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Au-delà du référendum sur le Brexit, la fin du rêve européen
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Revue d'analyses financières

A la veille du référendum sur le Brexit, les marchés croyaient à son rejet et s’enthousiasmaient sur les valeurs anglaises et la Livre Sterling. Quel que soit le résultat, il devrait inciter à une réflexion autour des points suivants.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Il s’agit d’un référendum historique, au moment où l’Union européenne est plus affaiblie que jamais. Après être passés par la crise financière des subprimes, la crise grecque, la crise ukrainienne, la crise de l’immigration, nous sommes maintenant dans la crise du Brexit. La gestion de crise étant devenue la seule norme de fonctionnement de Bruxelles, il faut maintenant en profiter pour revoir tout le projet européen. L’Europe à 28 pays n’est tout simplement pas gouvernable. Il y a pour simplifier deux pistes. Soit une Europe à deux vitesses, c’est-à-dire une union resserrée et plus homogène délestée de ses membres les plus problématiques dont la France. Soit l’Allemagne quitte la zone Euro avec les pays du nord de l’Europe,  ce qui permettrait aux pays du sud de l’Europe de dévaluer et d’améliorer leur compétitivité et de réduire enfin leur niveau de chômage.

Bienvenue dans la réalité

L’Europe ne peut plus fonctionner avec une monnaie unique sans aucune convergence des politiques économiques, fiscales et monétaires de ses pays membres. Agissant comme un super Etat gérant des fonctionnaires en surnombre, l’Europe qui avait promis de la croissance et du plein emploi, n’a délivré que de la décroissance et du chômage. L'euro a très largement contribué à cette situation. Il a amené à créer des usines en Allemagne, à construire des maisons en Espagne et à engager des fonctionnaires en France. Toute une génération d’Européens est condamnée à l’exil ou à vivre une vie d’assisté. Si l’on veut sauver la construction européenne, il faut une nouvelle perspective…

Les politiques économiques, monétaires et sociales suivies aujourd'hui ne sont pas assez respectueuses de la liberté de l’entrepreneur. En France, ce ne sont pas les entreprises, les profits, les emplois qui croissent, c'est l'État, sa fonction dans l'économie, et le pouvoir des technocrates. Tocqueville, par exemple, constatait déjà que « Les Français préfèrent l’égalité dans la misère à la prospérité dans l’inégalité ».

L'Histoire est pleine d'exemples de pays qui se sont écroulés sous le poids de leurs rigidités. À l'origine, on retrouve toujours les mêmes facteurs : un mépris des règles économiques de base, un projet politique dont le coût est incompatible avec les réalités économiques, des élites démagogiques...

La gauche en France qui a le quasi monopole des médias et des programmes éducatifs (et du cœur bien sûr) est lentement montée dans le système politique. Bien entendu, elle est en train d’échouer économiquement. La chasse au bouc émissaire n’a pas été très efficace. Il s’agissait de montrer du doigt bien sûr « les riches et les banquiers ». On a forcé nombre d’entre eux à l’exil au nom de la « justice sociale ». Le problème, c’est que la nature de la création de richesses a changé. Autrefois, la richesse était constituée par des actifs réels, immeubles, usines, terres agricoles qui restaient en France, même si l’on forçait leurs propriétaires légitimes à l’exil et à la pauvreté. Aujourd'hui la richesse est immatérielle et quitte le territoire national avec ceux qui s’en vont. Le durcissement de la politique fiscale actuelle a convaincu nombre de ceux qui restaient envers et contre tout, de s’en aller à leur tour. L’appauvrissement devenu général a été beaucoup, beaucoup plus rapide que par le passé...

Les frontières de l’Europe sont devenues une passoire.  Partout les partis politiques ne jouent plus leur rôle de corps intermédiaires. Les partis populistes de droite comme de gauche ont le vent en poupe. On assiste à une révolte proche de celle qui se manifeste dans l’Amérique de Donald Trump.

Un effet domino aura lieu. Il y aura d’autres référendums en Italie, aux Pays-Bas, en Finlande et peut être encore en Ecosse. De nombreux pays n’acceptent plus d’abandonner leur statut d’Etat Nation à celui d’Etat Membre...

En Grande Bretagne, on estimait à la veille du referendum que le Brexit coûterait entre 0,5% et un point de PIB par an, que la Livre pourrait baisser dans un premier temps de 10%. En revanche, les sociétés qui font partie de l’indice FTSE seraient moins touchées car elles dépendaient d’avantage de la croissance mondiale que de l’économie britannique. Si les concessions que David Cameron a obtenu de l’UE sont jugées insuffisantes la Grande Bretagne aura deux ans pour négocier son divorce. Il peut se produire dans l’ordre comme un divorce par consentement mutuel. Il peut en revanche très vite évoluer en bataille de juristes qui auront du mal à trouver une solution dans un délai de deux ans. Il peut aussi provoquer des dégâts collatéraux comme une sécession de l’Ecosse….

Sur le marché anglais, les secteurs les plus vulnérables sont : les banques comme Barclays, HSBC ; la distribution avec Tesco, Sainsbury ; l’immobilier comme Hammerson et British Land. Les secteurs qui seraient favorisés sont l’aérospatial avec Rolls Royce, Smith Group, BAE Systems ; l’assurance avec Prudential et Aviva.

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