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Deux mois de "grandes vacances" pour les enfants du primaire : est-ce trop ?
Deux mois de "grandes vacances" pour les enfants du primaire : est-ce trop ?
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Juillet-août

Vincent Peillon a critiqué ce vendredi le petit nombre de jours de classe des élèves en primaire. Le ministre de l'Education affirme que "144 jours de classe pour les enfants du primaire français, c'est une exception et ça leur coûte cher et ça nous coûte cher".

Eric Deschavanne

Eric Deschavanne

Eric Deschavanne est professeur de philosophie.

A 48 ans, il est actuellement membre du Conseil d’analyse de la société et chargé de cours à l’université Paris IV et a récemment publié Le deuxième
humanisme – Introduction à la pensée de Luc Ferry
(Germina, 2010). Il est également l’auteur, avec Pierre-Henri Tavoillot, de Philosophie des âges de la vie (Grasset, 2007).

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Atlantico : Ce vendredi, le ministre de l'Education, Vincent Peillon, a dénoncé sur les ondes d’Europe 1 le trop petit nombre de jours de classe des élèves en primaire. Qu’en pensez-vous ?

Eric Deschavanne : Nos élèves ont beaucoup moins de jours de classe que leurs aînés. Le ministre a mis en lumière l’impact du milieu socio-culturel sur la prise en charge de ces jeunes en précisant qu’à l’approche du baccalauréat, un certain nombre de collégiens ou de lycéens qui sont dans ces centres d'examen vont se retrouver livrés à eux-mêmes. Comme il l’a dit, lorsque les familles ont les moyens de leur offrir un certain nombre d'activités, tout va bien. Quand ce n'est pas le cas, ça fait des jeunes qui ne sont pas pris en charge par la collectivité.

Dans quelle mesure la longue durée des vacances est-elle source d’inégalités ?

144 jours de classe en primaire sur 365 jours dans l’année. Le calcul est vite fait : cela représente 221 jours pendant lesquels les enfants ne travaillent pas. Que font ils pendant ce temps là ? C’est là que le bas blesse. Certains ont la chance de partir avec leurs parents en vacances et de s’enrichir au gré de ces voyages. Ils échangent avec eux, apprennent de nouvelles choses. Compte tenu du nombre de jours de vacances, il est clair que l’éducation se fait essentiellement indépendamment de l’école. L’éducation nationale ne peut donc pas compenser les éventuelles failles éducatives qui se manifestent au sein de certains foyers tant les enfants fréquentent peu les bancs de l’école. On comprend l’origine de l’inégalité scolaire. C’est une aberration pédagogique.

Existe-t-il des solutions ?

Il est indispensable de trouver des solutions en développant par exemple le péri-scolaire. Quelques pistes ont été envisagées, pour utiliser les structures scolaires pendant l’été. Les écoles sont ouvertes et les élèves qui le souhaitent peuvent assister à des enseignements, dispensés par des volontaires. Il convient de multiplier et d’encourager ce type d’initiatives. Je ne vois pas pourquoi les professeurs ne donneraient pas un programme de travail aux enfants. Il existe diverses manières de les inciter à travailler.

Mais à nouveau, c’est le même problème qui rejaillit : l’inégalité face aux devoirs, entre ceux qui sont accompagnés par leurs parents et ceux qui ne le sont pas. Ceux qui sont encouragés à travailler. Et les autres. Pour ces « autres » précisément, la longue interruption de l’été est fâcheuse. Ils sont complètement déconnnectés et perdent le bénéfice de ce qu’ils ont appris par le passé. C’est à force de répéter les choses tous les jours, de manière régulière, que l’on progresse. Quand j’entends que les journées scolaires sont trop longues, et que les enfants sont stressés, cela a le don de m’exaspérer :  les enfants français ne travaillent pas trop. Ils ne travaillent pas assez ! Autant dire que je plaide de toutes ses forces aux côtés de ceux qui souhaitent la réouverture des salles de classe le samedi matin. D’ici fin juillet, de nouvelles mesures seront annoncées. Réduiront-elles les inégalités ? Une chose est sûre, il reste encore beaucoup à faire...

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