Ces fausses idées sur les riches qui plombent la France <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
En France, les 30% des foyers déclarant les plus hauts revenus règlent 87% de l'impôt sur le revenu.
En France, les 30% des foyers déclarant les plus hauts revenus règlent 87% de l'impôt sur le revenu.
©Reuters

Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

Voir la bio »

"La fortune des riches nuit à la croissance", nous explique une étude du FMI commentée par Claire Guélaud dans Le Monde de la semaine dernière. L’étude défend l’idée selon laquelle "plus la fortune des riches s’accroit, moins forte est la croissance …" et que  "les avantages des plus riches ne ruissellent pas vers le bas, contrairement aux convictions des économistes néolibéraux…".

C’est une façon extraordinairement légère de décrire la réalité. Il faut bien garder à l’esprit que  le populisme est le terreau sur lequel prospère les passions collectives comme la haine des riches. La "guerre à la finance" des uns faisant écho au "culte des frontières et à la stigmatisation des immigrés" des autres, pour arriver à communier dans la détestation des entreprises, du capitalisme et du marché…

Petite critique de l'article en question ci-dessus.

La France n’est plus un pays riche

La France est un pays riche. Non, elle est en voie de paupérisation avec un produit par habitant qui est devenu inférieur à la moyenne de l’Union à 27. Il suffit de gagner 88 200€ par an en France pour figurer parmi les plus riches. C’est trois fois moins qu’aux Etats-Unis. Il ya 602 500 Français, soit 1% de la population qui rentrent dans cette catégorie. Un pays sans riches est un pays pauvre.

Les inégalités ont explosé. Erreur, la part des salaires dans la valeur ajoutée est stable depuis 20 ans à un niveau élevé de 67%. Ce ne sont pas les profits mais l’Etat qui a spectaculairement accru ses prélèvements sur la valeur ajoutée.

Il existerait un trésor caché au sein des entreprises. Faux, leurs marges se sont effondrées. Plus l’Etat intervient, plus l’économie s’enlise, parce qu’il dépense mal et que ses prélèvements fiscaux et financiers excessifs handicapent l’économie. La croissance est volée par l’Etat… L’Etat n’est bon à créer ni richesse, ni liberté, ni emplois, ni croissance. Tout au plus des fonctionnaires. Courteline disait : "En France, on sème des fonctionnaires et on récolte des impôts." Et chaque fois que l’on embauche un fonctionnaire – ce qui se voit –, entre trois et quatre emplois potentiels du secteur privé ne sont pas créés – ce qui ne se voit pas.

Les idées socialistes qui dominent le discours actuel nous servent sans cesse le sophisme suivant : vous êtes contre l’augmentation du poids de l’Etat dans l’économie, donc vous êtes en faveur des riches, donc vous êtes contre les pauvres…. A cela une seule réponse : pendant les années Mitterrand, les dépenses sociales ont augmenté plus vite au Royaume-Uni avec madame Thatcher qu’en France, parce que là-bas, on avait favorisé les entrepreneurs à la place de les faire fuir. Du coup, les Anglais bénéficiaient du plein emploi et les pauvres étaient plus riches chez eux que chez nous et surtout, ils retrouvaient leur dignité en trouvant un travail.

Les riches ne paient pas d'impôts. Totalement faux. En France, d'après le Conseil des prélèvements obligatoires, les 30 % des foyers déclarant les plus hauts revenus règlent 87 % de l'impôt sur le revenu avant application des crédits et réductions divers et 95 % de l'impôt net.  Les 10 % des plus riches paient environ 70 % du total de l'impôt sur le revenu. De même, le 1 % des foyers présentant les revenus bruts les plus élevés (les "très riches") acquitte 28 % de l'impôt avant réductions et crédits d'impôt et 33 % de l'impôt net. Si les riches ne payaient pas d'impôts comme l'affirment les socialistes, pourquoi s'exileraient-ils ? Ailleurs, les riches sont souvent dans la même situation car, aux Etats-Unis par exemple, les 5 % des plus riches paient 95 % de l'impôt sur le revenu.

Les 10% de foyers du haut de l’échelle qui regroupent à peine 6,3M de Français ont réglé 98% de la facture supplémentaire d’impôt sur le revenu (3,7Md€), 99% de celle de l’ISF (1Md€) et bien sûr 100% du prélèvement exceptionnel de 75% sur les très hauts revenus (200M€). Si on ajoute à cela les 470M€ de taxes sur les hautes rémunérations bancaires, le relèvement de l’imposition des stock options (45M€) et les 110M€ ponctionnés sur la poignée de repreneurs d’entreprises en LBO, les 10% de ménages les plus riches peuvent se vanter de constituer le cœur de cible des canonniers de Bercy.

L'Histoire montre qu'une plus forte taxation des riches n'augmente pas les rentrées fiscales. En 1936, le Front populaire instaure un taux supérieur de 40 % pour les contribuables de la tranche la plus élevée. En 1981, les socialistes appliquent une tranche à 65 % assortie de majorations d'impôts applicables aux contribuables les plus riches. Dans les deux cas, après la hausse des taux, les rentrées fiscales des plus riches ont diminué jusqu'à 20 %. La même situation a été observée aussi en Amérique, lorsque le taux d'imposition des revenus comprenait une tranche de 91 % dans les années 1970 et par la suite de 70 %, les rentrées représentaient moins de 8 % du PIB. Lorsque les taux ont été abaissés et le nombre de tranches diminué sous Reagan et Clinton, les rentrées fiscales ont augmenté, atteignant même 9,4 % du PIB dans les années 1997-2002.

