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Viols de poneys à Saint-Nazaire : mais que se passe-t-il vraiment dans la tête d’un zoophile ?
©Allociné

Tabou

Deux hommes originaires de Saint-Nazaire, âgés de 19 et 20 ans, ont été pris en flagrant délit d’actes de zoophilie la semaine dernière sur des juments d'un poney-club.

Alexis  Rapin

Alexis Rapin

Alexis Rapin est psychiatre et sexologue.

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Atlantico : Deux hommes originaires de Saint-Nazaire, âgés de 19 et 20 ans, ont été pris en flagrant délit d’actes de zoophilie la semaine dernière sur des juments d'un poney-club. La zoophilie est-elle considérée comme un trouble psychique ? S'agit'il d'une pathologie ?

Alexis Rapin : La zoophilie (attirance sexuelle pour les animaux) est effectivement considérée comme un trouble psychique dans la plupart des classifications modernes diagnostiques. Elle est notamment catégorisée comme une paraphilie non spécifiée selon DSM (Diagnosis and Statistical Manual of Mental Disorders).

Par paraphilie on entend attirances ou pratiques sexuelles qui diffèrent des actes traditionnellement considérés comme « normaux ».  Cela ne veut donc pas nécessairement dire qu’il s’agit d’une pathologie (ou maladie), mais plutôt d’une pratique sexuelle déviante qu’il convient de remettre dans un contexte historique et culturel. Une pratique sexuelle est définie comme pathologique si elle est gênante socialement. Le caractère pathologique est donc retenu par rapport à la société dans laquelle vit le sujet et à sa tolérance en matière de comportements sexuels. Il existe encore des sociétés primitives dans lesquelles la zoophile est acceptée (Indiens Hopi, Masaï...).

De nombreux pays et notamment les pays européens ont légiféré et condamné cette pratique. En France il s’agit d’un délit relevant du Code pénal et relevant de sanctions pouvant aller jusqu'à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.

Quelles sont les causes connues de ces comportements ? Les cas sont-ils fréquents ? 

A ce jour, ce type de comportement est très peu étudié et il est très difficile d’établir des statistiques.

Toutefois,  les quelques données anthropologiques que nous disposons semblent mettre en évidence que lorsque les êtres humains vivent proche des animaux, avec une certaine proximité physique et émotionnelle (sous réserve qu'il n'existe pas d'interdits ou de stigmatisations culturelles), alors la probabilité d'observer ce comportement est très grande.

Le phénomène a notamment pu être mis en évidence au niveau statistique par Alfred Kinsey dans les années 1950 au travers de ses rapports sur les comportements sexuels de la population américaine. Il indique qu’un très faible pourcentage de la population (4 à 7 % de la population américaine, principalement dans les régions agricoles) a eu au moins une fois un rapport sexuel avec un animal.

Concernant les causes, aucune corrélation n’a été établie par des travaux de bonne méthodologie entre les pratiques sexuelles déviantes et une quelconque anomalie génétique ou biologique. Il en est de même pour la zoophilie.

Sur le plan psychiatrique, il est difficile de définir un profil type de la personne qui pratique de tels actes. Cela peut aller de la personne carencée sur le plan affectif et intellectuel, au névrosé lambda, comme celui qui présente un trouble psychiatrique sous-jacent (une structure de personnalité pathologique, un trouble délirant). Enfin, le comportement peut être volontaire, impulsif ou compulsif !

La zoophilie est considérée comme une déviance sexuelle ou paraphilie, au même titre que la pédophilie, le masochisme, l'exhibitionnisme ou le frotteurisme. Qu'est-ce qui rassemble ces différences déviances ? 

Comme je le disais précédemment, le diagnostic de paraphilie repose essentiellement sur la sémiologie clinique, qui s’appuie sur les critères définis par le DSM.

On entend par le terme de paraphilie « un fantasme, une impulsion ou un comportement sexuel récidivant et sexuellement excitant, survenant depuis au moins six mois et provoquant un désarroi cliniquement significatif ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants ». Il s’agit donc bien d’une sexualité pathologique, qui entraîne une gêne, une souffrance chez le sujet en compromettant son insertion sociale.

Ainsi il peut exister une multitude de paraphilies, dépendant de la créativité imaginative et des envies de chacun (plus ou moins amorales), allant d’un registre sexuel qualifié d’exclusif à large !

Et ce n’est pas parce que vous avez un jour fantasmez sur les chaussures de votre partenaire, ou sur votre chinchilla que vous êtes définitivement condamné à être un/une paraphile ! Non, c’est la répétition sur une longue période qui prévaut ! Et cela n’est rarement durable sur toute une vie. Pas de panique donc !

Existe-t-il un traitement efficace à ces comportements ? https://ci6.googleusercontent.com/proxy/RnNZfQn2o2xpggJQqefCOervMbPIci5mujDPJnvl43kv6Rtxjyh5gHN_JKVzeU-aaGz3pePFgxfoAAtZJZNx8mveVTc-11j98EfuAJVcumUenA=s0-d-e1-ft#https://ssl.gstatic.com/ui/v1/icons/mail/images/cleardot.gif

J’insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une maladie ! Et je rappelle également qu’il s’agit d’une pratique condamnable en France, du ressort du pénal pour les personnes qui sont prises en flagrant délit de passage à l’acte sur les animaux.

Puis, selon le degré d’envahissement de ce comportement, une approche psychiatrique et/ou sexologique est indiquée. Il vaut mieux consulter un spécialiste averti à ces questions !

Un traitement médicamenteux n’a pas sa place ici (sauf cas très exceptionnels). Oublions donc tout ce qui concerne la castration chimique (ou physique !). Pour les traitements psychotropes et autres antidépresseurs,  leur rare indication sera uniquement en cas de comportement compulsif ou à risque de passage à l’acte agressif.

De mon côté, j’aurais tendance à travailler sur le plan sexothérapique autour de l’élargissement des codes d’attraction sexuelle afin de diversifier le registre sexuel de ces gens. Il faut leur montrer qu’il existe d’autres possibilités de s’exciter sexuellement ! Cela peut passer par un travail autour du mode d’excitation sexuelle et un recentrage sur l’érotisation de leur archétype sexuel. Il important de comprendre que ces comportements ne sont pas fixés dans le marbre, et que les pratiques sexuelles peuvent être évolutives.

Enfin, il me semble primordial de développer les habilités relationnelles et de séductions envers l’autre ! Tout un programme !

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