Attal, tête de gondole pour Marianne & Macron, libéral-réactionnaire qui abîme la démocratie pour L’Obs; l’inflation ringardisée, place à la dette de l’Etat; Raoult pulvérisé; Ciotti crushe sur Attal, Hidalgo sur Darmanin<!-- --> | Atlantico.fr
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La nomination de Gabriel Attal en tant que Premier ministre est à la Une des hebdos de cette semaine.
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Revue de presse des hebdos

Dans vos hebdos cette semaine, on ne sait pas trop sur quel pied danser à propos de la nomination de Gabriel Attal. Trump menace le monde dans L’Obs et dans L’Express, et l’écologie fait de nous des gogos pour Marianne.

Alice Maindron

Alice Maindron

Alice Maindron a enseigné la philosophie à vos chères têtes blondes, et a sévi dans le conseil et la formation. 

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Borne out

Pour l’Obs, la ”démission” de Borne est ”un mauvais coup fait à la cause des femmes,” après l’ultime couleuvre de la loi immigration. Mais "l'austérité technocratique d’Élisabeth Borne n'était plus sur la même longueur d'onde que le patron, ont laissé entendre les conseillers du Président." Dans sa lettre de démission, la sortante emprunte la litote de Michel Rocard, méchamment remercié par Mitterrand en 1991 : "vous m'avez fait part de votre volonté de nommer un nouveau Premier ministre…”

Attal à Matignon : coup de com’, ou retour aux sources du macronisme ?

Vos hebdos ne sont pas d’accord, loin s’en faut, sur la nomination d’Attal à la tête du gouvernement. Pour l’Obs, c’est une nomination qui "relève plus de la symbolique que d'une quelconque inflexion politique,” ou encore ”c’est faire du vieux avec du neuf” ; ce qu'affirme aussi Natacha Polony dans Marianne : il s'agit de "faire du vieux avec un jeune.” Selon elle, l'arrivée d’Attal à Matignon est "une comédie de boulevard," et Macron un "alchimiste politique" qui "réinvente à chaque nomination la Pierre philosophale qui transforme l'or en plomb…” Et Attal est ”une bonne tête de gondole qui reste dans la ligne.”

Elle dénonce un coup de com’ pur, paré de l'idée rocardienne "qu'il faudrait un Premier ministre qui soit en même temps ministre de l'éducation nationale pour signifier aux Français qu'il n'y a pas d'enjeu plus important.” Mais les conditions de la nomination ont mis en évidence "les tractations et les hésitations qui signent le pur coup de com politique. Quand on tâtonne entre Julien Denormandie et Sébastien Lecornu, c'est qu'on n'a pas particulièrement en tête une grande politique d'éducation et de cohésion nationale.”

L’Obs, ironique, plussoie : ”du point de vue de l'Élysée, il y avait, semble-t-il, urgence à déshabiller l'école -pourtant priorité du gouvernement- pour relooker Matignon.” Pour l’hebdo, ”tout est bon pour renvoyer des signes de renouveau dans un quinquennat épuisé par l'absence de majorité du Président.” Et Attal a perdu d’avance, ”condamné par la toute-puissance macronienne à tenir le rôle d'un super porte-parole,” ce que l'Élysée traduit par "renouer avec l'audace originelle du macronisme”…

Franz-Olivier Giesbert a dans lePoint une autre interprétation :"en nommant Gabriel Attal à Matignon, Emmanuel Macron a pris une décision qui ne lui ressemblait pas et qui peut être l'une des plus importantes de sa présidence. Il a accepté l'idée de partager le pouvoir." Il prend le pari : "ce grand ambitieux ne se comportera pas , à Matignon, comme un assistant à la botte.” Qui aura raison, de lui ou de l’Obs, pour qui le Président a nommé "un homme totalement à sa main, qui jouit d'une popularité grandissante et d'un capital politique pour l'heure inentamé” ? Giesbert est plus optimiste, qui voit la possibilité d’un "nouveau souffle", mais à une condition, et non des moindres : qu'ils fassent "moins de com et plus de politique." Ce que Polony précise : ”l'urgence semble d'opposer au jeune Jordan Bardella l'image du jeune Gabriel Attal, pour que les élections européennes ne soient pas le fiasco annoncé. Là non plus, pas question de débattre du fond.”