On voit mal comment en décourageant ceux qui ont le plus de chances de créer des emplois et des richesses on peut rendre l’économie plus dynamique et plus efficace. Au Royaume-Uni, avant l’arrivée deMargaret Thatcher, le taux maximal de l’impôt sur le revenu était de 85%. Le pays était aussi un des plus pauvres d’Europe !  Aujourd’hui, la baisse par David Cameron du taux marginal d’imposition de 50% à 45% sur la plus haute tranche de revenus (150 000£ par an) a été mise en place. La décision de baisser l’impôt sur les plus riches a été prise à la suite de rapports qui montraient que la précédente hausse du taux d’impôt maximal de 40% à 50% pour les revenus supérieurs à 150 000£ avait rapporté 5% de moins que le taux à 40%. Les pertes ont été estimées à environ 500M£. Plus d’impôts, c’est donc moins de rentrées fiscales. Tous les hommes politiques devraient pourtant connaître "l’effet Laffer".

Il y a en France une volonté d’éliminer les riches, ces empêcheurs de socialiser en rond par l’exil, par l’impôt ou plus simplement par la baisse des cours afin de pouvoir nationaliser à bon compte le capital productif. Il ne manque pas dans l’entourage du pouvoir de communistes nostalgiques, de mélanchonistes et autres anciens trotskistes qui n’ont pas renoncé à cette idée en dépit de la brillante réussite de l’URSS et de la chute du mur de Berlin. Il faut taxer la rente dit on ? Mais dans la réalité on fait tout le contraire : on exonère le livret A, le livret de développement durable et l’assurance-vie représentant 1700Md€ qui contribuent exclusivement au financement du déficit de la machine étatique, dont cette fameuse banque d’investissement qui a été dotée de 50Md€. En face, on surtaxe au maximum le capital financier à risque qui représente moins de 10% de la richesse nationale.

Les idées justes

Il faut des riches pour vaincre le chômage et la pauvreté. Si on "partageait" le patrimoine de tous “les riches” de  272 Md€ entre les 8,2M de pauvres recensés par l’Insee, cela  équivaudrait à donner à chacun d’eux environ 33 000€. C’est une jolie somme, mais elle n’est pas suffisante pour vivre toute une vie. Vaut-elle un emploi? 

Pour être généreux, il faut être riche disait Aristote. Ce qui peut en langage moderne se traduire de la sorte : pour redistribuer pour financer l’Etat providence et la Protection sociale, pour créer des emplois et résorber le chômage, il faut bien que les entreprises et ceux qui les dirigent fassent du profit.

Il faut faire en sorte que les riches aient envie de rester en France. Il est illusoire de penser que l’on peut améliorer durablement le sort des titulaires de revenus faibles en punissant les titulaires de revenus élevés. Le nombre de "riches" qui perçoivent selon Bercy au moins un million d’euros de revenu annuel ne sont pas plus de 30 000. Vouloir les taxer encore plus revient à leur envoyer le signal que ce sont des parias dans leur patrie et qu’ils seraient décidément mieux à Bruxelles, Londres ou Genève. "Quand les riches maigrissent, les pauvres meurent", dit le proverbe chinois.

Les véritables riches sont les haut fonctionnaires. Toute retraite payée par le secteur public et dont la valeur actualisée serait supérieure au montant à partir duquel l’impôt sur la fortune s’applique devrait supporter l’impôt sur la fortune. Pour toucher une retraite de 250 000€ par an ce que va percevoir un inspecteur des finances ou un conseiller d’Etat qui a fait de la politique (député, maire, conseiller général etc…) il faut un capital de 25M€. Cette catégorie de la population qui bénéficie de tels privilèges est donc puissamment riche.

Le gouvernement veut régulièrement financer les retraites par une taxe supplémentaire sur les hauts revenus et les revenus du capital. Mais en quoi les "riches" sont-ils concernés par les retraites ? Ils ont déjà payé les impôts les plus lourds du monde, l’ISF, les tranches supérieures de l’impôt progressif sur le revenu, l’impôt sur les sociétés, la CSG et la CRDS, la TVA sur leurs consommations, l’IRPP, les taxes sur les héritages et les donations, les taxes sur les plus values du capital, etc., ainsi, bien entendu, leurs propres cotisations sociales. Pourquoi leur demander un impôt supplémentaire, à eux spécifiquement ? Pour les socialistes, la réponse est simple. Il faut faire rendre gorge aux "riches" parce que le simple fait qu’ils soient riches est injuste. Les "riches" sont ceux qui se sont montrés capables de fonder et de faire vivre une entreprise ou qui ont eu un talent hors pair dans leur domaine. Ce faisant, ils ont contribué à développer l’activité, l’innovation et la productivité, ils ont été un des principaux moteurs du progrès général. L’Histoire montre que les pays les plus riches sont ceux où l’on a laissé le plus les gens s’enrichir et vivre en paix avec leurs richesses, pourvu, bien entendu, qu’ils aient gagné leur argent honnêtement, sans fraude et sans monopole, par le simple exercice ingénieux de la liberté d’entreprendre.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !