Ukrainiens déplacés de force : une vidéo montre un « camp de filtration » russe, selon le bureau du maire de Marioupol<!-- --> | Atlantico.fr
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Les habitants font la queue pour aller chercher de l'eau dans la ville de Marioupol le 10 mai 2022, lors de l'offensive russe en Ukraine.
Les habitants font la queue pour aller chercher de l'eau dans la ville de Marioupol le 10 mai 2022, lors de l'offensive russe en Ukraine.
©STRINGER / AFP

Déportations ?

Une vidéo publiée par le bureau du maire de Marioupol et relayée par le Washington Post a dévoilé l'intérieur d'un « camp de filtration » russe. La Russie est accusée de déplacer de force des Ukrainiens dans le cadre de l’offensive militaire.

Des témoignages et des enquêtes décrivent un ensemble de « lieux d'hébergement temporaire » éparpillés à travers la Russie, où sont envoyés des Ukrainiens venus des territoires envahis, selon des informations du Washington Post. Moscou les présente comme des « refuges », Kiev comme des « camps spéciaux » où des Ukrainiens sont emmenés, puis disparaissent. Selon le Washington Post, trois clips diffusés sur Telegram ont été filmés dans un « camp de filtration » dans une école du village ukrainien de Bezimenne, à l'est de Marioupol, sur la côte de la mer d'Azov. Des hommes emmenés de force de Marioupol « ont été placés dans l'école du village de Bezimenne », selon le message du Telegram qui l'accompagne, et n'ont pas eu accès à une assistance médicale. Les soldats russes menacent fréquemment les détenus de torture et d'exécutions, selon ce témoignage.

Cette vidéo montre l'intérieur d'un « camp de filtration » près de Marioupol, à l'intérieur d'un immeuble à Bezimenne, en Ukraine, où des Ukrainiens prétendaient être détenus avant d'être évacués vers la Russie.

Le bureau du maire de Marioupol a également déclaré qu'il était interdit aux gens d'apporter des effets personnels et que leurs papiers d'identité avaient été confisqués. Au lieu de cela, ils ont reçu des papiers de « filtration », selon des responsables.

Le Washington Post n'a pas été en mesure de vérifier ces affirmations de manière indépendante, mais les images satellite de fin mars ont montré la construction rapide de camps temporaires à Bezimenne, à quelques pâtés de maisons au nord de l'école.

Le lundi 9 mai, Kiev a déclaré que « plus de 1,19 million de [ses] citoyens, y compris plus de 200 000 enfants, ont été déportés vers la Fédération de Russie » depuis le début de la guerre en Ukraine. Le même jour, le Pentagone a affirmé avoir des « signes » que « des Ukrainiens sont envoyés contre leur gré en Russie », sans donner de chiffres précis.

A peine un mois après le début de la guerre entre l'Ukraine et la Russie, le ministère des Affaires étrangères ukrainien accusait déjà Moscou de « déporter de force » des milliers de résidents de Marioupol pour les emmener en Russie.

Des témoignages, ainsi que des enquêtes, ont mis en lumière un ensemble de « camps » où les Ukrainiens sont emmenés, souvent sans avoir vraiment le choix, parfois dans les zones les plus reculées de la Russie.

Selon la vice-Première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk, « 6 500 camps de filtration ont été créés en Russie et c’est un crime absolu contre l’humanité ».

Les Etats-Unis ont accusé le Kremlin de transférer « de force » des Ukrainiens, par dizaines de milliers, vers la Russie, en les faisant passer par des « camps de filtration ». Ces civils supposés proches de l’armée servent parfois de monnaie d’échange contre des prisonniers.

Selon Washington, plusieurs milliers d’habitants de Marioupol auraient été ainsi emmenés vers l’inconnu.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky sous-entend que ces structures servent aussi à commettre des exactions :

« Toutes les personnes qui sont allées vers ces territoires contrôlés par les Russes ont disparu. Elles se trouvent dans des camps spéciaux sur le territoire russe. Certaines d'entre elles ont disparu, tout simplement », a-t-il indiqué le 20 avril sur BFMTV.

Le nombre total de ces camps n'est pas connu, tout comme le nombre d'Ukrainiens qui s'y trouvent, mais une « source proche du pouvoir », citée par l'agence publique russe Tass le 11 mai, affirme que 34 000 personnes sont hébergées dans 523 « refuges temporaires ».

Pour quitter les territoires occupés par la Russie ou évacuer Marioupol, les Ukrainiens n'ont en général pas le choix : ils passent d'abord par des « camps de filtration » gérés par les forces séparatistes du Donbass.

Une fois le processus de filtration terminé, les Ukrainiens sont, d'après les témoignages, mis face à un « choix » : rester sans soins, sans eau, sans électricité et mourir ou partir en Russie

Les autorités russes ont affirmé avoir mis en place des camps temporaires pour les Ukrainiens déplacés par les combats à Marioupol. Ils ont diffusé des vidéos prétendant montrer leurs activités humanitaires et des entretiens avec des habitants présumés de Marioupol.

Le Washington Post relaie également le témoignage d’une femme qui a déclaré qu'elle et d'autres avaient été transportés en bus hors de sa ville natale vers un autre camp de filtration près de Novoazovsk, une ville près de la frontière russe à moins d'une heure de route de Marioupol. Là-bas, des soldats l'ont interrogée pour savoir si elle avait de la famille dans l'armée ukrainienne et ce qu'elle pensait des autorités de Marioupol.

Washington Post

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