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Divorce France/Allemagne :
les solutions allemandes
pour sortir de la crise
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Hymne à la joie

Alors que la tension monte entre François Hollande et Angela Merkel, une réunion sur la sortie de crise de l'euro se tient ce vendredi. Les deux dirigeants discuteront avec Mariano Rajoy et Mario Monti. L'occasion pour l'Allemagne de défendre sa vision d'une Europe fédérale.

Isabelle  Mouilleseaux

Isabelle Mouilleseaux

Isabelle Mouilleseaux est directrice de publications chez Publications Agora.

Elle a notamment co-écrit Le déclin du Dollar : une aubaine pour vos investissements ? (Valor, 2008).

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L'Europe est dos au mur... Devant, le vide... Le saut de l’ange, le grand saut fédéral... Derrière, l’échelle qui permet de "faire demi-tour"... L’espoir du "Comme au bon vieux temps...".

Aujourd’hui, "tout est possible". L’accélération de l’histoire est oppressante. Et les décisions que nous allons prendre façonneront dramatiquement notre avenir. Pour le meilleur ou pour le pire.

Face à ce constat, le duo Wolfgang Schäuble (ministre fédéral des Finances d'Allemagne)/ Angela Merkel fait une proposition de fond : construire une Europe fédérale. Le fédéralisme, l’Allemagne le connaît bien. Ses avantages, risques et inconvénients aussi. Son expérience façonne sa vision.

L'exemple de Brême façonne la vision fédéraliste allemande

Parlons expérience fédérale...

L’exemple de Brême permet de comprendre pourquoi les Allemands refusent la mutualisation des dettes sans transfert au préalable de souveraineté, droit de regard et moyens répressifs.

Le renflouement de la ville-État de Brême par tous les Länders via les transferts a été un fiasco. Tout simplement parce que Brême a continué de dépenser sans compter au lieu de remettre de l’ordre dans ses finances.

Une expérience qui a frappé les esprits des Allemands, qui craignent de voir ce fiasco se reproduire à grande échelle en cas de mutualisation de la dette européenne, et ce sans contrôle sur les budgets...

Comme disait Mme de Staël , "Mon Dieu ! Les désirs de l’Homme dépassent toujours les dons que vous lui faites"...

Quelle Europe proposent Schäuble et Merkel ?

Bonne nouvelle, le plan allemand retient tout d’abord les propositions de croissance de François Hollande (comprenez : on commence par caresser dans le sens du poil...) : renforcement de l’action de la Banque européenne d’investissement (BEI), les fonds structurels (MES) et les projects bonds.

Ensuite, ça se corse... Le plan prévoit un renforcement de la compétitivité des pays par des réformes structurelles profondes du marché du travail. Du Hartz (réformes du marché du travail Hartz prises sous le mandat du socialiste Gerhard Schröder), si vous voyez ce que je veux dire

L’union budgétaire et fiscale des pays deviendrait réalité. Là, on passe aux choses sérieuses : transferts de souveraineté et vote de la règle d’or…

Vient ensuite l’union politique au travers de l’élection d’un président européen (président de la commission de Bruxelles) au suffrage universel et la nomination d’un ministre européen des finances. La cour européenne de justice verrait ses pouvoirs renforcés pour sanctionner les États « mauvais élèves » (le cas de Brême finira par vous convaincre, j’y reviens dans un instant).

L’Union bancaire européenne chapeauterait les banques nationales et le MES (mécanisme européen de stabilité) resterait l’outil de gestion des crises financières (notre mini FMI à nous).

In fine, la création d’un marché de la dette unifié, avec les eurobonds. Et en attendant la création de ce grand marché de la dette, Berlin propose la création d'un fonds de rédemption européen dans lequel seraient transférées les dettes des pays de la zone euro dépassant le seuil des 60 % du PIB. Comprenez création d’une bad bank qui rembourserait progressivement la "dette perpétuelle". Dette qui serait financée par les marchés à un taux tout à fait soutenable.

Bien entendu il serait impossible de venir "gonfler" cette bad bank avec de nouvelles dettes liées à de nouveaux dépassements de budgets. D’où la nécessité de maintenir les budgets nationaux dans les clous, et donc d’un "contrôle". La "bonne dette" devra rester inférieure à 60% du PIB. Un sujet très suivi chez Protection&rendements.

Et si pour une fois on faisait passer l’intérêt de nos enfants avant l'intérêt immédiat ?

Vendre le fédéralisme aux peuples va être difficile. Pour la France et l’Allemagne, union rimera pendant des années avec " transferts vers la périphérie". Car l’argent devra en priorité servir à reconstruire la croissance des pays à genoux.

Quant au concept de souveraineté, les peuples y sont très attachés et n’ont absolument pas été préparés à cela.

Imaginez une harmonisation de l’âge de la retraite, des marchés du travail, des systèmes de retraite, des statuts de la fonction publique, des taux d’imposition... Les populations sont elles prêtes à cela ?

Ce processus aurait dû se faire sur 30 ans. S’il devait désormais se faire, ce serait "au pas de charge"… Ce qui est démocratiquement parlant extrêmement dangereux.L’urgence de la situation risque d’évincer le débat démocratique : ce serait vicier d’office les racines même d’une construction fédérale.

L’intégration ne sera acceptable et acceptée que par ceux qui sont capables de vision long terme. En sommes nous capables ?

Nous avons dépensé sans compter depuis 40 ans et plombé les générations futures qui devront payer pour nos erreurs. Et si pour une fois on faisait passer l’intérêt de nos enfants avant les nôtres ?

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