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Virus et bactéries : une menace bien ancienne pour l’humanité
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Bonnes feuilles

Yves Roucaute publie "L'Hommo creator face à une Nature Impitoyable" (Contemporary Bookstore). Le temps est venu de raconter la plus fabuleuse des batailles. Toute l’histoire de l’humanité a été celle de la lutte pour dominer la nature, domestiquer la planète. L’humanité est Homo creator. La créativité est ce qui la distingue de tous les vivants. Extrait 1/2.

Yves Roucaute

Yves Roucaute

Yves Roucaute est philosophe, épistémologue et logicien. Professeur des universités, agrégé de philosophie et de sciences politiques, docteur d’État en science politique, docteur en philosophie (épistémologie), conférencier pour de grands groupes sur les nouvelles technologies et les relations internationales, il a été conseiller dans 4 cabinets ministériels, Président du conseil scientifique l’Institut National des Hautes Etudes et de Sécurité, Directeur national de France Télévision et journaliste. 

Il combat pour les droits de l’Homme. Emprisonné à Cuba pour son soutien aux opposants, engagé auprès du Commandant Massoud, seul intellectuel au monde invité avec Alain Madelin à Kaboul par l’Alliance du Nord pour fêter la victoire contre les Talibans, condamné par le Vietnam pour sa défense des bonzes.

Auteur de nombreux ouvrages dont « Le Bel Avenir de l’Humanité » (Calmann-Lévy),  « Éloge du monde de vie à la française » (Contemporary Bookstore), « La Puissance de la Liberté« (PUF),  « La Puissance d’Humanité » (de Guilbert), « La République contre la démocratie » (Plon), les Démagogues (Plon).

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L’humain n’aurait-il pas connu cancers, virus, bactéries, champignons, et tant d’autres maux connus aujourd’hui ? Serait-il responsable, par la domestication des maladies qui l’assaillent aujourd’hui ? À nouveau, je connais la légende d’une responsabilité des humains dans leurs malheurs afin de les culpabiliser de vouloir domestiquer la nature. 

Certes, des maladies qui n’existaient pas sont apparues, d’autres se sont développées. Certains virus ont muté au cours de l’histoire humaine, d’autres ont été transmis via les espèces animales. Mais tous les virus et les bactéries existaient bel et bien avant l’apparition de l’humanité et ils ont biologiquement muté sans que celle-ci y soit pour quelque chose. Et si le nombre de maladies dégénératives ou des cancers semble plus important parfois, c’est d’abord parce que la mortalité infantile est devenue plus faible et l’espérance de vie incommensurablement plus grande. 

Quand les idolâtres de la nature sont fiers de pouvoir exhiber, enfin, une preuve de leurs assertions ubuesques en prétendant que les tumeurs n’existeraient pas avant les temps modernes, on se met à sourire. Diantre ! L’humanité serait-elle donc enfin responsable de son malheur ? Et pourrait-elle culpabiliser devant les progrès des sciences et des techniques ? 

Les cancers existaient, évidemment. Ainsi, au paléolithique archaïque, les archéologues ont découvert sur site de Swartkrans, un cancer avancé sur un os de pied daté de 1,7 million d’années. Cancer (ostéosarcome) qui a probablement tué l’individu. On en a trouvé aussi, auprès des restes du terrible tigre à dents de sabre, sur l’un des squelettes d’australopithèques du site de Malapa, en Afrique du sud, daté de 1,95 millions d’années, dont rien ne prouve qu’il fut bénin. 

Au paléolithique moyen, sur le site de Krapina, dans un abri sous roche vieux de 120 000 ans, parmi 876 fragments de fossiles de néanderthaliens, probablement des restes d’un festin anthropophage, se trouvait une côte supérieure gauche symptomatique du cancer qui est probablement venu à bout de cet humain (dysplasie fibreuse), sauf s’il a été ingurgité avant sa mort programmée. Et, peut-être fut-il dévoré précisément parce qu’il était malade, pour chasser les mauvais esprits de la nature, comme nous le comprendrons plus tard. 

Malgré la quasi impossibilité d’avoir accès aux cops mous du corps, il est quand même possible de prouver que les tumeurs au cerveau existent, comme le montre le squelette d’un jeune garçon de 9 ans sur le site de Lazaret, probablement mort d’une tumeur au cerveau (méningiome). 

