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Antisémitisme de droite, antisémitisme de gauche : ne faites plus d’impair, apprenez à les distinguer
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Zone Franche

Rien n’est plus gênant, dans un dîner de gauche, que d’évoquer son hostilité aux juifs sans préciser qu’elle part d’un bon sentiment.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Le sketch des Inconnus sur les bons chasseurs est tellement mis à toutes les sauces qu’on hésite désormais à y faire référence, mais c’est plus par crainte de tomber dans le cliché que parce que sa pertinence aurait été sapée par sa popularité. 

Là tout de suite, je viens de lire la tribune que co-signent dans Le Monde Arie Alimi, avocat emblématique de la gauche radicale, et Vincent Lemire, un historien spécialiste de Jérusa­lem mais pas beaucoup plus à droite non plus, et je me les figure assez bien tous les deux se promenant dans la campagne avec leurs 22 long rifle et leurs verres de lunettes en cul de bouteille, expliquant pâteusement la différence entre le bon antisémitisme et le mauvais antisémitisme à un reporter TV médusé...

Car s’ils sont d’accord pour se désolidariser de Mélenchon sur la question d’une judéopho­bie qui ne serait plus que « résiduelle » (ils rappellent eux-mêmes qu’on assisterait plutôt à une véritable explosion des actes antisémites depuis un an), c’est pour mieux inviter le lecteur à distinguer la haine des juifs venue de la gauche de la détestation des juifs arri­vée par la droite :

« Non, il n’y a pas d’équivalence entre l’antisémitisme contextuel, populiste et électora­liste instrumentalisé par certains membres de La France insoumise, et l’antisémi­tisme fondateur, historique et ontologique du Rassemblement national, qui défend la pré­férence nationale, dénonce les ressortissants binationaux et attaque l’« anti-France » de­puis toujours et avec constance », assurent-ils.

OK, objection retenue. Lièvres à kippa, faisans à schtreimel et renards à prépuce appré­cieront. 

Mais parce qu’ils admettent qu’en dépit de leurs origines ontologico-topographiques diffé­rentes, les deux antisémitismes sont aussi toxiques l’un que l’autre, les antidotes suggérés ne sauraient être plus surprenants :

« Le premier, nous devons le combattre pied à pied, programme à l’appui, sans baisser les yeux, en prenant les électeurs à témoin pour démontrer que l’antisémitisme est la négation même de nos valeurs communes. Le second, nous devons le battre, dans les urnes et dans l’urgence, pour éviter que la France ne renie son identité républicaine en renouant avec les pires pages de son histoire ».

Ainsi, c’est en votant pour les promoteurs du bon antisémitisme tout en expliquant à leurs supporters qu’il n’est pas la solution à leurs problèmes de fin de mois qu’on rendra ce fléau résiduel pour de bon, mais c’est au contraire en battant les fans du mauvais antisé­mitisme dans les urnes qu’on ramènera la joie et l’harmonie dans les foyers.

Cette nouvelle version du sketch des chasseurs, franchement, elle donne plutôt envie de jouer les pêcheurs à la ligne dans 15 jours...

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