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Affaire Dieudonné, scoop : la réponse de Patrick Cohen ; Théorie du genre : quand l'Education nationale entretient la confusion des esprits
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Revue de presse des hebdos

Mais aussi les deux constantes du "virus antisémite", l'extrémiste de droite Alain Soral confronté à ses propres démons et, et, et... l'enquête à rebrousse-poil - et pas très "onctueuse" - sur le Vatican et les conditions dans lesquelles s'est déroulée l'élection du pape François. Ah, il y a vraiment de tout - et du vilain... - dans la revue de presse des hebdos !

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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Retour aux affaires sérieuses... Le dossier “ Closergate ” étant clos, cette semaine, on va pouvoir enfin se pencher sur l’actu, la vraie. Théorie du genre, antisémitisme… autant vous le dire tout de suite, c’est du costaud !

Théorie du genre : vers une jonction des extrêmes ?

Serait-on devenu un poil trop exigeant ? En vrai, on a été pas mal déçu par le traitement réservé à la “ Manif pour tous ” de dimanche dernier et au tollé soulevé par l’ “ ABCD de l’égalité ”… Quand “ Le Point ” se borne à constater que “ face à la rue, le président (a botté) en touche ”, que “ L’Express ” se contente de dresser l’historique — pas inutile, il est vrai — de la “ théorie du genre ”, “ Les Inrocks ”, eux, s’interrogent sur la possibilité d’une “ jonction des extrêmes ”. “ La polémique autour de l’enseignement d’une prétendue “ théorie du genre ” à l’école, résume-t-il, interroge le lien réel ou fantasmé entre l’islam radical et les milieux catho intégristes ”. Et de noter, en direct depuis les rangs de la manif du 2 février, que “ pour l’instant, la jonction est plus que timide ”. Avant de conclure finalement, par la voix du sociologue Eric Fassin, que la jonction est peu probable : “ C’est d’abord la France des beaux quartiers, une France blanche et catholique. Cette droite radicale est-elle prête à faire alliance avec les quartiers, et donc avec les minorités visibles ?, se demande le chercheur. (…) Et il n’est pas sûr que beaucoup de musulmans se laissent séduire si facilement ! ” Effectivement…

Des rumeurs à la réalité de l’ “ ABCD de l’égalité ”

Alors, vraiment rien de consistant sur le dossier “ théorie du genre ” ? Si, si : une chose, quand même : dans “ Le Nouvel Observateur ” — “ Le Nouvel Obs ”, oui. “ A l’Education nationale, note l’hebdo, il existe des textes officiels, des faits indiscutables, et toute une exégèse qui entretient la confusion des esprits ”. Ah, ben, en voilà une chose intéressante… Et on peut en avoir des preuves concrètes ? Oui, da, c’est même ce à quoi s’emploie très scrupuleusement le journal. Dans un premier temps, “ L’Obs ” démontre l’écart entre les rumeurs propagées par texto évoquant “ des petits garçons forcés de s’habiller en filles (et) des ateliers de masturbation ” et la réalité de l’ “ ABCD de l’égalité ”, “ lancé à la rentrée à titre expérimental par Vincent Peillon, le ministre de l’Education nationale, et Najat Vallaud-Belkacem, la ministre des Droits des Femmes, pour sensibiliser dans les classes aux clichés fille-garçon. En pratique, nous explique le mag, l’enseignant dispose de fiches pédagogiques ”. Et elles disent quoi, ces fiches pédagogiques ?

Apprendre à faire le loup

“ Dans la séquence “ Danser : le petit Chaperon rouge ”, indique “ L’Obs ” à titre d’exemple (il y en a d’autres), le commentaire précise que “ l’un des enjeux de la danse scolaire est de faire accéder les élèves (…) au registre du sensible et du ressenti, domaines traditionnellement réservés aux filles ”. Le rôle du loup étant d’ordinaire dévolu aux garçons et celui du Petit chaperon rouge aux filles, il est recommandé aux enseignants de “ lutter contre les stéréotypes et les modes culturels dominants en proposant une mixité pour les deux rôles ”. Appliqué à Charles Perrault, ce principe doit l’être pour “ tout autre conte, histoire ou poème ”. Pas de trace donc d’un quelconque éloge de la masturbation… ” conclut l’hebdo. C’est sûr… Y aurait peut-être quelques commentaires à faire, notamment…, sur le respect de l’intention première de l’auteur, mais, bon, celui-ci étant mort, on va le laisser en paix, hein ? Venons-en à ce qui, à l’Education nationale, “ entretient la confusion des esprits ”…

Trouble : “ Papa porte une robe ”/ “ Je ne suis pas une fille à papa ” dans les “ préconisations ” du ministère ?