Les autres maladies existaient aussi, même si certaines sont apparues plus tard en raison de l’évolution des virus et des bactéries et aussi des contacts entre humains plus nombreux. Et s’il est à nouveau difficile de les repérer en l’absence des tissus mous. 

Lors des fouilles du site de Kocabas, une équipe de chercheurs a découvert un crâne daté de 510 000 ans environ d’un individu ayant été atteintsans aucun doute par la tuberculose. Or, la tuberculose, est bel et bien due à une bactérie naturelle, Mycobacterium tuberculosis, et non à l’action humaine. 

Il existait des infections mycobactériennes non tuberculeuses, et le bacille de la lèpre, vieux de 20 millions d’années, est apparu au paléolithique moyen en Afrique de l’Est. L’absence de la lèpre parmi les populations précolombiennes d’Amérique, parfois mise en avant, serait due à une variation génétique. Les populations nomades qui les précédaient ont probablement été touchées par cette maladie. 

L’ensemble des maladies produites par les tréponèmes, comme la syphilis ou la pinta, seraient apparues il y a 1,5 millions d’années, serait vieille d’au moins 2 millions d’années, avec une préférence de transmission par l’infection humaine. 

Beaucoup de ces maladies qui ont assailli les humains venaient de leurs contacts avec la nature, en particulier les singes. Les études dans le sud du Cameroun, en 2005, démontrent que les humains sont infectés « naturellement » par leurs contacts avec les animaux porteurs. Et ils sont aujourd’hui massivement présents dans la population, tel le virus T-lymphotropique qui peut causer la leucémie et qui était présent dès le paléolithique. D’autres tel le pian, parfois appelée « chancre », dont la présence au paléolithique est attestée sur les os, sont propres aux humains. 

L’idée que les maladies dues aux salmonelles, comme la typhoïde, n’auraient pas existé avant l’homme alors que la microbiologie prouve que ces bactéries sont apparues il y a 40 millions d’années et qu’elles existent sous leurs formes virulentes depuis 25 millions d’années, ne peut être acceptée. Comment les humains auraient-ils pu ne pas les rencontrer ? Tout comme la malaria et les autres maladies transmises par les moustiques mais aussi les poux qui ont attaqué les humains comme le prouvent les analyses génétiques sur les ossements de ceux qui vivaient dans la savane tropicale. 

L’idée que, dans les conditions d’hygiène du paléolithique, il n’y aurait pas eu de gastro entérites, ne saurait retenir le bon sens. Ne serait-ce qu’en consommant des charognes, les nomades du paléolithique en étaient victimes, tout comme les dernières nomades vivantes. 

Les ténias eux-mêmes ne sont pas dus à l’élevage humain. Ils sont apparus avant le pléistocène, il y a 2,5 millions d’années, et ils ont été ingurgités par les hyènes et les félins, transmis ensuite aux carnivores humains qui consommaient ces bestioles. 

L’hypothèse émise par les idolâtres de la planète d’une absence de pandémie dans cette vie « naturelle » est bien la seule qui soit vraisemblable. Mais, paradoxalement, cela ne tenait pas à une volonté de vivre en harmonie avec la nature mais à l’impossibilité d’y arriver. 

Les humains décimés par le désordre naturel ne pouvaient guère croître et ils vivaient en petits groupes. Les contacts entre tribus existaient mais ils étaient limités. Les conditions d’une pandémie n’étaient donc pas réunies. 

Y-a-t-il eu des épidémies ? Cela est certain. Virus et bactéries ne sont pas programmés pour s’arrêter. Probablement expliquent-elles d’ailleurs la disparition de tribus entières depuis 7 millions d’années. Le passage de certains virus des animaux aux lignées humaines et des lignées humaines entre elles, comme des Homo néandertaliens aux Hommes modernes, prouve que la seule barrière des maladies transmissibles était le confinement involontaire des tribus et leurs défenses immunitaires.

A lire aussi : Yves Roucaute : "Les écologistes ont oublié 7 millions d’années de combats acharnés de l’humanité pour survivre face à une nature impitoyable"

Yves Roucaute a publié "L'Hommo creator face à une Nature Impitoyable : 7 millions d’années contre l’idolâtrie de la nature", aux éditions Contemporary Bookstore

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