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L'isolement des terroristes en prison renforcerait les croyances extrémistes
©JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Lutte contre la radicalisation

Selon une récente étude australienne, l'approche adoptée dans le cadre de conditions strictes de détention des condamnés pour des actes terroristes serait contre-productive.

Une étude menée par des chercheurs de l’Université nationale australienne sur les prisons a révélé que les restrictions strictes imposées aux auteurs d’actes de terrorisme auraient en réalité tendance à cimenter les croyances extrémistes. Séparer et isoler les délinquants terroristes dans les prisons ne fait que renforcer leurs convictions et rendre la réhabilitation plus difficile, selon les résultats de cette étude menée pendant dix ans sur les prisons aux Philippines.

Les conclusions, publiées mardi par Clarke Jones de l’Université nationale australienne, posent des questions sur l’approche adoptée dans certaines prisons. La rédaction du Guardian a également cité le cas de la prison Supermax en Nouvelle-Galles du Sud, en Australie où les auteurs d’actes terroristes sont généralement exclus de la population carcérale.

L’étude tend vers une approche contrastée avec les choix adoptés à Victoria. Dans ce cas précis les auteurs d’actes de terrorisme sont intégrés à d’autres pour "empêcher que les opinions extrémistes ne se renforcent continuellement de la part de détenus aux vues similaires".

Clarke Jones et son collègue philippin, Raymund Narag, ont passé une décennie à surveiller l’impact des environnements carcéraux les plus pénibles. La plupart des prisonniers radicalisés dans ces environnements sont impactés par l’isolement, la réduction du nombre de visites et la limitation des droits religieux.

L'étude révèle que la ségrégation a tendance à cimenter les croyances extrémistes. 

La dispersion des auteurs d'actes terroristes parmi les autres détenus a remis en question leurs systèmes de croyances, a favorisé une meilleure réadaptation grâce à l'accès aux programmes pénitentiaires et à la formation professionnelle. Ce choix n'a pas conduit à la propagation de la radicalisation, comme on le suppose généralement.

Cette étude s’est concentrée notamment sur deux prisons aux Philippines : le nouveau centre pénitentiaire de Bilibid, qui intègre les auteurs d'actes terroristes à la population en général, et la prison du district de Manille métropolitaine qui sépare les détenus. 

Dans le cadre des 12 à 18 derniers mois de l’étude, une tendance significative à la dégradation des conditions de vie et à un surpeuplement considérable a été constatée. Ces éléments s’expliquent grâce à l’approche radicale adoptée par le gouvernement de Rodrigo Duterte. Sous Duterte, les prisonniers ont été de plus en plus isolés de leurs familles et interdits de prier par grands groupes, vêtus de vêtements religieux et fréquentant des écoles arabes et islamiques.

Clarke Jones a néanmoins précisé que ses conclusions ne préconisaient pas que les prisons assouplissent leurs pratiques d’incarcérations pour les auteurs d'actes terroristes, ou placent les auteurs d'infractions particulièrement à risque ou dangereux avec d'autres.

Les chercheurs proposent en réalité de meilleures façons d'encourager la réadaptation, en donnant aux détenus quelque chose à faire quotidiennement, en les maintenant occupés.

Ces travaux ont été publiés dans un ouvrage intitulé Radicalisation des détenus et recrutement dans les prisons.

The Guardian

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