Pour un confident du chef de l'État interviewé par lePoint, Macron "a pris un gros risque. Le danger, c'est qu'il le ringardise. Attal peut tourner la page Macron.” Quoi qu’il en soit, l’Obs résume la donne politique : ”un Président empêché par son absence de majorité, une extrême droite en embuscade, à l'affût d'une démocratie qui s’affaiblit." Il faut donc ”séduire cette France conservatrice, voire d'extrême droite, jusqu'à mettre en péril l'équilibre du ”en même temps” sous peine de fracturer sa majorité."

A quoi doit-il sa nomination ?

Attal, c'est celui qui a su rester à l’écart, pour ne pas faire d’ombre au Président : "il a toujours gardé une distance adéquate, il est le premier à rire des fayots à la fin du Conseil des ministres", relève un proche du chef de l’État. Il appelle Macron avant d'annoncer le décalage de la rentrée après l'attentat d'Arras. LePoint rapporte sa réaction à un sondage qui le voyait en octobre comme le meilleur successeur de Macron : "vous avez vu ? Plus on est loyal, plus ça marche !” ”Monsieur le dauphin" est l'inverse de tous les précédents premiers ministres :"un minois sympathique, des qualités oratoires incontestables, un sens politique aiguisé, une popularité bien supérieure à la sienne.”

Et son ”acte fondateur” donne le ton : l'interdiction de l’abaya à l’école ”en dit long, au passage, sur la France. L'autorité de l'Etat est-elle à ce point endommagée que bannir des écoles un vêtement religieux puisse être considéré comme une marque de bravoure ?” Il a choisi un créneau porteur, celui de l'autorité, une savante ”alchimie entre la "régénération" qu'incarne sa jeunesse et la "conservation" dans son positionnement politique qui plait tant à l’Élysée."

Marianne "peine à lui discerner une réelle cohérence idéologique.” Comment passe-t-on d’un jeune strauss-kahnien, une écurie "réputée pour son interprétation libérale de la laïcité" au chantre de l'autoritarisme républicain ? L'hebdo cite Le PS Jean-Christophe Cambadélis : "sa capacité est d'être plastique. Il s'adapte aux situations, c'est typique des politiques technos."

Il tient de son père, avocat puis producteur de cinéma, le virus de la politique. Un père qui le pousse : ”tu feras ce que tu veux du moment où tu es libre," sous réserve qu'il fasse ses preuves par lui-même. Attal s'engage à gauche pendant sa scolarité à Sciences Po, atterrit dans l'équipe de Marisol Touraine au ministère de la Santé , et s'implante dans les Hauts-de-Seine au Conseil municipal de Vanves. Grand bûcheur, passionné par le débat parlementaire,  il rejoint En Marche ! via son ex-compagnon Stéphane Séjourné, décroche une investiture aux législatives, et devient porte-parole du gouvernement Castex. "Terrorisé à l'idée de sécher sur une question dans une matinale, d'être pris en défaut, obsédé par son image et le regard des autres, Gabriel Attal passe des nuits à préparer ses interventions, épuise ses équipes.” Mais Alexis Kohler le teste pour le ministère de l'Education en le faisant passer par Bercy. Brigitte Macron, avec qui il déjeune régulièrement, l'apprécie : "Gabriel, c'est un fighter, il ira loin.”

Les LR : enthousiasme ou déception ?

Pour l’Obs, "après l'adoption de cette loi immigration co-rédigée avec la droite et adoptée grâce aux votes du Rassemblement national, la nomination à Matignon d'un homme de droite eut été cohérente." L'hypothèse Sébastien Lecornu rejetée par l’aile gauche de la macronie et empêchée par Bayrou, Macron a dû choisir. Mais pour l’hebdo, on "n'échappera pas pour autant aux lancinants tiraillements de la majorité. Vexés qu'un trentenaire leur ait été préféré, les droitiers Bruno Le Maire et Gérald Darmanin ont tenté de faire dérailler sa nomination. Et les tauliers de la majorité, Edouard Philippe et François Bayrou- toujours lui !-, voient d'un mauvais œil l'irrésistible ascension d'un concurrent à la succession de Macron. Gageons qu'à la moindre occasion ils ne rateront pas l'importun..."

Pour l’hebdo, la droite, ”ulcérée par le rejet prévisible de pans entiers de la loi immigration par le Conseil constitutionnel, ne voit dans le choix du Président qu'une entourloupe supplémentaire. Tablant sur la fin de la macronie en 2027, elle devrait monnayer plus chèrement que jamais un hypothétique soutien aux propositions de l'héritier présumé de l'actuel Président."

Autre son de clocha dans L'Express : ”LR boit du petit-lait et décèle une victoire culturelle dans ce passage rue de Grenelle.” En tout cas, "le ministre aime échanger avec des députés LR. À Bercy, il multipliait les entretiens individuels avec eux,” et "sa jeunesse socialiste le préserve de tout procès en trahison et il se garde de toute provocation inutile envers une droite très susceptible.” Il a au moins conquis le cœur d’Éric Ciotti, qui fin 2023 l’a félicité : "bravo à toi , si tu réussis, tout te sera permis !" jusqu'à un "on va te donner une carte de membre !" Attal se défend : "je ne me suis pas renié sur quoi que ce soit. L'école n'est plus sujet droite- gauche."

2024, année de tous les dangers

Un peu de géopolitique dans L'Express, pour décoller du marigot politique français. L'hebdo dresse la liste des 12 dangers qui menacent le monde "au cours d'une année qui comptera plus de 70 élections sur la planète, dont la présidentielle américaine." Plus d'un terrien sur deux y sera appelé aux urnes !

Des menaces interdépendantes : si Donald Trump était élu, le soutien américain à Kiev pourrait entraîner l'effondrement militaire de l’Ukraine, ”ce serait l'enclenchement d'une guerre sans fin, car les Russes seraient encouragés à poursuivre leur stratégie expansionniste et attaqueraient d'autres pays," selon l'ancien ambassadeur Michel Duclos. Et pour l’hebdo, "un raz de marée de l’extrême-droite aux élections européennes ne ferait que compliquer la réaction européenne." Les derniers sondages estiment que les droites nationalistes pourraient devancer les droites traditionnelles, même si le président de la fondation Robert Schuman croit que la majorité devrait rester entre les mains d'une coalition PPE (droite) - Renew (le groupe d’Emmanuel Macron) - Verts. "Et quand l'extrême-droite parvient au pouvoir, comme avec Giorgia Meloni en Italie, elle applique une politique européenne, car les États membres ont besoin de la coopération communautaire.”

Au Moyen-Orient, "une possible fuite en avant du gouvernement Netanyahou suscite de vives inquiétudes” : une offensive contre le Hezbollah libanais entraînerait une escalade régionale, avec l’intervention de l’Iran pour défendre son allié. Cette dernière a d’ailleurs repris son programme nucléaire…

Au Sahel, le tournant autoritaire qui a chassé les derniers soldats français risque de durer : ”les djihadistes devraient continuer à étendre leur emprise sur les campagnes, même si cette progression s'accompagne d'une lutte farouche” entre les branches locales d’Al-Qaïda et de l’Etat islamique.

Au Venezuela, le président Maduro "se démène pour créer artificiellement des frictions à la frontière de l'ancienne colonie britannique du Guyana, dont caracas revendique 2/3 du territoire depuis le dix-neuvième siècle." Cherchant à retrouver une légitimité autour d'un projet nationaliste, il alimente "un projet anti-occidental, dans lequel se retrouvent Moscou, Téhéran, la Havane et Caracas." L'hebdo avertit :" les Occidentaux auraient tort de sous-estimer cette Internationale qui vise à les fragiliser, jusqu'en Amérique du Sud.”

La dette, premier défi d’Attal ?

Pour Le Point, la dépense publique est "la grande addiction nationale," mais aussi "l'autre versant de l'affaissement de l'Etat. Pas seulement pour la faiblesse qu'elle révèle, mais pour l'impuissance qu'elle génère.” Dans son dossier sur le sujet, l'hebdo affirme que "c'est sous François Mitterrand qu’a réellement démarré la machine infernale de la démagogie et du mensonge budgétaire," Mensonge poursuivi par ses successeurs de tout bord, hormis  la parenthèse Thierry Breton à la fin du second mandat de Chirac.

”D'ici à 2027, la charge de la dette va devenir le premier poste de dépense de l’Etat,"à cause d'une croissance qui s’est essoufflée, tandis que la demande de service public a crû. Et que les crises successives ont fait monter l'endettement. Pour l'hebdo, Macron est le "champion de l'argent magique," oubliant ses bonnes résolutions avec la crise des gilets jaunes et la pandémie, puis la hausse des prix de l'énergie. Bercy soupire : ”il faut revenir à un mode normal de gestion des finances publiques : le problème, c'est qu'après ces années d'ouverture du robinet budgétaire, tout le monde exige de nouveaux droits, de nouveaux services publics, donc les ministres ne cessent de demander toujours plus." Il faut trouver 12 milliards d'euros d'économies pour le budget 2025.