A côté d’une “ convention interministérielle ”, datée du 7 février 2013, et signée par six ministres, dont Vincent Peillon, stipulant que pour “ déconstruire les stéréotypes sexistes ”, il faut “ rendre visibles les recherches sur le genre ” et “ réaliser un travail de vulgarisation et de diffusion ” de ces travaux, cela, “ alors qu’au même moment, une partie des Français manifestent contre le mariage homosexuel, (…) un autre texte ne laisse pas de les inquiéter, souligne “ L’Obs ”. Il s’agit d’un rapport du SNUipp-FSU, premier syndicat enseignant dans le premier degré, “ Eduquer contre l’homophobie dès l’école primaire ”, paru en mai 2013, et qui n’a pas été désavoué par le ministère de l’Education. On y trouve une vingtaine d’albums à lire aux élèves, comme “ Papa porte une robe ”, ou “ Je ne suis pas une fille à papa ”, l’histoire de Lucie qui a deux mères, Delphine et Solange, et qui ne sait pas trop comment en parler à l’école. “ Il y a un risque de remplacer la littérature classique par des livres non genrés ”, estime Olivier Vial, président national de l’UNI, organisation universitaire de droite, porte-parole de l’Observatoire sur la Théorie du genre ”.

Quand Vincent Peillon envoie une “ lettre de cadrage ” aux recteurs d’académie

Mais il n’y a pas que cela. “ Dès janvier 2013, poursuit “ Le Nouvel Obs ”, (Vincent Peillon) a adressé une lettre de cadrage aux recteurs d’académie pour les associer : “ Je souhaite (…) que vous accompagniez et favorisiez les interventions en milieu scolaire des associations qui luttent contre les préjugés homophobes ”, lesquelles sont souvent des associations LGBT (lesbiennes, gay et trans), décrypte le journal. Le ministre fait aussi la publicité du site Ligne Azur, qui propose une “ ligne d’écoute pour les jeunes en questionnement à l’égard de leur orientation ou leur orientation sexuelle ”. Il y a quelques jours, on trouvait, dans le lexique qu’elle proposait sur son site, sous le terme “ identité de genre ” : “ Sentiment d’être un homme ou une femme. Pour certains, le sexe biologique coïncide avec ce ressenti. Par exemple, une femme au corps féminin se sentira femme ”. Jugée biaisée, l’expression “ pour certains ” a suscité une vague de protestations. Le 3 février, le site de l’association n’était plus accessible ”.

“ Le ministère parvient mal à clarifier ses intentions ”

“ Le ministère parvient mal à clarifier ses intentions, entre sa volonté d’expurger les stéréotypes sexistes, tout en respectant les différences, résume “ L’Obs ”. “ Sous couvert de promouvoir l’égalité et le respect, on fragilise les fondements de la société ”, accuse Lucie, 50 ans, pédiatre à Lyon, qui renchérit : “ seule l’hétérosexualité permet la reproduction de l’espèce humaine ” ”. C’est vrai, ça, Lucie. Et après, on fait quoi ?

Théorie du genre : l’expérience suédoise

Cela va-t-il vous éclairer ? Des fois que vous n’auriez pas trop d’idée arrêtée sur l’application de la “ théorie du genre ” à l’école, “ “ VSD ” est allé en Suède, dans l’école maternelle de Bjorntomtens, un établissement créé en 1995. Attention, prévient l’hebdo, on n’y oblige pas les garçons à jouer à la poupée, pas plus qu’on ne place de force une épée dans la main des filles. Il s’agit de découvrir l’éventail des multiples nuances allant du bleu au rose. Le chercheur Ingemars Gens, fondateur en 1995 de Bjorntomtens, développe : “ Nous nous sommes dit que pour changer les schémas, il fallait agir avant l’âge de 5 ans. Il fallait apprendre à chaque sexe ce que savait l’autre. Montrer aux garçons qu’ils pouvaient être démonstratifs et tactiles, aux filles qu’elles devaient se mettre en avant et ne pas penser qu’aux autres ” ”. Et ?

