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Les laboratoires du monde entier promettent un vaccin dans les six mois au mieux.
©FRED TANNEAU / AFP

Coronavirus

L’industrie pharmaceutique mondiale est totalement mobilisée pour trouver rapidement un vaccin capable de protéger l’humanité du risque de pandémie. Le succès n’est pas garanti.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Pendant que les banques centrales s’agitent dans tous les sens pour dégager les moyens capables d’amortir les effets économiques et sociaux du virus, l’industrie pharmaceutique mondial, elle, n’a pas eu besoin de l’injonction des gouvernements pour se mobiliser afin de trouver une arme capable de lutter contre ce virus. L’appât du gain certain et la perspective de capter un marché colossal ? Sans doute. Sauf que que les industriels de la pharmacie ont aussi compris que devant l’urgence, la collaboration entre les différents chercheurs allaient permettre d’aller plus vite. Et tous ceux qui craignent que cette course au Vaccin ne renforce l’hégémonie de laboratoires américains sont à côté de la plaque. Cette industrie a compris que les virus n’avaient pas de nationalité, qu’il fallait donc une collaboration mondiale pour trouver un vaccin.

En revanche, tout le monde a commencé à comprendre que si le virus était apatride, il existait des terrains plus propices à son développement que d’autres. Cela dit, tout le monde convient que l’amélioration des conditions d’hygiène est plus du ressort des gouvernances politiques que des chercheurs en médecine.  

C’est sans doute la première fois qu’on assiste à une mobilisation aussi rapide et une collaboration aussi large.

Il n’existe pour l’instant ni traitement spécifique, ni vaccin contre le coronavirus le covid19. Mais la communauté internationale s’est quand même mobilisée très rapidement pour explorer des solutions possibles et au lieu de travailler chacun dans son coin, elle a procédé à des échange d’informations capitales. On sait par exemple que très vite, le génome du coronavirus a été séquencé par les chercheurs chinois et américains et que dans la foulée, les laboratoires privés ont ouvert des chantiers de recherche.

Les chercheurs de l’université d’Austin au Texas ont sans doute été les premiers à mettre au point une carte atomique de la composante du coronavirus qui infecte les cellules humaines, cette découverte est due au prix Nobel de chimie de 2017. Cette équipe avait déjà travaillé sur le SRAS, le Mers, et en 2016 sur le virus ZIZKA.

Dès que la structure moléculaire du Covid19 a été établie, les chercheurs d’Austin l’ont mise la disposition du monde entier, y compris des Chinois en décembre. Du coup, les choses sont allées très vite.

Le laboratoire Sanofi a pris la décision stratégique de mobiliser d’énormes moyens pour pouvoir, à partir de cette découverte, mettre au point un vaccin. Pourquoi Sanofi ? parce que Sanofi avait déjà travaillé avec succès sur un vaccin contre le SRAS apparu en 2002 .

Du coup à la mi-février Sanofi s'est associé avec une agence du ministère de la Santé américain, la Barda (Autorité pour la Recherche-Développement avancée dans le domaine biomédical) "pour tenter d'accélérer le développement d'un vaccin". Sanofi a, compte tenu de son expertise, beaucoup de chance d’y parvenir.

Le groupe américain Johnson-et-Johnson a lui aussi annoncé au même moment sa collaboration avec la Barda pour accélérer le développement d'un vaccin contre le coronavirus.

Plus d'une dizaine de laboratoires travaillent actuellement sur des vaccins, antiviraux ou autres traitements susceptibles de venir en aide aux patients infectés par le coronavirus apparu en décembre dernier à Wuhan dans le centre de la Chine.

Le laboratoire Gilady par exemple, celui qui avait trouvé le médicament contre Ebola, a d’ores et déjà lancé des essais cliniques en collaboration avec les chercheurs chinois de Wuhan.

Les compagnies pharmaceutiques d’Etat, China Ressources et china Medecine ont accéléré leur production de Chloroquine qui est un antipaludique et pourrait être efficace contre le Covid 19 sans effets secondaires.

En France, à coté de Sanofi, l’institut Pasteur est évidemment sur le pied de guerre. Puisqu’en parallèle du séquençage complet du génome du coronavirus 2019, les chercheurs français ont poursuivi un travail sur les échantillons prélevés sur les premiers cas confirmés. Ils ont réussi à isoler rapidement à la fin janvier le nouveau virus en culture cellulaire. A la mi février, les chercheurs de l’Institut Pasteur disposaient donc du virus à l’origine de cette nouvelle infection. Ce qui a ouvert à la voie à la fabrication d’un vaccin. Sauf qu’à Pasteur, on a toujours considéré qu’il fallait presque 20 mois pour mettre au point un vaccin. Entre le séquençage complet du génome du virus, l’isolement de souches, la réussite de la mise en culture cellulaire et les tests de validation 

Chez Sanofi, en Chine et à Austin Texas, on estime désormais que la recherche pourrait aller plus vite : entre 6 mois (peut-être moins) et un an. Sans parler se l’administration qui de son côté, peut aussi faire quelques efforts pour accélérer les procédures d’autorisation.

Ce qui préoccupe les chercheurs est évidemment le vaccin, son efficacité, mais c’est aussi et surtout les conditions de développement des virus. Pourquoi, dans quelles conditions ? Il est évident que les virus n’apparaissent pas par hasard. Ils apparaissent sur des terrains très particuliers et ces terrains sont caractérisés par des conditions d’hygiène qui leur sont favorables. Des pays où les conditions de vie et d’alimentation sont encore fragiles, improbables.  Notamment dans les pays émergents où il existe très peu d’équipement d’assainissement des eaux, ou de traitements des déchets... où les produits alimentaires ne répondent pas toujours aux normes sanitaires minimales, et où la culture du « propre « est sans doute différente. C’est évidemment le cas de la Chine, mais pas seulement. C’est le cas de l’Inde, et de l’Afrique en général.

Et là, les chercheurs en médecine ou en pharmacie peuvent faire des recommandations, mais les investissements nécessaires sont d’un ordre qui les dépasse. C’est surtout de la responsabilité des gouvernements et des organisations internationales. Le développement économique est évidemment incontournable mais les conditions sanitaires et sociales le sont tout autant. Et ces conditions là ne concernent pas seulement les populations concernées mais elles impactent le monde entier. Cette affaire du Coronavirus le rappelle avec beaucoup de violence. Un virus découvert au fond d’un marché de viande à Wuhan fait beaucoup de victime dans les provinces de Chine, mais il peut aussi en faire à Milan comme à Paris ou à New York. Surtout il est capable de mettre à genoux l’économie mondiale.

Alors, les chercheurs du monde entier sont sans doute capables de se donner la main pour identifier le virus (c’est fait) pour donner les moyens de freiner son pouvoir de contagion (c’est déjà plus difficile), pour préparer un vaccin qui nous permettra de le combattre (ça sera long. mais ça se fera).

Les chercheurs peuvent recommander aux populations de se vacciner (mais n‘ont pas les moyens de rendre la vaccination obligatoire et surtout de vérifier si la vaccination a bien eu lieu). Les chercheurs peuvent éditer les règles d’hygiènes et de santé nécessaires (mais là encore, ils n’ont pas les moyens de les imposer) les chercheurs n’ont surtout pas la possibilité d’installer et de financer les équipements nécessaires à des conditions sanitaires correctes. Tout ça relève de la culture, peut être des pratiques quotidiennes, des autorités religieuses (dans certains pays) mais surtout des autorités politiques.

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