Pas de panique, répond Marianne, qui souligne que le coût de la dette est aujourd'hui bien plus faible qu'il y a 20 ans : ”3,6% des recettes publiques en 2022 , alors qu'elle en absorbait 6% il y a 20 ans." La baisse des taux payés par l'Etat est quasi continue depuis les années, 80 et a plus que compensé l'envol du stock de dettes. Elle affirme que "dans l'ensemble, la charge de la dette publique reste comparable à celle que subissent d'autres acteurs. En 2022, les entreprises françaises ont par exemple consacré 2% de leur chiffre d'affaires ou remboursement d'intérêts," et les ménages en moyenne 1,6% de leurs revenus (et jusqu'à 4,6% s'ils ont un prêt immobilier.)

L'inflation, so 2023 ?

Pas pour L'Express, même si elle s'est assagie en passant de 10,1% à 2,4% en Europe sur un an. Pour les économistes interrogés par l’hebdo, plusieurs scenarii sont possibles : soit la BCE ne renonce pas à son cheval de bataille, les 2% d’inflation, et maintient ses taux directeurs au niveau actuel. Mais selon Patrick Artus, la stagnation de la productivité l'empêchera de baisser.

Pour une autre économiste, "les forces désinflationnistes vont se multiplier en début d'année, ce qui va conduire la Banque centrale à baisser les taux d'intérêt." Mais l'activité économique va elle tenir ou va-t-on faire face à une récession ? Difficile, sur fond de guerre en Ukraine, d'écarter l’hypothèse d'un rebond à la hausse : "on voit bien que les entreprises n'ont pas envie de baisser leur taux de marge. S'il y a une inflation salariale, cela va entraîner une hausse des prix.” Et la reprise progressive de l'industrie pourrait augmenter le coût des matières premières.

Marianne voit aussi l'inflation jouer les prolongations, contrairement à l'affirmation de Bruno le maire en novembre : "globalement, aujourd'hui, elle est vaincue.” L’hebdo insiste sur la faible qualification des nouveaux entrants sur le marché du travail, qui prennent l'inflation de plein fouet…

Et le ressenti des Français vient compliquer le jeu.

"En septembre, les Français évaluaient en moyenne l'inflation à 17,5%, contre 4,9% annoncé par l'Insee," nous apprend LePoint. Un décalage qui peut s'expliquer par "la sensibilité plus grande des consommateurs au prix des produits les plus fréquemment achetés,” mais aussi par le biais créé par les médias qui annoncent les mauvaises nouvelles plus que les bonnes. Un double danger auquel devra faire face le gouvernement : celui d'entretenir le ressentiment, mais aussi d’être poussé ”à mettre en œuvre, sous la pression de l'opinion, des politiques économiques inadaptées et néfastes." Une mise en garde à entendre, mais qui résonne autrement à la lueur des propos de Rosanvallon dans l’Obs…

Pour Pierre Rosanvallon, le ”libéral-réactionnaire” Macron ”a abîmé la démocratie”

L'historien de la démocratie anime le débat intellectuel français. Professeur au Collège de France, il est plutôt un tenant du social-libéralisme qu'un révolutionnaire. Dès 2017, il alerte sur le ”triomphe de la personnalisation" du pouvoir, et les risques de la ”radicalité libérale” incarnée par le nouveau Président. Il lui découvre avec le temps une ”facette souverainiste,” dans son éloge de Chevènement, son rapport ambigu à la Russie, et son rapprochement avec Philippe de Villiers. "Plus personne ne peut donc le qualifier de social-libéral aujourd’hui. S'il fallait absolument un qualificatif, ce serait plutôt "libéral- réactionnaire,” ses positions récentes sur l'école en témoignent."

