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Les narcotrafiquants mexicains à la conquête du monde
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Extension du domaine de la lutte

Le Mexique tente de mener une "guerre totale" contre les narcotrafiquants qui ensanglantent le pays. C'est peut-être peine perdue : le crime organisé n'est plus un problème régional, mais global. Les liens entre les cartels mexicains et les mafias occidentales en sont la preuve, et les trafics internationaux se "mexicanisent" en dépit de la politique de Félipe Calderon.

La police mexicaine est parvenue à arrêter le chef du cartel de la Familia, l'un des sept principaux groupes de narcotrafiquants du pays décrit par le FBI comme étant "d'un niveau incroyable de sophistication et de brutalité".

Les autorités locales se réjouissent de cette "prise" qui, si elle porte un coup (temporaire) à l'efficacité de ce cartel, ne risque pas de mettre à mal le trafic international de drogues tant les liens entre les cartels mexicains et les mafias d'Asie, d'Europe et d'Inde se sont renforcés au cours de ces dernières années. Les narcotrafiquants mexicains s'imposent désormais comme des acteurs incontournables, supplantant même leurs rivaux colombiens pour accéder à de nouveaux marchés dans le monde, notamment en Europe. Cette "mexicanisation" du trafic de drogues pourrait être une bonne nouvelle pour les Mexicains qui espèrent toujours une décrue de la violence des gangs, mais c'est oublier que l'accroissement des ventes mexicaines dans le monde rapporte tant d'argent qu'il en devient encore plus aisé de corrompre les autorités locales.

Le site mexicain Contralinéa publie une vaste enquête sur ce phénomène, menée notamment à partir des documents de l'Union Européenne et du département d'Etat américain. Elle confirme l'importance grandissante de la mafia mexicaine, devenue l'une des trois plus importantes au monde. Des liens économiques structurés existent avec des vendeurs et des acheteurs dans 12 pays d'Amérique du Sud, d'Europe et d'Asie. D'autres relations, plus logistiques, sont avérées avec des pays de transit comme le Paraguay, l'Argentine ou Panama.

Les cartels mexicains achètent par exemple de la cocaïne au Pérou pour ensuite la faire transiter par les Etats-Unis et l'Italie. Les mafias de ces deux pays importent également de l'héroïne, de la marijuana et des méta-amphétamines. Elaborées à partir de produits achetés à la mafia hindou, ces dernières sont essentiellement écoulées au Japon.

Les liens entre les organisations mexicaines et la 'Ndrangheta, la mafia qui contrôle toute la Calabre en Italie, ont été établis par une récente enquête de la Drug Enforcement Administration établie à Rome. Des représentants mafieux italiens agissent également depuis New York pour que le Mexique puisse exporter de grandes quantités de drogue via l'Océan Atlantique. L'Italie constitue aussi une plaque tournante de devises pour les narcotrafiquants mexicains qui y puisent une partie importante de leurs fonds.

L'Inde est devenue le principal exportateur des produits nécessaires à la fabrication de méta-amphétamines qui ne sont plus produites aux Etats-Unis, mais au Mexique étant donné les restrictions imposées sur les produits chimiques de l'autre côté de la frontière. Le commerce est en plein boum depuis 2005. Un gramme de cette drogue s'achète 127 dollars. Le marché le plus important et le plus lucratif se situe au Japon où 80 % des arrestations de narcotrafiquants sont liés aux méta-amphétamines.

Les mafias de Lima, au Pérou, ne sont pas en reste. 40 000 hectares de coca sont cultivés dans le pays, majoritairement à destination du Mexique qui en exporte une large partie.

Au Mexique, la guerre contre les narcotrafiquants a déjà causé la mort de 40 000 civils, sans diminuer fondamentalement l'activité des narcotrafiquants. Les experts cités par Contralinéa indiquent tous que la lutte contre le crime organisé ne peut être que globale, et non régionale ou locale, d'autant que celui-ci ne concerne pas uniquement la drogue, mais aussi les armes, les organes, les êtres humains ou les espèces animales en voie de disparition. Ces mêmes experts estiment que la politique ultra-répressive du président mexicain sera d'aucun effet sur la réalité des trafics internationaux tant que ses efforts ne seront pas cordonnés à un échelon plus global. Pour l'instant, ils s'interrogent sur le manque de volonté de la communauté internationale...

Le marché international de la cocaïne et de l'héroïne est estimé à 143 000 millions de dollars par l'ONU. On compterait entre 155 et 250 millions de consommateurs de drogues dans le monde, ce qui représente entre 3,5 % et 5,7 % de la population.

C.M.

Lu sur Contralinéa

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