Le témoignage de Niklas, 23 ans, ancien élève de Bjorntomtens

Et, faute de place (on vous encourage à lire le papier en entier…), on va, illico, et pas plus tard que tout de suite, sauter aux conclusions. “ Niklas Knutsson a été l’un des premiers élèves de l’école Bjorntomtens, raconte “ VSD ”. Vingt-trois ans, des boucles blondes et un débit-fleuve, le jeune homme a quitté son village pour la capitale Stockholm, et a baroudé deux ans à Amsterdam et à Barcelone. “ Je ne suis sans doute pas le mâle stéréotypé ”, reconnaît-il, affable. Niklas dit n’avoir jamais rechigné à exprimer ses sentiments, et il en attribue au moins une partie à cette éducation un peu spéciale. “ Nous, les garçons, étions encouragés à partager le ballon avec les filles, à parler, à nous livrer. Ca ne fait pas de mal d’être vus comme des humains avant tout ”. C’est ainsi qu’à l’école le contact tactile, par le biais de massage des épaules, est encouragé afin de mieux connaître les autres ”, commente bizarrement l’hebdo.

Quand une enseignante de Bjorntomtens avoue ses difficultés à appliquer ses propres préceptes

“ Son enthousiasme n’est pas partagé par tous, poursuit “ VSD ”. (…) “ Il y a quelques années, raconte Viola Olsson, enseignante à Bjorntomtens, un de nos élèves choisissait toujours une jupe parmi nos déguisements. Son père était inquiet, mais nous avons laissé faire. Le petit a fini par s’en lasser tout seul ”. Cette grande femme aux cheveux courts, mère de trois enfants, avoue ses difficultés à appliquer ses propres préceptes. Et avoir tiqué, au magasin de jouets, lorsque sa petite dernière s’est spontanément précipitée au rayon des armes en plastique. “ Mon premier réflexe : mais non, c’est pour les garçons ! ”, dit-elle en souriant, un peu mortifiée. La fillette a fini par repartir avec l’épée qu’elle voulait. On n’éradique pas des siècles d’automatisme d’un claquement de doigts ”. A tort ou à raison ? Chacun se fera son idée, hmmm ? Oh, qu’on aurait aimé avoir ici quelques chiffres “ éclairants ”, des pourcentages, des études qui nous auraient donné du recul, l’analyse, pesée, mesurée, réfléchie, d’un — voire de plusieurs… — sociologue(s) et de psy(s)… Faut croire que c’était trop demander. Tant pis pour nous — et pour notre gueule.

“ Jour de colère ” : enquête sur l’extrême droite Black-Blanc-Beur

Un mois après la décision du Conseil d’Etat de maintenir l’interdiction du spectacle de Dieudonné à Nantes, la question quenelle, droite extrême, Soral et consorts est-elle enterrée ? Pas vraiment, à en juger par la virulence — la violence inquiétante et infâme — de la manifestation “ Jour de colère ” du 26 janvier. Dans son “ enquête sur l’extrême droite “ Black-Blanc-Beur ” ”, “ Le Point ” souligne que “ La plupart ont défilé un ananas à la main, multipliant les quenelles, chantant “ La Marseillaise ”, hurlant : “ Liberté pour Dieudonné ”. Le défilé n’était pas “ Black-blanc-beur ” — concept cher à la gauche antiraciste, qu’ils abhorrent —, mais regroupait “ des Français blancs, arabes et noirs ”, selon la définition d’un soralien. Incroyable alliance, dans l’histoire des défilés de rue, qui met ensemble, derrière la même banderole, avec un même geste de ralliement — la quenelle —, des catholiques versaillais, passés par le scoutisme et issus de l’ultra-droite, et des jeunes d’origine maghébine et afro-antillaise, anciens potes de SOS Racisme. Leur ciment, “ la patrie ”, disent-ils, en fait, la haine des juifs ”… Tous antisémites, donc… peut-être pas, d’ailleurs, pour les mêmes raisons. C’est à noter : “ Le Point ” ne se pose pas la question. Le magazine, en revanche, relève, deux constantes dans ce qu’il appelle “ le virus antisémite ”…

Les deux constantes du “ virus antisémite ”

