Une majorité de sympathisants UMP et FN en faveur d'accords locaux<!-- --> | Atlantico.fr
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55% des sympathisants de l'UMP et 62% de ceux du FN souhaiteraient un rapprochement aux élections locales. Photo : Steeve Briois
55% des sympathisants de l'UMP et 62% de ceux du FN souhaiteraient un rapprochement aux élections locales. Photo : Steeve Briois
©Reuters

Sondage exclusif Ifop pour Atlantico

Selon un sondage exclusif Ifop pour Atlantico, 55% des sympathisants de l'UMP et 62% de ceux du FN souhaiteraient un rapprochement aux élections locales.

 Ifop

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L'Ifop est un institut de sondages d'opinion et d'études marketing.

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Atlantico : Selon un sondage exclusif  Ifop pour Atlantico, les sympathisants UMP (55%) et FN (62%) souhaiteraient la mise en place d'accords électoraux aux scrutins locaux. Après une légère baisse de cette volonté de rapprochement chez les sympathisants UMP depuis la présidentielle de mai 2012, ce chiffre repart à la hausse en mars 2014, comment l'expliquer ?

Jérôme Fourquet : Avant l'arrivée de Marine Le Pen à la tête du Front National, de la fin des années 2000  à la fin des années 2010, seulement un tiers de l'électorat de droite était favorable à des accords locaux. Après l'arrivée de Marine Le Pen, le paysage a complétement changé. Ceci est lié notamment à la stratégie de dédiabolisation du FN, mais aussi parce qu'à partir de ce moment-là, le FN est redevenu une force électorale puissante capable de gêner ou d'empêcher des victoires de la droite. Tant que le parti apparaît comme totalement sulfureux et infréquentable et qu'il est cantonné à des scores électoraux marginaux, la nécessité d'une alliance n'apparaît pas évidente pour les électeurs UMP.

Une dynamique électorale impressionnante s'enclenche alors en Mai 2012 quand que le FN récolte 18% des voix aux présidentielles. On a également vu cette tendance dans les partielles des élections législatives il y a un an, ainsi que la cantonale de Brignoles. Ainsi, l'électorat de droite s'interroge, et se dit, si l'on veut durablement gagner, est ce qu'il ne va pas falloir que l'on s'entende avec le FN à un moment donné au moins au niveau local. Et ce qui est intéressant, c'est que le point haut dans la volonté de rapprochement  UMP-FN de la part des sympathisants UMP (54%) est atteint au second tour de la présidentielle, lorsque la droite se dit que pour l'emporter elle aurait besoin de toutes les voix. Depuis la présidentielle, on est redescendu symboliquement sous la barre des 50% et là, 55% des sympathisants UMP se prononcent pour un accord avec le FN aux élections locales, qui s'explique par le même phénomène que celui que l'on qu'on observait lors de la présidentielle.

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Cette tendance peut-elle être amplifiée par les bons résultats électoraux du FN lors de ce premier tour des municipales ?

Il est très intéressant de se pencher sur ce qu'il se passe en région pour l'électorat UMP. Seulement 38% des électeurs UMP de l'Ile-de-France souhaitent des alliances avec le FN, nous sommes donc très en dessous de la moyenne nationale. En province, ce chiffre monte à 58%. On se rend compte ainsi que la droite de province est majoritairement acquise, à 58%, à des alliances au niveau local. Si l'on détaille un peu l'analyse géographique, on remarque à la fois une coupure Paris-Province mais aussi une coupure Est-Ouest. Le Nord-Ouest, c'est à dire le Bretagne, les Pays de la Loire, ou encore la Basse-Normandie, a un électorat de droite plutôt modéré, où le FN ne fait pas vraiment de score. La nécessité de faire des alliances au niveau local apparaît alors ici moins évidente. Seulement 39% des électeurs UMP souhaitent une alliance. Dans le Sud-Ouest, c'est à dire les régions Midi-Pyrénées et Aquitaine, les terres de Juppé et Raffarin, on est à 52%. Si l'on se déplace au Nord-Est, de la Champagne-Ardenne à la Picardie, du Nord-Pas-De-Calais, à l'Alsace-Lorraine. Ici, quasiment trois quarts de l'électorat UMP est favorables  à des accords locaux. Donc on retrouve une droite plus dure et un FN plus fort. Et dans le Sud-Est, en PACA, Languedoc Roussillon et Rhône-Alpes, là, on est à 61%. Donc en Ile-de-France et dans l'Ouest on a seulement qu'une minorité favorable alors qu'on est aux deux tiers favorables dans la moitié Est du pays. Il y a donc des débats idéologiques au sein du parti entre les différents courants, mais aussi des réalités géographiques. On va voir ensuite dans les jours qui viennent s'il y des accords de fusion à la base, qui seront peut-être même désavouées par le national. Mais ce sera dans ces régions de l'Est que cela pourrait se produire.

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Du côté des sympathisants FN, on note une tendance dans l'autre sens. Alors qu'en Mai 2012 77% d'entre eux étaient pour un accord électoral dans les élections locales, aujourd'hui, ils ne sont plus que 62% à y être favorable, comment l'expliquer ?

Du côté de l'électorat FN, on remarque une vraie baisse de 10 points par rapport à la dernière mesure de septembre 2013, et de 15 points par rapport à la présidentielle de mai 2012. Nous pouvons l'interpréter de deux façons. L'élément le plus marquant est qu'il traduit le sentiment de puissance de cet électorat FN, qui se sent suffisamment fort aujourd'hui pour ne pas ressentir forcement le besoin de s'allier. Et puis dans un second temps, comme ce débat n'a pas avancé, une partie de l'électorat FN peut être lassée de tendre la main. Le fait que le parti présente plus de listes que par le passé, qu'il fasse de bons scores, on assiste à une autonomisation accrue du FN qui  souhaite toujours des alliances mais plutôt au second tour. Il  souhaite moins d'alliance qu'avant, car l'électorat  prend conscience que le parti est une force à part entière et qu'il n'a plus vocation à jouer les supplétives de la droite. Ce qui est un peu l'enseignement du scrutin d'hier.

Est-ce les résultats du FN à ces municipales démontre une progression durable ou peuvent-ils être relativisés par la hausse du nombre de listes ?

Les résultats du FN ne doivent pas être regardés au niveau global mais villes par villes. Et là où ils étaient présents, ils progressent fortement. C'est une progression durable sans doute car le scrutin municipal est celui qui est le plus difficile pour eux. La première performance est d'être parvenu à monter un nombre inégalé de listes dans près de 600 communes. La deuxième performance s'inscrit dans les résultats d'hier. Hénin-Beaumont tombe au premier tour, le FN est en tête dans plusieurs villes. Enfin, le FN a la capacité de se maintenir dans beaucoup d'endroits, y compris dans des villes pas forcement annoncées comme à Strasbourg par exemple. C'est incontestablement un succès pour le FN et avant même d'avoir les résultats, leurs électeurs en étaient un peu conscients et étaient donc moins disponibles ou disposés que par le passé à s'allier à l'UMP.

Les électeurs du FN considèrent-ils avoir moins en commun avec l'UMP ?

Cela peut s'expliquer en parti une explication. Mais c'est peut-être aussi le signe qu'il y'a une part grandissante des électeurs du FN qui ne viennent pas de la droite. Du coup, cela parait moins évident à ceux-là de s'allier avec la droite. Ils viendraient ainsi d'une partie de la gauche ou ce serait des électeurs sans préférence politique et n'étant pas des électeurs de droite radicalisés.

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