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L'arrivée des voitures autonomes va s'accompagner d'une véritable évolution du paysage urbain.
L'arrivée des voitures autonomes va s'accompagner d'une véritable évolution du paysage urbain.
©DR

La Minute Tech

Moins de places de parkings, des routes plus sûres, des piétons plus en sécurité... L'arrivée des voitures autonomes va s'accompagner d'une véritable évolution du paysage urbain.

Jean-Gabriel Ganascia

Jean-Gabriel Ganascia

Jean-Gabriel Ganascia est professeur à l'université Pierre et Marie Curie (Paris VI) où il enseigne principalement l'informatique, l'intelligence artificielle et les sciences cognitives. Il poursuit des recherches au sein du LIP6, dans le thème APA du pôle IA où il anime l'équipe ACASA .
 

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Atlantico : La révolution des voitures sans chauffeur continue d'avancer. Cette semaine, Nissan a débuté les tests de son prototype de voiture autonome basé sur la Leaf. Depuis quelques jours, les utilisateurs américains de Tesla S peuvent aussi profiter d'une fonction de pilotage automatique de leur véhicule. Dans un livre publié récemment, l'américain Gabe Klein - qui a travaillé au département des transports à Chicago, ainsi que dans des start-up - explique que cette nouvelle génération de véhicules va changer radicalement le paysage urbain, notamment en réduisant le nombre de places de parking nécessaires. Partagez-vous cette idée ?

Jean-Gabriel Ganascia : Nous observons déjà, avec les voitures en libre-service, une réduction des places de parking nécessaire. En effet, quand on va travailler, on laisse sa voiture garée toute la journée. Or, en location, elles sont pendant ce temps utilisées par quelqu'un d'autre. Cela marche jusqu'à un certain point, car les gens arrivent et repartent tous au même moment, mais le fait que les voitures puissent être plus utilisées qu'actuellement est important. On aura moins besoin de voitures, et donc moins de places de parking.

De plus, au lieu d'être garées juste en-bas de là où les gens travaillent, les voitures peuvent se déplacer toutes seules et arriver au bon moment. Un peu comme des taxis. C'est l'idée des voitures sans chauffeur : qu'elles fassent la même chose qu'un chauffeur de voiture classique. Il y a donc certainement un projet de couplage entre les voitures autonomes et les voitures de location.

Une troisième considération importante à prendre en considération est que ces voitures sont électriques et polluent moins.

Ces trois idées pourraient complètement transformer la circulation dans les villes. C'est une perspective qui mérite d'être prise en considération. 

Concrètement, sur la question des parkings, que peut-on imaginer ? Serait-il possible de les installer en périphérie des villes ou de créer de gigantesques parkings à étages, en laissant les voitures s'y rendre de manière autonome ? 

On pourrait imaginer ça, ou quelque chose de beaucoup plus simple : puisqu'il y aura moins de voitures, les places de parking existantes pourraient suffir. On peut aussi imaginer des silos : si les voitures sont banalisées, qu'il n'y a plus cet attachement à la voiture individuelle, il serait possible d'avoir un ascenseur qui vous descend la première voiture disponible. 

Par contre, si on installe des parkings à 2-3 km à l'extérieur des villes, ça va créer un flux de transport peu souhaitables et largement dispensable.

La voiture sans chauffeur va-t-elle changer la physionomie des routes, en réduisant le besoin en barrières de sécurité, par exemple ?

Très certainement. Les voitures autonomes sont plus sûres et le jour où elles vont vraiment se développer, les algorithmes seront extrêmement vigilants sur la sécurité. Il faudra éviter tout de même qu'il y ait un trop gros mélange entre les piétons et la voiture : cela conduira à réduire les endroits où on traverse la route.

Une des questions qui se posent, et qui limite un peu aujourd'hui la mise en place de ces voitures autonomes, c'est que la signalisation doit pouvoir être perçue par les voitures. Aujourd'hui, entre un feu vert et une enseigne de pharmacie, il n'y a pas énormément de différence pour une voiture autonome. De même, si un policier fait signe à une voiture de s'arrêter, la voiture pourra se dire que c'est un auto-stoppeur et qu'il ne faut pas en tenir compte. Il faut travailler à une signalisation qui va plus parler à la voiture : des signaux radios, par exemple. Cela veut dire certainement que pour que l'on puisse faire de grands progrès avec la voiture autonome, il faudra changer une grande partie de l'infrastructure, en particulier la signalisation à l'intérieur des villes. Ou alors, il faudrait faire des progrès dans la reconnaissance. Mais reconnaitre un uniforme est un problème pas difficile à résoudre, sauf si l'on imagine que tous les policiers d'une ville s'équipent avec un émetteur infrarouge.

Y-a-t-il des urbanistes, des pouvoirs publics qui réflechissent à ces thématiques ?

En France, je ne sais pas, mais j'ai lu des articles aux Etats-Unis qui soulevaient ces questions. Je suppose que dans certaines villes, des expériences doivent commencer à être tentées.

L'une des inquiétudes soulevées par les experts est que ces voitures soient réservées à un nombre assez restreint de villes dotées de ces équipements supplémentaires. D'autres disent que ce sont des problèmes qui seront surmontés assez rapidement et qu'il faut faire confiance aux urbanistes.

C'est toujours difficile de faire des projections sur les transformations du futur. La voiture autonome est une vieille idée, mais on a l'impression aujourd'hui qu'il y a beaucoup de technologies qui permettent de la réaliser.

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