“ Nul n’ignore, écrit Jean-Paul Enthoven, que le virus antisémite a souvent muté au cours des âges. Et que sa nature est fort différente selon qu’il infecte l’âme d’un contemporain de Saint-Louis ou celle d’un dieudonniste de banlieue. Il est cependant troublant de repérer au moins deux constantes dans cette pathologie qui n’a pas encore trouvé son remède. Primo : les antisémites d’hier et d’aujourd’hui carburent également à cette “ causalité diabolique ” dont Léon Poliakov se fit jadis l’exégète et pour laquelle tout événement dramatique (peste, puits empoisonné, pluie de crapauds, crise sociale, manipulation médiatique, etc.) fait du juif le chaînon manquant entre une calamité et son explication. Secundo: plus étrange, plus propice à une très aléatoire psychologie des profondeurs, l’autre constante semble établir, chez l’antisémite de base, un lien torve, mais sans cesse illustrable, entre sa phobie et une déconvenue d’ordre privé ”.

Les “ constantes ” de l’antisémitisme illustrées : de Céline et Drieu La Rochelle à Dieudonné — et Alain Soral

Et Enthoven d’en donner des exemples dans l’histoire passée : “ Louis-Ferdinand Céline, qui devient explicitement obsédé par le “ youtre ” dès le jour, voire l’heure, où un certain Lehmann, directeur du Châtelet, lui refuse le livret du ballet qu’il avait écrit pour Lucette Almanzor… Ou Drieu La Rochelle, antisémite à partir de son mariage avec la juive Colette Jéramec, détestable à ses yeux car plus riche que lui, et dont le sexe, dès lors, se confond fantasmatiquement avec “ un portefeuille ” ”. Mais l’écrivain-journaliste illustre aussi son point par des exemples plus récents : “ M. M’bala M’bala ne se voulut-il pas, de son propre aveu, persécuté par des sionistes dès qu’un juif refusa de produire son film sur la traire négrière ? Quant à Alain Soral, il n’eut pas honte d’avouer que son allergie au “ complot judéo-sioniste ” remontait au jour où Pivot l’écarte d’ “ Apostrophes ” au profit du coauteur (juif, of course…) avec lequel il venait de signer, en 1984, un essai sur les modeux ”.

Quand Hector Obalk règle ses comptes avec Alain Soral 

Miracle — magie ? — du hasard ? Notre œil curieux est, ce mercredi, 17 h 15 et des brouettes, allé traîner dans la page courrier des lecteurs du “ Nouvel Observateur ”. Ne nous demandez pas pourquoi — on le fait toutes les semaines, en pilote plus ou moins automatique… — il se trouve que là, paf !, on tombe sur… antantion !… une réponse d’Hector Obalk à Alain Soral. Vous ne savez pas qui est Hector Obalk ? Vous ne voyez pas le rapport avec le schmilblick ? Z’inquiétez pas, z’allez vite comprendre. “ Nous avons été surpris et choqués, écrit Obalk, par la façon dont Alain Soral raconte la genèse de notre ouvrage commun “ les Mouvements de mode expliqués aux parents ” (Robert Laffont, 1984) ”. Un ouvrage sur la mode ? Un “ essai sur les modeux ” comme celui auquel Enthoven fait allusion dans “ le Point ”. Bingo ! Vous avez tout compris : Obalk est en train de régler ses comptes avec Soral et ce livre, à l’origine, apparemment — et si l’on suit le raisonnement d’Enthoven — du gros vrillage antisémite de Soral… Ah, ça commence à devenir intéressant…

La vérité crue sur le traumatisme — et le vrillage antisémite de Soral

“ Selon Alain Soral, écrit Hector Obalk, l’idée lui serait venue de ce livre, qu’il aurait écrit avec deux comparses, “ mais seul Hector Obalk ira sous les sunlights d’ “ Apostrophes ” ”. Il ajoute : “ J’ai été manipulé par un Juif qui a tiré la couverture à lui. A partir de ce jour-là, j’ai étudié le Talmud, l’histoire du sionisme. J’ai découvert que la trahison et la solidarité étaient au fondement de cette culture ”. Nous nous bornerons à rappeler les faits. C’est Hector Obalk, qui a eu l’idée de ce livre et de son titre, pour le mener jusqu’à son terme, avec l’aide de ses coauteurs. Un contrat a d’ailleurs été signé d’un commun accord entre les trois coauteurs qui, reconnaissant le rôle de maître d’ouvrage du livre à Hector Obalk, lui attribuait plus de la moitié des droits d’auteur. Et si Bernard Pivot l’a invité seul sur le plateau d’ “ Apostrophes ”, c’était de son initiative. Par ses propos diffamatoires, Alain Soral transforme la réalité pour les besoins rhétoriques de son antisémitisme qui, pour injustifiable qu’il soit dans tous les cas, pourrait laisser entendre qu’il prend son origine dans des faits réels ”. Voilà qui a l’air de remettre — drastiquement — les pendules à l’heure…

