5 questions à se poser avant de commencer à utiliser l’intelligence artificielle pour votre travail <!-- --> | Atlantico.fr
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Les entreprises ont compris l'enjeu et proposent d'ores et déjà des formations à différents outils d'IA adaptés aux métiers de leurs collaborateurs.
Les entreprises ont compris l'enjeu et proposent d'ores et déjà des formations à différents outils d'IA adaptés aux métiers de leurs collaborateurs.
©Kirill KUDRYAVTSEV / AFP

Minute Tech

De nombreuses questions se posent pour les chefs d’entreprises, les salariés, les recruteurs ou les personnes qui cherchent un travail face à la révolution de l’IA.

Caroline Diard

Caroline Diard

Caroline Diard est professeur associé au département Droit des Affaires et Ressources Humaines à la Toulouse Business School.

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Atlantico : Bien que l’ère de la domination du marché du travail par l’IA ne soit pas encore une réalité, l’intelligence artificielle pourrait rapidement devenir votre prochain collègue. De nombreuses questions se posent pour les chefs d’entreprises, les salariés, les recruteurs ou les personnes qui cherchent un travail face à la révolution de l’IA. Quel est le type d’IA qui pourrait le plus rapidement s’installer au travail et comment est-il possible de se familiariser avec l’intelligence artificielle pour les salariés ? Des formations doivent-elles être envisagées au sein de l’entreprise ?

Caroline Diard : Les entreprises se sont emparées de l'IA dite générative (IA capable de générer différents types de contenu). 

Certaines ont d'ailleurs pris le parti de proposer des abonnements à leurs collaborateurs (ChatGPT par exemple), notamment dans le monde du conseil. Ces collaborateurs sont alors invités à s'approprier l'IA comme un outil. Il s'agit pour eux de mobiliser de nouvelles méthodes de travail. Certains métiers sont profondément bouleversés. A l'instar de ce que la micro-informatique a apporté aux entreprises dans les années 70-80, l'IA permet de repenser les missions qui vont évoluer grâce à l’assistance de l’IA. Il s’agit d’une assistance qui permet de se concentrer sur des tâches plus valorisantes, davantage stratégiques.

Les entreprises ont compris l'enjeu et proposent d'ores et déjà des formations à différents outils d'IA adaptés aux métiers de leurs collaborateurs.

Selon une enquête internationale menée par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) auprès de 5 000 salariés, environ 80 % des utilisateurs de l'IA ont déclaré que l'IA avait amélioré leurs performances au travail. Il s'agit donc pour les entreprises de prendre le train de l'IA en marche.

Certaines compétences vont devenir obsolètes alors que d'autres vont permettre aux collaborateurs de s'adapter à l'IA (identifier les outils cibles, rédiger un prompt, capacité à prendre du recul). Les employeurs doivent donc cartographier les besoins correspondant à leur coeur de métier et mettre en oeuvre des formations adaptées. 

Les entreprises doivent-elles adopter une politique claire en matière de l’utilisation de l’intelligence artificielle, notamment sur le plan organisationnel, et comment donner le plus d’informations possibles sur l’utilisation de l’IA au sein de l’entreprise pour rassurer les salariés ?

En France, l'IA pose la question de l'utilisation des données et des droits d'auteurs. l’IA utilise des données très nombreuses et notamment des données personnelles. Il s'agit d'un construit statistique algorithmique qui rend les données vulnérables.

 L'IA est encadrée par la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978 modifiée en 2004 : le RGPD (réglement général sur la protection des données, entrée en application en mai 2018) et l'IA Act. Le texte “vise à garantir que les droits fondamentaux, la démocratie, l’état de droit et la durabilité écologique soient protégés contre l’IA à haut risque, tout en stimulant l’innovation et en faisant de l’Europe un leader dans le domaine”, l'IA Act impose de respecter des règles de transparence : indiquer que le contenu a été généré par l’IA ; concevoir le modèle pour l'empêcher de générer du contenu illégal ; publier une synthèse des données protégées par le droit d'auteur. 

Dès à présent, il apparaît opportun de fixer les règles d'utilisation de l'IA et d'imposer aux collaborateurs de mentionner dans leurs missions si l'IA a été utilisée. Cela revient finalement à citer ses sources, ce qui se pratiquait avant l'arrivée de l'IA pour éviter tout contentieux pour plagiat (CPI, art L 122-4 : "Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, l'adaptation ou la transformation, l'arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque." NB : La violation des droits d'auteurs est constitutive du délit de contrefaçon puni d'une peine de 300 000 euros d'amende et de 3 ans d'emprisonnement (CPI, art. L. 335-2 s.).

A noter que certains outils permettent de détecter le recours à l'IA dans un texte (ChatGPT zéro, Compilatio IA...).

A qui servirait l’IA au sein des entreprises ? Quelle pourrait être la place de l’IA dans le flux de travail quotidien ?

L'IA peut permettre de générer tout type de contenu. Le champ des possibles est très large : aider à la mise en place d'un brainstorming en marketing,  génération de présentations, compte-rendu de réunions... l'IA est capable d'automatiser ou d'exécuter certaines tâches habituellement effectuées par un être humain. Elle est capable de "créer du texte, des images, de la vidéo, de l'audio et du code en fonction des demandes du demandeur". Cette utilisation doit être mesurée. En effet, l'IA peut aboutir à des "hallucinations" (ou des faits inventés), et donc diffuser de fausses informations.

Qui doit être en charge de l’IA au sein des entreprises ?

L'IA doit être une préoccupation transversale. Il appartient à la direction générale de fixer des règles et de donner les orientations. On peut ensuite envisager que la DSI définisse les procédures et chartes éventuelles et permette l'intégration des outils. 

Ill paraît important de centraliser les informations sur le recours à l'IA.

Le DPO (data protection officer) s'il y en a un peut aussi être sollicité dans le cadre de ses missions pour la protection des données. 

L’IA pourrait-elle avoir des biais pertinents pour le fonctionnement des entreprises ? 

L'IA est déjà utilisée dans de nombreuses entreprises grâce aux fonctions prédictives de Gmail, au système de recommandation de LinkedIn et à la gamme d'outils Office de Microsoft. 

Retranscrire un texte, activer des sous-titres  lors de réunions vidéo reposent sur l'IA.

Il est préférable dans un premier temps de définir les contours de l'IA utilisée par les collaborateurs, d'organiser une traçabilité des recours à l’IA. Puis, il s'agira de former et d'informer afin de se prémunir de toute dérive éthique ou tout risque juridique.

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