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Quelle place de la religion catholique en France et des comportements de l’électorat catholique ?
Quelle place de la religion catholique en France et des comportements de l’électorat catholique ?
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"Politico Scanner"

Alors que la béatification de Jean-Paul II a provoqué une vague de ferveur populaire le dimanche du 1er mai, décryptage de la place de la religion catholique en France et des comportements de l’électorat catholique.

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier est député de Loir-et-Cher et vice-président délégué des Républicains. Il a été professeur d'histoire-géographie, chef d'entreprise et porte-parole de Nicolas Sarkozy.

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Une identité catholique relativement stable mais une pratique qui continue à diminuer

Dans un pays longtemps considéré comme la fille aînée de l’Eglise catholique puis marqué par la laïcité républicaine, la croyance en Dieu concerne encore aujourd’hui une majorité de Français (56%). Ce résultat est stable depuis 2004 : 55% des personnes interrogées fin avril 2011 par l’IFOP pour le JDD déclaraient croire en Dieu. 

On note que cette croyance a peu diminué depuis 1947, année pendant laquelle 66% se disaient croyantes.

Dans le détail, on observe que la croyance est plus répandue chez les femmes (61%) que chez les hommes (51%). On remarque par ailleurs que la croyance croît avec l’âge (47% des moins de 25 ans déclarent croire en Dieu contre 66% des plus de 65 ans). Parmi les catégories de la population les moins enclines à la croyance, on retrouve les catégories professionnelles supérieures (46%), les électeurs de gauche (50%).  

Enfin, le fait de se revendiquer catholique n’implique pas forcément avoir la foi : 59% des catholiques non pratiquants se disent croyants. A l’inverse, la quasi-totalité (98%) des catholiques pratiquants déclarent croire en Dieu.

Plus largement, au moment où Jean-Paul II était béatifié place Saint-Pierre, 62% des Français se déclaraient « catholiques » (dont 15% « pratiquants »). Dans le détail, de très nombreuses catégories se sentent appartenir à la famille catholique : les femmes (65%), les plus de 65 ans (82%), les employés (58%), les ouvriers (51%), les ruraux (71%), les sympathisants de gauche (52%) ou encore les électeurs de Nicolas Sarkozy (82%). Même chez les 18-24 ans, la majorité relative s’en réclame (41%) devant les « sans-religion » (38%) et les musulmans (15%).

Question               :              Vous personnellement, êtes-vous… ?

Ensemble

(%)

•   TOTAL Catholique          

61

  - Catholique pratiquant     

15

  - Catholique non pratiquant            

46

•   Protestant        

4

•   Musulman        

7

•   Juif     

1

•   Autre religion  

2

•   Sans religion    

25

  - Ne se prononcent pas       

-

               TOTAL   

100

Ces derniers (7% en moyenne nationale) se recrutent principalement auprès des 25-34 ans (17%), des Franciliens (14%), ou encore des sympathisants du Front de gauche (19%). Un quart des Français ne se réclament d’aucune religion, parmi lesquels 40% des cadres supérieurs et des professions libérales, 49% des électeurs d’Olivier Besancenot de 2007, 33% des sympathisants de gauche et 18% de ceux de droite.

La place particulière de Jean-Paul II dans le cœur des Français

Quant à Jean-Paul II, dont le pontificat fut le plus long de l’histoire après ceux de Saint-Pierre et de Pie IX, 78% des Français interrogés par l’IFOP disent de lui II qu’il est leur pape préféré, loin devant Benoît XVI, son successeur à la tête de l’Eglise catholique romaine (13%). En outre, et pouvant expliquer cette popularité, Karol Józef Wojtyła aura laissé une empreinte sociale et politique sur le XXème siècle, de par notamment ses engagements prononcés contre le communisme et son influence sur la chute du bloc de l’Est. Cette préférence fait consensus auprès des différentes catégories de population. Dans le détail, si les catholiques pratiquants interrogés sont également 78% à préférer Jean-Paul II, ils sont néanmoins un peu plus nombreux que la moyenne à citer Benoît XVI (17% contre 13% en moyenne). L’actuel chef de l’Eglise ne trouve plus facilement grâce qu’auprès de ses fidèles, son score de préférence s’établissant à 14% chez les non-pratiquants et à 10% chez les sans religion.

Des chiffres confirmés par un autre sondage SOFRES/Le Pèlerin du 27 avril dernier : 6 ans après sa mort, l'image du Bienheureux Jean-Paul II reste extrêmement positive dans l'ensemble de la population : les 3/4 des français interrogés (75%) en ont une bonne image, dont un tiers en garde une très bonne image (33%). Les catholiques en ont une meilleure image encore (86% de bonne image), avec 44% de très bonne image, cette dernière proportion atteignant même 63% chez les pratiquants réguliers.

Malgré les polémiques voire les protestations de l’épiscopat français à l’encontre de certaines déclarations du chef de l’État, le vote des catholiques français reste largement ancré à droite

Les catholiques pratiquants restent l’un des électorats les plus fortement ancrés à droite. Sarkozy conserve la confiance de 50% d’entre eux soit une « prime » de 20 points par rapport à la moyenne.

Contrairement à ce qui en a été dit à l’époque, la polémique sur les Roms n’a pas altéré la popularité du Président de la République dans cet électorat. En revanche, dans un milieu assez distant vis-à-vis de l’argent et de la réussite financière, attaché à la méritocratie et aux valeurs traditionnelles, l’affaire de la nomination -même échouée- de Jean Sarkozy à l’EPad, le bling bling et l’affaire du double salaire d’Henri Proglio lors de sa nomination à la tête d’EDF ont causé à l’époque beaucoup de dégâts.

Comme on le voit sur le tableau ci-dessous (Ifop Le Figaro, avril 2011), la cote de popularité de Nicolas Sarkozy auprès des catholiques a notablement baissé en 2009-2010, notamment chez les pratiquants, mais s’est stabilisée depuis l’été, en dépit de l’épisode sécuritaire autour des Roms.

Cliquez ici pour voir le tableau sur la cote de popularité de Nicolas Sarkozy auprès des catholiques

En moyenne, sur la période allant de janvier 2008 à mars 2011, les catholiques pratiquants sont l’électorat le plus acquis à Nicolas Sarkozy, devant les Juifs. En revanche, la population musulmane se révèle la plus hostile, en deçà même des « sans religion », traditionnellement peu favorables à la droite.

Identité, laïcité, racines de l’Europe, justice sociale… : autant de thèmes qui ont marqué le quinquennat de Nicolas Sarkozy et qui devrait compter fortement pour le prochain scrutin présidentiel !

Guillaume Peltier pour la Lettre de l'opinion


Jérôme Fourquet pour l'IFOP

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