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Villani / Griveaux : effet whaouh ou pas, que peuvent vraiment faire les maires de métropoles mondialisées ?
©CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Périmètre d'action

A l’occasion de sa déclaration de candidature pour la mairie de Paris ce mercredi, le mathématicien dissident de LREM Cédric Villani évoquait une ambition majeure, en matière de rayonnement de la capitale comme d’écologie ou de justice sociale.

Robin Rivaton

Robin Rivaton

Robin Rivaton est chargé de mission d'un groupe dans le domaine des infrastructures. Il a connu plusieurs expériences en conseil financier, juridique et stratégique à Paris et à Londres.

Impliqué dans vie des idées, il écrit régulièrement dans plusieurs journaux et collabore avec des organismes de recherche sur les questions économiques et politiques. Il siège au Conseil scientifique du think-tank Fondapol où il a publié différents travaux sur la compétitivité, l'industrie ou les nouvelles technologies. Il est diplômé de l’ESCP Europe et de Sciences Po.

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Atlantico.fr : Alors que Cédric Villani a annoncé sa candidature pour la mairie de Paris, se pose la question du périmètre d'action et du pouvoir du maire dans les grandes métropoles qui ont vécu, avec la mondialisation, des changements profonds. Quels sont les pouvoirs du maire d'une grande métropole aujourd'hui, notamment en France ? 

Robin Rivaton : Les maires des grandes métropoles ont des pouvoirs relativement similaires, le plus important d’entre eux étant la maîtrise de l’urbanisme, à la fois du bâti et des réseaux de transport qui le traversent. Ils gèrent également les services publics de proximité, ramassage des déchets, éducation primaire et secondaire, équipements sportifs et culturels, la police et la sécurité incendie, etc… Ils sont souvent dépourvus de pouvoirs fiscaux ou règlementaires qui sont exercés par les Etats fédérés ou l’Etat central. La métropolisation ayant créé depuis une vingtaine d’années un flux entrant très puissant pour ces territoires, l’enjeu est bien souvent l’amélioration de la qualité de vie.

Le phénomène de concentration de population, d'emplois, de richesse et de fonctions de pouvoirs qu'est la métropolisation pose des problèmes de politiques publiques. Les inégalités territoriales entre les centre-villes et les banlieues sont parfois synonymes de tensions sociales ou politiques, la concentration des populations peut engendre des problèmes de pollution ou d'insécurité. Le maire d'une métropole peut-il agir pour réduire ces effets, au-delà de la gestion du quotidien ? Dans quelle mesure d'ailleurs l'égalité des territoires doit-il être un objectif d'urbanisation ?

Il y a dans la plupart des métropoles une déconnexion entre l’aire urbaine et les collectivités territoriales, la première dépassant souvent les secondes. Ceci exacerbe la spécialisation de l’espace qui peut se transformer en un véritable égoïsme territorial ou en tout cas inhibe fortement les tentatives de redistribution et de partage de la richesse créée. Il est tentant pour les dirigeants des espaces centraux qui bénéficient de la meilleure connexion en transports et de la concentration de l’activité économique de vouloir repousser les problèmes sur leurs franges, que ce soit la question des personnes sans logement, immigrées ou dépendantes. Un sujet actuel est la politique de transports qui vient mêler considérations morales et modes de vie. Le taux d’équipement en voiture chez les habitants des centres-villes a fortement baissé alors que les externalités négatives de celle-ci sont de plus en plus critiquées (pollution, bruit, accidents…). Ceux-ci estiment que la voiture doit être plus fortement taxée et la circulation restreinte. Evidemment, cela se fera au détriment des habitants situés en périphérie qui dépendent souvent de ce moyen de transport.

A propos du développement économique de son territoire, le maire d'une métropole a-t-il les moyens de faire autre chose que de l'attractivité "marketing" ? Dans le cas où il réussit, n'aggrave-t-il pas les problèmes politiques posés la métropolisation ?

Les maires des métropoles, de toutes tailles, qu’elles soient régionales comme Bordeaux ou Lyon ou mondiales comme Paris, ont largement bénéficié d’une attractivité naturelle de leurs territoires ces dernières décennies. Ils n’ont bien souvent eu qu’à accompagner ce mouvement. La compétition s’est néanmoins élargie à de nouveaux territoires, en Asie, ou avec des villes plus petites mais profitant d’une législation nationale très favorable (Dublin, Lisbonne). Les politiques d’attractivité sont donc nécessaires pour capter les flux touristiques, de talents, de personnes fortunées et en dernier ressort d’investissement internationaux. Le marketing n’est utile que s’il sert à mettre en lumière une réelle politique favorable que ce soit sur la propreté, la sécurité, la signalétique en langue étrangère ou des atouts tangibles en matière de climat ou de vie nocturne. Evidemment, dans un univers où la construction de logements neufs est insuffisante, ces politiques d’attractivité se traduisent souvent par un remplacement d’une population par une autre. C’est ce qu’on a documenté ces dernières années avec la location courte durée dans les centres-villes touristiques qui a réduit l’offre locative pour les résidents permanents.

Est-ce qu'il vous semble que le maire de Paris peut aujourd'hui agir suffisamment dans le cadre métropolitain ou que son périmètre reste réduit à la ville intra muros ? 

Malheureusement la réforme du Grand Paris est incomplète. Nous investissons des dizaines de milliards dans un réseau de transports permettant de relier le centre à sa couronne et les territoires de la couronne entre eux et nous n’en tirerons pas les pleins effets parce que la réforme institutionnelle a été arrêtée au milieu du gué. Le premier chantier du futur maire de Paris sera avant tout de plaider pour cette réforme institutionnelle. Sinon il ne sera jamais que l’équivalent du maire de Manhattan (1,6 million d’habitants) mais jamais celui de New-York (9 millions d’habitants).

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