Voilà pourquoi Uranus pourrait bien devenir la prochaine mission prioritaire de la NASA<!-- --> | Atlantico.fr
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Une image de la caméra avancée du télescope spatial Hubble de la NASA pour les relevés d'Uranus révèle les faibles anneaux de la planète et plusieurs de ses satellites.
Une image de la caméra avancée du télescope spatial Hubble de la NASA pour les relevés d'Uranus révèle les faibles anneaux de la planète et plusieurs de ses satellites.
©AFP / NASA

Nouveaux projets

Selon un nouveau rapport publié par National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine, une mission robotique orbitale vers Uranus devrait être la grande mission la plus prioritaire. Les scientifiques veulent sonder Uranus pour découvrir ses mystères.

Anna Alter

Anna Alter

Anna Alter est journaliste et écrivain. Docteur en astrophysique, elle a été journaliste à Science et Vie, à l'Evènement du jeudi, grand reporter à Marianne et rédactrice en chef adjointe de La Recherche. 

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Atlantico : Dans un document publié par la National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine (NAS), les scientifiques font leurs recommandations en matière de stratégie à la NASA pour la décennie à venir. L’une d’entre elles, notamment est de faire d’Uranus une priorité. Pourquoi cet intérêt renforcé pour Uranus ?

Anna Alter : Uranus, couleur menthe à l’eau avec ses treize anneaux opaques et larges, ses vingt sept satellites recensés, dont six majeurs et deux bergers qui gardent les cailloux à l’intérieur des ceintures, est un monde absolument fascinant. Cette septième planète était inconnue des Anciens pour qui la famille du Soleil ne comptait que six sœurs, la dernière étant la belle Saturne. C’est l’astronome musicien germano britannique William Herschel, évidemment aidé de sa frangine Caroline qui lui faisait la cuisine et les calculs, polissait ses verres et les équations, qui se servant d’un télescope de leur fabrication pour observer le ciel lointain est tombé dessus par hasard le 13 mars 1781. En voyant l’astre se déplacer lentement sur la voûte étoilée, il a cru d’abord avoir affaire à une comète qui perturbait l’harmonie des sphères, puis s’est rendu à l’évidence : il venait de mettre la main sur une planète à part entière et ce fut la révolution dans le système solaire. On a découvert encore Neptune, ensuite Pluton à qui le titre de planète a été récemment retiré en raison de sa petite taille. Les deux du fond restantes dénichées sur le tard, appartenant en revanche à la classe des gazeuses géantes, semblent un peu agitées et glacées de la tête au pied, étant trop éloignées pour bénéficier de la chaleur de notre étoile. Il faut environ deux heures et demi pour que les photons parviennent à la première, plus de quatre heures pour qu’ils arrivent sur la dernière, autant dire que beaucoup se perdent en route. Etudier de la Terre ces deux grosses-là est pratiquement impossible. Uranus en particulier, en apparence lisse, garde son mystère. Le géant au cœur de roc n’a été survolé qu’une fois par la sonde Voyager 2 il y a très longtemps, le 24 janvier 1986 très exactement, soit il y a 36 ans et des poussières. Le vaisseau spatial nous a envoyé de là-bas de magnifiques images puis a poursuivi son chemin en direction de la sortie du système solaire, et les deux ou trois choses qu’on sait d’Uranus commencent à dater… Or les planètes qu’on observe en dehors de notre système ont à peu près sa taille et la connaître en profondeur permettrait aussi de mieux comprendre les autres. D’où la recommandation des scientifiques d’aller voir de plus près ce qui s’y passe, de faire de son exploration une priorité, de mener ce qu’on appelle une enquête décennale sur la septième planète…

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Manque-t-on particulièrement de données à l’égard de cette planète ? Qu’est-ce que des expéditions tournées vers Uranus pourraient nous apprendre ?

On a tout à apprendre de cette planète située à 3 milliards kilomètres du soleil, à commencer par expliquer sa formation, car si on arrive à peu près à savoir comment naissent les petites planètes rocheuses comme Mercure, Venus, la Terre ou Mars et les énormes gazeuses comme Jupiter, Saturne, on ne s’explique pas bien comment se fabriquent des corps célestes de cette taille intermédiaire qui pourtant semble la plus courante, trois ou quatre fois plus grande que la terre est une taille moyenne pour les planètes extérieures à notre système. Et puis sa structure interne intrigue : comment Uranus garde-t-elle son apparence calme alors qu’elle  semble en proie à des tempêtes intérieures. On voudrait aussi connaître des détails sur ses anneaux, son atmosphère et ses multiples lunes dont certaines pourraient abriter des océans.

On dit que ce rapport décennal est particulièrement influent, ces recommandations pourraient-elles entraîner des décisions concrètes et importantes sur les années à venir

La Nasa suit en général les recommandations, en particulier elle les a écouté concernant Mars et c’est reparti, des sondes ont été envoyées sur la planète rouge avec des engins automatiques pour prélever des échantillons. Evidemment ce n’est pas la même distance, donc pas le même prix, ni la même durée de voyage… Mais nous avons des opportunités de lancement favorables en 2031 et 2032 qui permettraient à un vaisseau spatial d'utiliser une fronde gravitationnelle autour de Jupiter pour gagner du temps de croisière et se rendre sur Uranus en 13 ans "seulement". Il ne faudrait pas les rater et expédier un satellite artificiel autour de la planète atteinte d’une bizarrerie par rapport aux autres : son axe de rotation est presque parallèle au plan de son orbite autour du Soleil,  comme s'il s’était couché sur le côté… On ferait aussi descendre des instruments dans son atmosphère pour prendre sa température.

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