Vers un accord franco-allemand pour stimuler les investissements en Europe : ce que les expériences passées révèlent sur l’efficacité qu'on peut en attendre<!-- --> | Atlantico.fr
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Michel Sapin et Wolfgang Schäuble.
Michel Sapin et Wolfgang Schäuble.
©Reuters

Mission impossible

Michel Sapin et Emmanuel Macron étaient lundi 20 octobre à Berlin, avec pour mission d'inciter l'inflexible ministre des Finances Wolfgang Schäuble à soutenir la croissance européenne au travers d'une politique d'investissement. Il est d'accord, mais seulement pour des investissement privés, douchant ainsi les espoirs français.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Michel Sapin et Emmanuel Macron se rendaient à Berlin ce lundi 20 octobre, avec un objectif clair : inciter l’Allemagne à investir afin de soutenir la croissance de la zone euro. Mais c’est une fin de non recevoir qui a été adressée aux ministres français. La relance par la dette, par l’investissement public et par les projets d’infrastructure ne sont pas au programme dans une Allemagne souhaitant avant tout conserver sa parfaite rigidité fiscale. 0% de déficits pour 2014 et pour les années à venir, le ministre des Finances Wolfgang Schauble vit un rêve éveillé.

Pourtant, le débat relatif aux dépenses d’infrastructure n’est pas absurde, il mérite mieux que d’être rejeté d’un simple revers de la main. Selon le cabinet de conseil McKinsey, de nombreux pays auraient besoin de renforcer leurs dépenses dans ce domaine :

Infrastructure. Dépenses estimées nécessaires et dépenses actuelles. En % de PIB

Pour l’Allemagne et la France, le constat est le même. Les dépenses d’infrastructure ne représentent que 2.2 et 2.3% du PIB et mériteraient d’être relevées de près de 30%. Car ces dépenses ne sont pas qu’une lubie, elles permettent d’améliorer le potentiel économique d’un pays, comme le rappelle le FMI :

"Dans notre échantillon d’économies avancées, une augmentation de 1 point de pourcentage du PIB en investissements élève le niveau de production de 0.4% pour l’année en cours, et de 1.5 % quatre années après la dépense".

Ce qui signifie que chaque euro dépensé en infrastructure permet de génerer sa croissance propre. Eau, transport, énergie etc. Les secteurs de développement sont nombreux et les réfections sont nécessaires en Europe afin de conserver et d’améliorer un niveau de développement de premier rang mondial.

Car le coût de tels projets est trompeur. En effet, la grande force d’un projet de qualité est sa capacité à "s’autofinancer". Lorsqu’un Etat s’endette pour investir dans un projet à fort potentiel, la croissance générée (par une nouvelle route, un moyen de transport, une nouvelle source d’énergie) aura pour effet de venir neutraliser la dette contractée lors du lancement du projet. La dette augmente, la croissance augmente, le ratio de dette sur PIB est donc stabilisé tout en permettant une amélioration du potentiel de croissance. Une situation rendue possible par le très faible niveau de taux d’intérêts en Europe aujorud’hui.

Impact sur la croissance et sur la dette d’un projet d’infrastructure. Source FMI.

Bien évidemment, si les dépenses d’infrastructure peuvent avoir des effets positifs sur la croissance à court, moyen, et long terme, elles ne peuvent être suffisantes pour relancer à elles seules l’économie du continent. Les dépenses ne seront utiles qu’à partir du moment où le projet développé offre une réelle amélioration du potentiel économique du pays ou de la qualité de vie des habitants.

Sans cela, les dépenses peuvent s’empiler pour batir un empire d’infrastructures dont le meilleur exemple est le Japon, un pays ou le "stock d’infrastructures" atteint les 179% du PIB du pays, contre 16% au Brésil ou 57% au Royaume Uni.

Stock d’infrastuctures en % de PIB. Mc Kinsey

Ce qui signifie que les dépense d’infrastructure ne sont pas réplicables à l’infinie. Le Japon a persisté longtemps dans cette voie sans aucun succès, car le pays menait une politique concomittante de restriction monétaire. Ce qui a eu pour conséquence de briser les efforts entrepris du côté budgétaire. Ce que la première main donnait était repris de la seconde, pour un résultat nul.

Si les dépenses en infrastructure sont une piste sérieuse pour redresser l’économie euuropéenne à moindres frais, le continent ne pourra faire l’économie, à l’instar du Japon, de son indispensable réfome structurelle : la refonte du mandat de la Banque centrale européenne. L’Europe serait alors, elle aussi, sur la voie des Abenomics.

Pour lire le Hors-Série Atlantico, c'est ici : "France, encéphalogramme plat : Chronique d'une débâcle économique et politique"

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