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Une élection pour changer ou pour sombrer
©Capture d'écran LCI

Du tout au tout

Alors que le Front national s’est ancré dans le paysage politique français, son programme n’a pas réellement changé : incarnant repli sur soi et préférence nationale, le vote du 23 avril reflète l’angoisse de millions de Français, qui se sentent en insécurité dans une triple dimension économique et sociale, culturelle et sécuritaire.

Jean-Baptiste Danet

Jean-Baptiste Danet

Jean-Baptiste Danet est Président de CroissancePlus. En 2001, il crée Interbrand France. Apres 10 ans, dont 5 en tant que Président d'Interbrand Europe, Jean-Baptiste Danet rejoint Dragon Rouge en 2011 comme directeur général du Groupe et associé des fondateurs. Il quitte l’entreprise en 2016 et rejoint, en tant que Coprésident, le Groupe Ipanema.

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Qu’elle soit vécue ou perçue, cette insécurité tient bien évidemment à l’état du pays. Le modèle Français montre en effet ses limites : malgré des déficits structurels inscrits dans la durée, le plus élevé ratio de dépenses sociales de l’OCDE et un niveau de prélèvements obligatoires de 10 points supérieur à la moyenne de l’OCDE (44.7% du PIB en 2015), la France subit un chômage de masse (9.7% de la population active en mars 2017) et entre 5 et 8,8 millions de pauvres selon la définition adoptée (50 ou 60% du revenu médian). Alors que le pays n’a pas voté un budget à l’équilibre depuis 1974 et que la croissance est en moyenne de 0.82% par an depuis 10 ans, la France est figée sur le mythe d’un modèle protecteur, qui ne protège plus ; il s’est en revanche rigidifié au point de ne plus tenir la promesse républicaine historique, celle de permettre à chacun d’avoir la possibilité d’exprimer son talent.

Les causes du malaise français ne sont pas en Europe. L’Europe a trop servi de bouc-émissaire facile, pour masquer nos propres manquements, et cette pratique largement répandue a baissé de façon dramatique l’adhésion à la construction européenne. L’Europe doit certes être réformée, elle qui s’est parfois perdue dans une technicité inutile, faisant dire à l’ancien Premier Ministre italien Matteo Renzi qu’une Europe qui définit quel hameçon prendre pour pêcher l’espadon mais reste muette sur la crise des migrants a perdu de son sens.

Les vraies causes du malaise français sont en France, dans les choix qui ont été faits depuis 20 ans, de laisser filer les déficits et d’augmenter la pression fiscale. Ces politiques sont néfastes pour nos entreprises, tout particulièrement les PME, qui souffrent de rigidités multiples, notamment administratives, et d’une complexité fiscale et sociale potentiellement dissuasive.

Les entrepreneurs de CroissancePlus sont inquiets de l’importance du vote qui met en cause la mondialisation. Elle a ses excès, ses conséquences peuvent être parfois négatives, lorsque les règles du jeu ne sont pas encore clarifiées, mais il est nécessaire de voir le monde tel qu’il est : ce monde qui avance est une chance pour la France et pour ses entreprises. Elles ont besoin de pouvoir s’y inscrire pleinement car elles ne peuvent pas réussir sans audace, sans ouverture, sans prise de risques.  Pour les entrepreneurs qui se battent pour les développer, le monde est l’horizon nécessaire. Qu’il n’y ait aujourd’hui qu’un Français sur quatre qui considère l’ouverture au commerce international comme une opportunité, selon un sondage Ipsos de février 2017, montre combien la méfiance est profonde, mais aussi la méconnaissance d’une réalité qui est celle de notre économie : les entreprises françaises dépendent de leur ouverture au monde, avec un taux de 26% en 2015. Et 2 millions de Français travaillent en France pour les 20 000 entreprises étrangères qui y sont présentes.

En contrepartie, les entrepreneurs mesurent leur responsabilité : elle est d’abord de partager les fruits de la croissance de leur entreprise, car elle résulte toujours de l’effort collectif de l’ensemble de ses collaborateurs. Faciliter la négociation en leur sein devra permettre de trouver un juste équilibre entre cet effort collectif et sa rétribution. Dans un pays où le dialogue social tourne trop facilement au dialogue de sourd, cette évolution est porteuse d’une responsabilisation collective dont les entreprises bénéficieront, mais aussi surtout leurs salariés.

C’est le combat de CroissancePlus, qui fête aujourd’hui ses 20 ans. Ces bougies, les entrepreneurs qui développent leur activité en France espèrent les souffler dans une France apaisée et réformée. Seul le vote républicain est en mesure de l’apporter.

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