Affaire Dieudonné, scoop : la réponse de Patrick Cohen

Et puisqu’on parle de remettre les pendules à l’heure, Patrick Cohen contre lequel “ l’humoriste ” Dieudonné trouvait plaisant, dans ses spectacles, de brandir la menace de la “ solution finale ”, donne un grand coup de pied dans la fourmilière ce jeudi, en direct du “ Nouvel Obs ”. Dans une tribune d’une page, le journaliste de “ France-Inter ” règle ses comptes avec, non pas Dieudonné, mais, surprise !, le journaliste Daniel Schneidermann. “ Dans mon cas, écrit-il, les premiers coups de feu n’ont pas été tirés comme on l’a cru du Théâtre de la Main d’Or, ni même sur un plateau de télévision quelques mois plus tôt lors d’un échange avec Frédéric Taddeï, mais dans une chronique de “ Libération ” sous ce titre “ La liste de Patrick Cohen ”. (…) Il est temps de (…) mesurer vos dégâts, Daniel Schneidermann. Car c’est bien votre chronique de “ Libération ” qui met le feu à la “ fachosphère ”, ce sont vos phrases que Soral et Dieudonné répètent mot pour mot dans leurs premières vidéos du printemps 2013 appelant leurs partisans à des représailles contre moi, votre rhétorique de “ liste noire ” et de réflexe communautaire que reprend Dieudonné chaque soir sur scène pour me vouer aux chambres à gaz, votre charge qui nourrit encore aujourd’hui à mon encontre la haine antisémite qui se répand sur Internet. Beau travail ! ”

Daniel Schneidermann, idiot utile du “ dieudonnisme ”

“ Oui, beau travail pour les “ dieudonnistes ” et les “ soraliens ” qui pensent tenir enfin grâce à vous la preuve du “ complot ”, poursuit Cohen. Ils ont apprécié que vous vous esclaffiez avec eux devant les innocentes facéties du duo Dieudonné-Faurisson, ces “ deux desperados contre les bien-pensants ”, ils ont largement investi les forums de votre site Arrêts sur images. Et j’espère qu’ils ont gonflé vos abonnements, sinon ce serait pitié que tant d’efforts soient si mal récompensés… Pour m’avoir ainsi désigné comme l’une des incarnations du “ lobby sioniste ”, celui qui musèle les médias et empêche de “ casser du juif ” tranquillement, vous êtes devenu l’un de leurs héros, l’idiot utile du “ dieudonnisme ”. Car dans vos écrits, comme dans ceux d’autres penseurs de la sacro-sainte “ liberté d’expression ”, on entend la musique lancinante, insupportable, mortifère qui dit que les Juifs ont bien cherché la haine qu’on leur voue, et donc que l’antisémitisme, c’est leur affaire. Qu’ils se débrouillent avec leurs ennemis ! Laissons-les débattre, et chacun comptera les points (c’est la méthode Taddeï). Et, surtout, libérons la parole négationniste et anti-juive honteusement cantonnée sur Internet ”.

“ Le plus simple serait de rétablir l’étoile jaune ”

“ La prochaine étape, conclut Patrick Cohen, sera d’identifier (les Juifs) à coup sûr. Certes, je m’appelle Cohen, mon compte est bon, mais comment savoir ? Comment s’y retrouver, au milieu de tous ces juifs convertis, de ceux qui ont changé de nom… ? Le plus simple serait de rééditer Henry Coston (dirigeant sous l’Occupation de l’Association des Journalistes anti-juifs, coauteur de “ L’encyclopédie des pseudonymes ”, avec Emmanuel Ratier, ndlr) ou de rétablir le port de l’étoile jaune. Comme ça, une fois la république achevée, chacun pourra démasquer les arrières-pensées communautaires et rétablir les “ mots manquants ” (dans une de ses chroniques, le journaliste de “ Libération ” Didier Porte a rétabli “ le mot manquant ” de Patrick Cohen : juif, ndlr) ”. C’est pas qu’on soit insensible au sort des juifs, c’est pas non plus comme si on n’avait pas entendu les abominables cris des manifestants de “ Jour de colère ”, mais là, franchement, Patrick, tu charries. Le coup de l’étoile jaune, c’est le “ top of the cake ”, la cerise sur le gâteau — le truc en trop, quoi, mais version lourdaud. Ma copine Olivia — ma meilleure amie, en fait —, qui est juive, te le dirait mille fois mieux que moi. Parce qu’en plus, elle est drôle, Olivia, et fine, aussi… Sérieux, Patrick, on veut bien admettre avec toi qu’il y a des frappadingues qui trouvent plus commode de taper sur les juifs plutôt que de se remettre en question, mais faudrait voir à pas virer parano… Par les temps qui courent, c’est pas mal — et même carrément nécessaire — d’apprendre à choisir ses mots (et ses maux).