La loi immigration est à ses yeux ”un point d'inflexion historique dans la démocratie française” : il y voit la victoire idéologique du RN, et appuie sur le mot "idéologique" :"lors du débat au Parlement, aucun des nombreux travaux universitaires publiés sur la question migratoire n'a été pris en compte. Même les données statistiques de base ont été balayées.” Car la démocratie, pour l’historien, ”ce n'est pas simplement le coup de gueule et le coup de coeur, ou encore le bulletin de vote qu'on utilise comme un instrument de revanche ou de chantage.” Les délibérations, telles celles des conventions citoyennes, en présence d’experts, ”s'appuyant sur de la documentation, peuvent aider à éclairer et rationaliser les prises de position.”

Macron tourne le dos à ”l'esprit de la démocratie” : ”sa légitimité issue du suffrage universel suffit.” L’historien dénonce l'absence de préoccupation des corps intermédiaires, des autorités indépendantes, des contre-pouvoirs, et de la participation des citoyens : la démocratie, ”c'est avant tout un régime d'interaction positive entre le pouvoir et la société, entre gouvernants et gouvernés,” bien au-delà du fait majoritaire…

La saisine du Conseil constitutionnel pour faire tomber certains points de la loi immigration ? ”C'est le résultat d'un cynisme irresponsable” : ”on ne peut pas faire mieux pour entretenir les fantasmes du RN sur la "démocratie des juges." Les démagogues vont pouvoir s'en donner à cœur joie pour dénoncer les "fossoyeurs de la volonté populaire"

Il rappelle les leçons de l’histoire : "plus les leaders de la droite s'approprient le programme du RN, plus les électeurs se détournent d'eux et donnent leur voix à l’extrême-droite.” Quant à la gauche… ”Les femmes et les hommes de ce pays ne voient plus comment ces dénonciations trop générales du libéralisme ou des inégalités peuvent changer concrètement leurs vies.”

Et d’avertir : ”on ne surmontera les tensions mortifères dans ce pays que si on les "désidéologise", que si on se tourne vers le terrain. Tant qu'on en reste à la politique magique, nous favorisons le Rassemblement national.” A bon entendeur…

Rwanda : le livre qui accable la France

L'historien Vincent Duclert a tiré un livre-choc de son rapport sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsis en 1994. Entre 800 000 et un million de morts en 3 mois, qui interrogent le fonctionnement de la 5e République : "avec un pouvoir sans partage, sans contrôle, de la présidence de la République, avec toute une série d'entorses à la constitution, aux institutions, aux accords et règlements , à la chaîne hiérarchique, sans parler de la morale…" La France "s'est longtemps investie aux côtés d'un régime qui encourageait des massacres racistes,” s'est aveuglée puis ”a tardé à rompre avec le gouvernement intérimaire qui réalisait le génocide.”

La faute à Mitterrand, explique l’historien, qui a fait du Rwanda une conquête personnelle, après le désengagement de Bruxelles de son ancienne colonie en 1990. En échange du soutien français, le président Habyarimana s’engage à faire de son pays la vitrine de la démocratisation de l’Afrique, et un laboratoire de la contre-offensive française et francophone contre" l'obsession d'une menace anglo-américaine" surévaluée, notamment en Afrique.” Avec les conséquences que l’on sait.

Fraude scientifique, fake news, complotisme : Raoult, le tonton flingueur

L'hydroxychloroquine donnée à des malades du COVID, selon l'ordonnance Raoult, c'est, au bas mot 16 990 personnes décédées à l'hôpital dans 6 pays étudiés par une équipe de chercheurs. 16 990 personnes qui auraient pu survivre, selon une étude publié de Biomedecine & Pharmacotherapy, nous rapporte L'Express. Une estimation prudente, qui ne porte pas sur les pays les plus prescripteurs, et seulement sur mars à juillet 2020. "Un véritable scandale sanitaire,” selon le professeur Molimard du CHU de Bordeaux, pour qui "ce chiffre ne représente que la partie émergée de l'iceberg et pourrait être sous-estimé jusqu'à un facteur 5." Il faudra tenir compte des recommandations des auteurs en prévision d'une éventuelle future pandémie : "une meilleure régulation des médicaments candidats en cas de nouvelle maladie, des plateformes de tests pour produire rapidement des études à très haut niveau de preuves scientifiques," mais aussi et surtout ”les élus politiques devraient limiter leurs injonctions à la communauté médicale." Donald Trump est dans le viseur, mais aussi les extrapolations du Druide des Calanques, qui n'a pas voulu répondre sur le fond de l’étude…

LePoint donne la parole au chercheur en informatique Guillaume Cabanac, qui traque les fake news dans la littérature scientifique censée faire référence. Choqué par des productions "qui ne correspondaient pas à des exigences de fiabilité alors qu'elles émanaient de personnes ou d'institutions prétendument scientifiques," il part à la chasse à la triche des auteurs, et dénonce aussi un processus de relecture au rabais, sous-traité par les experts à leurs étudiants, sans aucune supervision. Parmi la vingtaine de "détectives scientifiques" qu’il mobilise autour des résultats fournis par un logiciel informatique qu’il a développé, et qui commentent les articles déjà publiés, saluons Elizabeth Bik, la biologiste "connue pour avoir révélé les méconduites du professeur Raoult,” qu'il qualifie de ”cinglée” devant le Sénat…

L’action de Caradac a conduit à près de 2 000 rétractations d’articles, mais ces publications peuvent tout de même nourrir d'autres chercheurs, des étudiants, ou des intelligences artificielles. Il traque donc désormais" les articles se fondant sur des papiers rétractés ou signalés."

Et personne n'est à l’abri : dans Le Point, l'expert en croyances collectives Gérald Bronner raconte sa propre dérive dans l’ésotérisme : ”le moteur de la croyance collective, du fanatisme, c'est une détestation du réel que j'ai moi-même éprouvée. Jeune, j'étais convaincu de ne pas être à ma place , le monde tel qu'il était me semblait vide , il y avait forcément une autre explication.” Le sociologue raconte ”combien la lucidité lui coûte. Le désenchantement du monde suscitait aussi chez le grand rationaliste Max Weber une forme de mélancolie.” Et Raoult, plus de 16 000 morts…

Ne vous plaignez pas du froid : vivre à poil, ça peut être dangereux…

Des agents de sécurité du quartier naturiste du Cap d'Agde seront bientôt jugés pour violence en réunion, nous apprend Marianne, longtempscouverts (ah ah !), selon un témoin, par leur chef de la sécurité : ”tout le monde commence à se plaindre du comportement de Massimo au village naturiste. Il fait la loi et se montre trop violent. Personne n’ose s’en prendre à lui du fait de ses relations familiales.” Il faut dire qu’il est le fils d’un fidèle du maire LR, et a succédé à son père. ”Traitement de faveur accordé à un jeune homme bien né et très investi dans la campagne municipale de Gilles d’Ettore en 2020 ? Demande l’hebdo. ”Absolument pas, répond l’édile. Cela faisait deux ans qu’il était en poste. Il donnait entière satisfaction.” Une nomination malgré le dépôt d’une plainte pour violences volontaires, dont le maire ”n’avait aucune connaissance.” Selon Marianne, il a pourtant été maintenu à son poste "jusqu'à un juge le place sous contrôle judiciaire et lui interdise ”toute profession en lien avec la sécurité,” alors que deux autres agents avaient été suspendus.

Quand les écolos promeuvent… le Pape !

L’Obs nous apprend que Marie Toussaint, la tête de liste des écolos aux européennes, a adressé à plusieurs responsables d'extrême droite, à Pascal Praud et Geoffroy Lejeune une lettre et un exemplaire de LaudateDeum, l'exhortation apostolique du Pape qui prolonge Laudato Si et son alarme sur la crise climatique : ”puissiez-vous trouver dans la parole du Pape la source d'une sagesse nouvelle,” écrit-elle… Une action de grâce pour le remboursement de l’ardoise laissée par la défaite de Jadot aux présidentielles ? Selon LePoint, 3 millions d’euros de dons et le versement au parti des indemnités des 23 députés Verts, élus grâce à la Nupes ont pu permettre le remboursement de ses frais de campagne.

Anne Hidalgo se prend pour Macron

En tout cas, elle n'aime pas Gabriel Attal : "qui trahit trahira..." affirme la maire de Paris lors de ses vœux, rapporte L'Express. Elle tresse au contraire des lauriers à Darmanin : "avec lui, c'est fluide. Il connaît la politique par l'exercice des mandats, et sait le respect qu'il doit y avoir entre les élus."

À gauche, elle plaide pour une liste d'union PS-Verts aux européennes, "même si la liste est menée par les écologistes." Et hop, un tacle pour Raphaël Glucksmann. Mais que vise-t-elle ? "J'ai le bonheur de pouvoir choisir le moment où je dirai ce que je souhaite faire pour la suite. C'est moi le maître des horloges…"

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