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Vers une nouvelle crise des migrants : l’Europe renvoyée au pied du mur de ses contradictions par l’Italie, Malte et le destin du navire Aquarius
©LOUISA GOULIAMAKI / AFP

Rebelote

L'Aquarius, navire d'ONG qui avait récupéré 600 migrants tentant de passer en Europe, a finalement trouvé un port. Après avoir été refusé en Italie, à Malte et au Royaume-Uni, c'est finalement en Espagne qu'il se rendra.

Jacques Barou

Jacques Barou

Jacques Barou est docteur en anthropologie et chargé de recherche au CNRS. Il enseigne les politiques d’immigration et d’intégration en Europe à l'université de Grenoble. Son dernier ouvrage s'intitule La Planète des migrants : Circulations migratoires et constitution de diasporas à l’aube du XXIe siècle (éditions PUG).

 

 

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Atlantico : L'Europe est une nouvelle fois prise dans ses contradictions depuis la crise avec l’Italie et Malte . En imaginant que l’Europe du sud se ferme totalement, quels seraient les pays les plus concernés et que pourrait faire l’Europe face à la crise migratoire ?

Jacques Barou : Pour le moment l'Europe du sud n'est pas totalement fermée. Le fait que l'Aquarius après avoir été repoussé en Italie et à Malte ait pu débarquer à Valence en Espagne où vient de se constituer un nouveau gouvernement moins favorable à la fermeture montre que la perspective de voir tous les pays européens riverains de la méditerranée se mettre d'accord pour refuser tout débarquement ait encore bien lointaine. La France a été touchée il y a plusieurs années par un débarquement "sauvage" de Kurdes près de Fréjus et pourrait devenir une destination possible au cas où la fermeture serait effective dans les pays les plus touchés habituellement : Italie, Grèce, Espagne. Il est peu vraisemblable que les passeurs sortent de la méditerranée pour débarquer les migrants sur les rivages des pays d'Europe du nord. Le détroit de Gibraltar est une zone étroite et très contrôlée et la distance vers les rivages atlantiques de l'Europe est trop longue pour le type de navires utilisés.

De manière prospective, dans l'hypothèse où les Etats d'Europe du Sud en viendraient à fermer leurs portes, plutôt que de laisser des migrants risquer leur vie et errer en méditérannée, l'Europe  aurait-elle les moyens d'imposer une sorte de blocus au départ de ces pays?

Matériellement l’Union  pourrait organiser un blocus car elle dispose des  moyens humains et matériels, mais ce type d’opération ne peut se faire qu’en cas extrême de guerre, ou de menace terroriste à un niveau si élevé qu'elle déclencherait un conflit militaire.  Si le nombre de terroristes utilisant le flux des migrants  pour se fondre dans la masse  et débarquer sur le sol européen devenait significatif, effectivement ce type d'opérations pourrait être envisagées.

L'hypothèse d'un contrôle militaire des côtes africaines est-elle envisageable ?

La question du contrôle des frontières africaines est devenue très complexe et presque impossible depuis la chute de Mouammar Kadafi. Nous n’avons plus ce contrôle. Avant d’en arriver à des solutions de type militaire, l’UE passera de toute façon par des tentatives d’accord avec les pays du sud, quitte à mettre beaucoup d’argent pour qu’ils jouent le rôle de pays "tampon".

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