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Grèce : sauvons les meubles !
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Zone Euro

Alors que le plan de soutien au Portugal a été entériné le 16 mai par les ministres des Finances de la zone euro, la Grèce serait prête à discuter d'une restructuration "douce" de sa dette. Une politique monétaire unique peut-elle convenir à un ensemble de pays hétérogènes ?

Florin Aftalion

Florin Aftalion

Florin Aftalion est professeur émérite à l'ESSEC.

Il a enseigné l’économie et la finance aux universités de New YorkNorthwestern et de Tel-Aviv. Il a cofondé la collection Libre Echange aux Presses universitaires de France

Son dernier ouvrage est  « Crise, Dépression, New Deal, Guerre », publié en 2012 aux éditions Economica

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Lors de la création de l’euro, des économistes avaient prévenu : une politique monétaire unique ne pouvait convenir à un ensemble hétérogène de pays comprenant aussi bien l’Allemagne que la Grèce. Aucun compte ne fut tenu de leur avis.

La zone euro connut quelques années de prospérité. Des taux d’intérêt exceptionnellement bas donnèrent un coup de fouet à l’économie grecque, mais y firent en même temps monter les prix plus vite que dans les pays du cœur de la zone. Lorsque la crise de 2008 révéla qu’Athènes, déjà fortement endettée, ne pouvait renouveler sa dette qu’en empruntant à des coûts prohibitifs, Bruxelles décida d’intervenir. Au lieu de laisser la Grèce faire appel au FMI et restructurer sa dette – ce qui aurait été conforme au traité de Maastricht – on lui prêta les fonds nécessaires pour passer les prochaines échéances. Sous condition qu’elle adopte un plan d’austérité consistant, en particulier, à réduire les dépenses publiques.

Ce plan a échoué. Pour durer jusqu’en 2013, la Grèce réclame encore 60 milliards d’euros qu’elle ne peut trouver sur les marchés qu’à des taux exorbitants. Si les responsables européens les lui prêtent en s’imaginant que la Grèce pourrait se sortir de son surendettement en empruntant davantage ils se trompent. S’ils croient qu’un nouveau plan encore plus austère que le précédent réussirait, ils se bercent d’illusions.

Le terrible constat est que la Grèce est incapable de payer ses dettes. Les responsables européens s'obstinent à refuser qu’elles soient restructurées (c’est-à-dire qu’elles soient amputées de quelque 40 % de leur valeur). Et, a fortiori, ils trouveraient impensable que la Grèce sorte de l’euro, mesure pourtant indispensable pour que ce pays retrouve sa compétitivité.

Effet domino

Malheureusement, le Portugal risque de suivre le chemin de la Grèce. Sans compter les difficultés qui attendent l’Irlande et peut-être l’Espagne. Ce dernier pays connaît une récession qui devrait être combattue par la baisse des taux d’intérêt. Mais des économies comme celle d'Allemagne subissent, elles, une inflation dont la cure exige une hausse des taux (qui est en train de se produire). Une fois de plus les faits montrent qu’une politique monétaire unique ne peut convenir à l’ensemble de l’actuelle zone euro. Par conséquent, nous devons souhaiter le retrait de cette zone des pays potentiellement insolvables et un retour au principe du nobail-out inscrit au traité de Maastricht.

Ce qui ne signifie nullement que la France doive quitter l’euro. Un nouveau franc se dévaluerait fortement ce qui entraînerait certes des avantages pour certains exportateurs, mais aussi une inflation difficile à maitriser sans mesures fortement impopulaires et en l’absence d’une banque centrale véritablement indépendante. Par ailleurs, n’oublions pas que la dévaluation du nouveau franc enchérirait considérablement notre dette publique qui resterait libellée en euros (et ne serait pas restructurée). 

Bien sûr, le rétrécissement de la zone euro et les restructurations correspondantes coûteraient cher aux banques françaises et allemandes et aux contribuables des pays réunis dans la monnaie commune épurée. Mais certainement moins cher que la poursuite des sauvetages à répétition de pays insolvables qui ne font que reculer les échéances tout en gonflant des dettes impossibles à honorer.

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