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Une nouvelle ère politique... Combien de temps la prise de conscience durera-t-elle ?
©Reuters

Feu de paille ?

Les attaques de l'Etat islamique ont mis les querelles politiciennes entre parenthèse pour affronter la situation. Pour combien de temps ?

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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AAprès le choc de l’insoutenable, on cherche en soi des raisons de ne pas sombrer dans la désespérance car on sait que cela va recommencer. Une guerre cancérigène qui ressemble à l'époque, avec des ennemis non identifiables illuminés comme aux pires temps de l'obscurantisme moyenâgeux et dissimulés dans un i.cloud diabolique. Il faut aujourd’hui contenir sa soif de vengeance tous azimuts, par principe et aussi par impuissance : se venger ou se protéger de qui ? Où? Comment ?

Il y a encore un sentiment qui domine, en plus de la solidarité liée au désir d'unité nationale et internationale, c'est la prise de conscience (pour combien de temps?) du dérisoire de nos petits combats quotidiens avortés. En cela, toute la classe politique rassemblée ensemble à Versailles était une promesse. Tout à coup les Régionales apparaissaient comme des querelles de clochers, les chamailleries des partis politiques comme minables, les rivalités de personnes comme le comble de la médiocrité. Faut-il le malheur pour que nous nous dépassions?

Pourtant le discours du Président de la République au congrès ne nous a pas rassurés, l'inquiétude monte sur notre capacité à faire face, au terrorisme comme au reste. Au-delà du discours supposé roboratif avec des affirmations volontaristes et forcément bienvenues, il reste les solutions traditionnelles franco-françaises : on annonce un pacte (de sécurité) on modifie un peu la constitution, on crée 5000 postes nouveaux et 2500 de plus et encore 1000 dans les douanes, on laisse tomber le pacte de stabilité. Les entreprises frissonnent, même si c'est pour une bonne cause, car ce sont elles qui paient le déficit : il faut bien trouver l'argent quelque part. Et puis si l'accroissement des effectifs permettait de lutter contre le terrorisme, nous serions rassurés...

Il n'y avait aucune remise en question dans les propos présidentiels, aucun changement d'attitude, rien sur le fond. Juste une diatribe touchante sur la République, dont nous ne savons plus exactement ce que le terme veut dire. François Hollande réitère sa confiance et sa fierté de la France, mais quelle France ? Il renchérit sur notre volonté de ne pas nous laisser faire, comme si nous en avions eu l'intention, nous les français ?

Nous aurions, le Président en tous les cas (car le JE présidentiel est à l'honneur) tout bon, grâce à nos valeurs ? Se protéger, oui mais pas de "frontières françaises à barbelés" a-t-il proclamé, des frontières Européennes ... certes.

Et puis cette notion du temps qui semble déconnectée de l'urgence et de la menace oppressante, récurrente ; combien de temps pour recruter, former, mettre en place ces effectifs miracle ? Inquiétant, d'autant que 3 jours après l'attentat les frontières, les aéroports et les gares semblent des passoires aux voyageurs auxquels on avait annoncé le rétablissement des contrôles. Les seuls bastions infranchissables sont les ministères (rue de Varenne fermée et l’Elysée barricadé)

Nous aurions voulu vibrer, ressentir un changement d'attitude, comprendre comment et pourquoi "avant" les mesures ont été insuffisantes, pourquoi nous n'avons pas assez et bien agit ?

La vraie question et c'était pour le chef de l’Etat l'occasion de donner une direction, un souffle nouveau est de savoir comment lutter contre nos idéologies culpabilisantes, comment cesser d'avoir peur des mots que nous fuyons comme remède aux maux, comment accepter de réfléchir à une identité française qui doit être un ciment, arrêter de fuir la réalité sous prétexte d'esprit de tolérance à bon compte. Nous aurions voulu entendre qu'enfin nous allions cesser de considérer le laxisme comme une forme de solidarité.

Pour faire cette sorte de guerre, il va falloir affronter la réalité, sortir nos banlieues de l'impasse et de la criminalité choisir, une fois pour toute, notre destin et en prendre les moyens. Gérer les migrations autrement, accélérer les réformes face au choc économique de l'attentat et de la crise, accepter l'autorité, revoir le fonctionnement de la justice, oser fermement l'éducation !

Et de cela rien n'a été dit, rien n'a été ressenti. Nous sommes restés dans une technocratie peut être nécessaire mais fondamentalement impuissante : le " plus de moyens" n'est pas une politique.

Nous souhaitions un appel Gaullien qui nous aurait permis d'espérer que cette guerre était l'amorce d'une forme de Renaissance française. 

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