James Bond au Vatican. Question : comment le majordome du pape a-t-il pu faire fuiter tant de documents confidentiels ?

Une petite friandise pour finir ? A l’heure où les cathos tradi défilent dans la rue, on ne résiste pas à la tentation de leur tendre un bel ouvrage à lire : “ L’homme qui ne voulait pas être pape. Histoire d’un règne ” de Nicolas Diat (Albin Michel). L’univers de la papauté qu’il décrit, sur lequel il a longuement — et fort impertinemment (hou, le vilain !) —, enquêté est loin… mais alors très loin, des poncifs qu’on nous sert sur le monde lisse, pacifique, docte et tellement saaaage, des souverains pontifs… En témoigne cet extrait, publié ce jeudi, entre autres “ bonnes feuilles ”, dans “ L’Express ”. Son titre ? “ Giani et l’affaire Vatileaks ”. Histoire de vous “ affranchir ” (parce qu’ici, on est moins en territoire saint qu’escroc…), Domenico Giani est “ patron de la gendarmerie vaticane depuis 2006, ancien officier de la garde des finances italienne et des services de renseignement italiens ”. D’après Nicolas Diat, le triste sire aurait, sous Benoît XVI, installé “ des centaines de caméras de surveillance (…) dans tous les recoins du Vatican ”. “ Dans un tel contexte de surveillance, explique l’hebdo, l’auteur se demande comment le majordome du pape, Paolo Gabriele, a pu faire fuiter tant de documents confidentiels ”. Oh, mais ça ressemble à James Bond au Vatican, cette affaire-là… Croyez pas si bien dire. Allez hop, extrait !

“ Afin de poursuivre une carrière à l’extérieur du Saint-Siège, Domenico Giani a trahi ”

“ Il y a deux hypothèses. Soit les services de la gendarmerie sont particulièrement déficients et ont été réellement incapables d’alerter le pape et son secrétaire sur l’ampleur du problème. Au vu des moyens considérables dont dispose la gendarmerie, l’incompétence atteint alors des niveaux stupéfiants. Soit Domenico Giani avait depuis longtemps de nombreuses preuves du complot qui visait à déstabiliser le Saint-Père et il est resté volontairement silencieux. S’il est resté muet sans alerter le secrétaire privé de Benoît XVI, je peux m’interroger sur la cause que sert en vérité le chef de la gendarmerie. Aujourd’hui, dans les dîners romains avec les ambassadeurs, Domenico Giani décrit Paolo Gabriele comme un être particulièrement intelligent, capable d’une grande capacité de manipulation, un homme redoutable… Tous ceux qui ont pu connaître de près Gabriele sont stupéfaits de cette description psychologique parfaitement romanesque. (…) Je pense, et je ne suis pas le seul, que Domenco Giani est un des exemples les plus graves d’infiltration au cœur du Saint-Siège. Au Vatican, nous avons connu, pendant la période soviétique en particulier, des faits d’espionnage avérés au service de Moscou. Mais il ne s’agissait en aucun cas de personnes ayant des responsabilités importantes. En raison des moyens humains et logistiques qui sont ceux de la gendarmerie, et de la confiance aveugle que le secrétaire d’Etat lui a faite, Domenico Giani possède une somme très étendue d’informations confidentielles. Pour servir une autre cause que celle de la papauté (NDLR : il serait franc-maçon, selon certains membres de la curie) et afin de poursuivre une carrière à l’extérieur du Saint-Siège, Domenico Giani a trahi ”. Pfiou ! Limite si ça file pas des frissons… A la semaine prochaine, les curieux gourmands d’info !

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