommets depuis les attentats de Charlie Hebdo en janvier 2015.

Erwan Lestrohan

Erwan Lestrohan

Erwan Lestrohan est directeur d'études à l'Institut BVA.

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Cliquez pour agrandir - sondage Ifop pour Sud Ouest du janvier 2016

Atlantico : Quelle évolution dans le ressenti de la menace terroriste par les Français depuis les attentats de 2001 a-t-on pu observer ?

Erwan Lestrohan : On note effectivement une évolution croissante du sentiment de menace terroriste depuis une quinzaine d’année. En 2001, le niveau demeure faible car les attentats ont lieu à New York dans un contexte particulier, et où les oppositions entre Oussama Ben Laden et les Etats-Unis étaient déjà connues.

En 2003, nous avons vu les attentats d’Istanbul, en 2004 ceux de Madrid, et en 2005 ceux de Londres. Mais encore dans un contexte particulier car la France avait fait le choix de ne pas intervenir en Irak, ce qui l’a placée dans un statut particulier et a protégé les Français du sentiment d’être pris pour cible : ces attentats n’ont donc eu aucun impact sur l’opinion des Français.

Elle est en revanche en progression continue depuis les années 2010 et la détection des phénomènes de radicalisation, sur fond de débat sur le niqab, ou sur le salafisme. Mais les Français ne corrèlent pas encore ce phénomène au risque terroriste.

Quand on interrogeait les Français en janvier 2015 sur ce qui devait selon eux être prioritaire pour le Gouvernement, derrière la lutte contre le terrorisme, il y avait l’éducation puis la sécurité intérieure, au même niveau que le chômage des jeunes.

Fait notable, la sécurité supplante donc le pouvoir d’achat dans les priorités des Français. Entre les attentats de janvier 2015 et de novembre, autant le premier a été perçu comme celui d’une jeunesse radicalisée contre des ennemis malveillants, autant ceux de novembre ont été perçu comme étant aveugles et ont donc bouleversé l’opinion. Là où il y a une différence, c’est la remontée de l’intérêt pour le pouvoir politique, et également pour la fierté d’être français.

Ce qu’il est intéressant de noter, c’est que plus les attentats ont choisi des cibles au hasard, plus le sentiment de menace a été ressenti comme élevé. C’est en fait le risque d’être une victime potentielle qui compte dans l’intensité perçue de la menace.

Tout ceci a concouru à augmenter cette menace, mais il faut également rajouter la crise économique et la montée du chômage qui ont nourri un sentiment de défiance vis-à-vis des pouvoir publics, même si en parallèle les Français faisaient confiance à l’armée et à la police pour lutter contre les terroristes.

Pour Bruxelles, même si ces attentats n’ont pas eu lieu sur le sol français, il y a de fortes chances pour qu’ils entretiennent ce sentiment d’insécurité : tout d’abord parce qu’il y a une communauté de conditions de vie qui est très forte entre les deux pays. Mais aussi parce qu’on a pu observer une porosité entre islamisme terroriste en Belgique et les attentats perpétrés en France, ce qui fait qu’un attentat commis à Bruxelles est vécu comme un attentat en France.

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