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Une nouvelle étude montre que le plastique déversé dans les océans ne venait pas que de là où on croyait (mais l’Europe n’y est toujours pour pas grand chose)
©GULSHAN KHAN / AFP

Déchets marins

Des études antérieures suggéraient les plastiques rejetés à la mer provenaient très majoritairement de quelques grands fleuves d’Asie. Les dernières recherches, qui viennent d'être publiées dans Science Advances donnent une vision beaucoup plus affinée.

François Galgani

François Galgani

François Galgani est responsable de projet à l'Ifremer et spécialiste d'écotoxicologie marine. Il est particulièrement concerné par les effets toxicologiques des pollutions à caractère industriel sur les organismes marins.

Il est par ailleurs  spécialisé dans le suivi des déchets en mer et sur le littoral, leur dégradation et leurs impacts  sur la faune marine. A ce titre, il coordonne un groupe européen en support à la mise en place de la directive Stratégie pour le milieu marin.

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Atlantico : De précédentes études ont mis en avant le rôle de grand fleuves asiatiques dans la pollution au plastique de l’océan. Une étude plus récente du Dr Hannah Ritchie précise que les petites rivières jouent aussi un grand rôle. Comment l’expliquer ?

François Galgani : Les premiers travaux étaient surtout portés sur les grands fleuves étant plus accessibles et où les déchets se voient souvent. Il a alors fallu quelques années pour éclaircir les sources et les apports au niveau des rivières. Aujourd’hui plus d’un millier de sources d’eau ont été étudiés et les données sont plus précises. Nous pouvons ainsi mieux voir les fleuves qui apportent la pollution. 

Les zones fluviales avec une forte densité de population dans lesquels il y a du ruissellement sont particulièrement touchés. Nous sommes alors passés d’un rôle très important des grands fleuves à un rôle très important des petites rivières. Ainsi, cela va permettre d’avoir une gestion beaucoup plus ciblée du problème. 

Le pourcentage de fleuves a-t-il changé avec ces nouveaux travaux ? 

On disait qu’il y avait 20 ou 30 fleuves qui représentaient 80 % des apports de déchets dans le monde. Cela était largement exagéré car nous n’avions pas de données précises. Avec ces découvertes, nous sommes à 1600 fleuves qui représentent 80 % des apports. Cela montre l’importance des fleuves qui n’étaient pas pris en compte avant.

Comment les chercheurs ont-ils pu observer la pollution fluviale ? 

Pour étudier le taux de pollution on installe des filets et on compte les microplastiques. Il est aussi possible d’utiliser des drones pour faire des surveillances et connaître la contamination d’un débit. Avec des échantillons de rivières, ils extrapolent les données pour savoir quelles sont les contributions des différentes rivières ou fleuves. Avec ces dernières nous pouvons alors établir un bilan de la nature de nos fleuves. 

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Lors des années précédentes, il y a une certaine constance : les pays d’Asie du sud-est sont de grands pollueurs, mais aujourd’hui on précise les apports. On voit que certains petits fleuves sont plus touchés que d’autres. 

En Europe sommes-nous moins touchés par ce fléau que l’Asie du sud-est ? 

Sur notre continent, l’habitat est moins diffus que dans cette région du monde à l’exception des grandes capitales. Nous avons des infrastructures de traitement des eaux avec des rétentions et du dégrillage. Les comportements sont différents avec une résultante : nous générons moins de déchets. Nous les recyclons mieux, sans pour autant être parfait. Le bilan est plus favorable. 

Il y a cependant des particularités locales. Dans le sud de la Méditerranée ou dans certains fleuves côtiers avec les crues il y a des apports massifs de déchets. Des cas extrêmes peuvent arriver et le bilan n’est pas non plus favorable. 

De l’autre côté de la Méditerranée, le Nil est l’un des grands fleuves responsables d’apport mais le Pô l’est aussi. Dans le cas du Nil, la population du Caire est d’environ 15 millions d’habitants, 6 millions d’habitants à Alexandrie et les villes périphériques du Caire ont peu d’infrastructures de traitement des eaux. L’apport est alors plus conséquent et la Banque Mondiale ou le G20 financent des infrastructures dans les zones, mais cela ne va pas se régler en quelques jours. 

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