Vous êtes peut-être un hyperactif qui s’ignore : comment identifier les symptômes chez les adultes<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Problèmes de mémoire ou troubles de l'attention sont les principaux symptômes de l'hyperactivité.
Problèmes de mémoire ou troubles de l'attention sont les principaux symptômes de l'hyperactivité.
©Reuters

Diagnostic

Si les troubles de l'attention et l'hyperactivité sont connus pour toucher les enfants, ils concernent également les adultes... Incapacité à anticiper et à s'organiser, problèmes de mémoire ou troubles de l'attention en sont les principaux symptômes.

Christine  Gétin

Christine Gétin

Christine Gétin est Présidente et fondatrice de l’association HyperSupers TDAH France, depuis février 2002.
Elle est parent d’un enfant ayant un TDAH (trouble déficit de l'attention / hyperactivité).

Voir la bio »

Atlantico : Comment les troubles de l'hyperactivité se manifestent-ils chez les adultes ?

Christine Gétin : En général, c'est un trouble qui était déjà présent pendant l'enfance. Simplement, le trouble n'a pas été identifié à ce moment-là. Les adultes qui demandent de l'aide, le font généralement parce que cela a un retentissement dans leur quotidien. La plupart du temps, l'échec professionnel est ce qui les motive dans cette démarche.

Ces personnes se sont généralement vus à plusieurs reprises prescrire des neuroleptiques, des anti-dépresseurs. Le plus gênant pour les personnes concernées, c'est leur désorganisation et leurs difficultés à être attentives. Une jeune fille nous expliquait récemment qu'elle était incapable de démarrer un projet sauf à être la veille de la deadline. Ce n'est que lorsqu'elle est en situation d'urgence qu'elle réussit à travailler.

Les deux aspects les plus handicapants pour les adultes sont : l'incapacité à anticiper et à s'organiser, et des problèmes de mémoire. Néanmoins, les problèmes de mémoires ne sont aussi spécifiques aux troubles de l'attention que les problèmes d'organisation. Un mauvais sommeil peut par exemple  expliquer les problèmes de mémoires. Mais cela fait partie des plaintes que l'on peut entendre.

Plus particulièrement, comment cela se manifeste-t-il chez les femmes ?

Chez les adultes, nous recensons autant d'hommes que de femmes souffrant d'hyperactivité et de troubles de l'attention. En revanche, chez les enfants, on constate que les garçons sont plus nombreux à souffrir d'hyperactivité et ils sont généralement mieux diagnostiqués que les filles. Les filles passent généralement plus inaperçues dans leur enfance, car malgré ces troubles elles se conforment plus socialement.

Cela s'explique car elles souffrent surtout de troubles de l'attention et pas tant d'hyperactivité. Comme elles ne dérangent pas trop et qu'elles n'expriment pas trop cette gêne, on les diagnostique moins bien. Les filles atteintes de troubles de l'attention sont des petites rêveuses, parfois bavardes. L'autre versant des troubles de l'attention qui est l'hyperactivité et qui touche davantage les garçons, s'atténue avec l'âge. Les troubles de l'attention gênent finalement beaucoup plus que l'hyperactivité une fois adulte. Ce qui reste de l'hyperactivité à l'âge adulte, c'est l'impulsivité verbale et cognitive. Les filles vont couper la parole, parler plus vite qu'il ne faudrait, ce n'est pas une impulsivité physique. Les garçons vont devoir se retenir davantage physiquement.

Une fois adulte, les femmes souffrent également davantage de ces troubles de l'attention, notamment parce que c'est encore beaucoup à elles qu'il revient de gérer la vie de famille en parallèle de la vie de couple et de la vie professionnelle. Elles ont l'impression que c'est le chaos total. Elles ont une très mauvaise estime d'elles même, elles ont l'impression d'être nulles et de tout mal gérer. Les femmes ressentent généralement une grande culpabilité. Les hommes se sentent moins coupables, notamment parce que les conséquences de leurs troubles n'affectent bien souvent que leur vie professionnelle car ils ne gèrent pas encore les enfants de la même manière que les femmes.

Les adultes sont-ils suffisamment bien diagnostiqués ?

Non, pas du tout. Chez les adultes les troubles de l'attention et l'hyperactivité ne sont absolument pas bien diagnostiqués. Pendant une longue période, tout le monde croyait que cela ne concernait que les enfants. Alors même qu'ils empêchent de se réaliser scolairement et professionnellement. Parfois, on arrive quand même à atteindre un niveau scolaire mais cela reste bien en deçà des capacités des personnes concernées.

Parmi les personnes qui nous contactent, certains sont titulaires d'un doctorat. Ils peuvent avoir des capacités intéressantes mais ils ont généralement un métier dans lequel ils sont en sous performance, ils n'arrivent pas non plus à réaliser ce qu'ils doivent faire. Ils peuvent avoir des traits de génie, mais ils ne vont jamais au bout. Ils devraient donc être accompagnés dans leur travail, suivi par un coach par exemple.

Comment ces troubles sont-ils pris en charge ?

Il y a plusieurs niveaux sur lesquels il est possible de travailler. La principale difficulté des gens que je rencontre est justement qu'ils essayent de fonctionner comme monsieur et madame tout le monde mais ils ne peuvent pas. Et quand ils essayent et qu'ils échouent, ils se dévalorisent beaucoup et perdent beaucoup d'énergie. Une fois diagnostiqué, cela leur permet d'apprendre à déterminer leur propre fonctionnement. Ils arrêtent enfin de ramer à contre-courant et adaptent leur mode de vie à ce qu'ils sont. C'est déjà un point. Mais il faut les accompagner dans la compréhension de leur fonctionnement.

Différentes modalités de traitement existent. Par exemple, la thérapie comportementale et cognitive pour apprendre à s'autogérer et à gérer son impulsivité. Des coach spécialisés peuvent aider à mieux gérer un agenda et à adapter sa vie, à arrêter de se mettre des barres trop haut. Savoir s'auto-satisfaire pour ne pas être toujours déçu de soi. Et cela va les motiver pour la suite.

Une autre méthode est appelé "neurofeedback". Grace à des électrodes, on mesure les ondes de votre cerveau, ce qui permet de visualiser quand le cerveau décroche, se relâche. Cette visualisation a pour objectif de vous apprendre à vous contrôler. Mais les études faites sur les machines distribuées en France ne sont pas satisfaisantes.  Pour le moment, on sait que les effets ne s'inscrivent pas dans le temps mais ils sont positifs. C'est lourd et coûteux, il faut y aller toutes les semaines. Je ne le recommande pas spécifiquement mais certains le demandent.

Les thérapies cognitives ne font pas tout mais permettent de travailler et de diminuer l'anxiété causée par une accumulation d'échecs dans leur vie privée comme dans leur vie professionnelle. Ils ont souvent des troubles annexes et une anxiété de performance qui sont une conséquence du trouble de l'attention. L'un des plus grands écueils c'est les addictions au tabac et à l'alcool qui comptent parmi les conséquences directes. Un tiers des personnes souffrant d'hyperactivité et/ou de trouble de l'attention est accro à l'alcool et les chiffres du tabac sont encore plus effrayants.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !