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Jean Castex plan de relance
Jean Castex plan de relance
©ludovic MARIN / AFP / POOL

Impact du coronavirus

Le quasi consensus de la classe politique pour accueillir favorablement l’annonce du plan de relance a une explication : chacun espère que la manne distribuée généreusement nourrira ses propres projets.

Marc de Basquiat

Marc de Basquiat est consultant, formateur, essayiste et conférencier. Fondateur de StepLine, conseil en politiques publiques, il est chercheur associé du laboratoire ERUDITE. Il préside l’Association pour l’Instauration d’un Revenu d’Existence (AIRE) et intervient comme expert GenerationLibre. Il est diplômé de SUPELEC, d'ESCP Europe et docteur en économie de l'université d'Aix-Marseille. 

Son dernier ouvrage : L'ingénieur du revenu universel, éditions de L'Observatoire.

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La première décennie de la Vème République a été l’apogée des Trente Glorieuses, avec la multiplication de grands projets industriels tels que la conception du Concorde, le plan calcul, la constitution d’une filière nucléaire, la construction de l’usine marémotrice de la Rance, etc. Les discours accompagnant le lancement du plan de relance hier avaient quelques résonnances gauliennes, promettant non seulement d’éviter le marasme créé par l’épidémie mais aussi de lancer (enfin) les initiatives fortes préparant la France aux défis du futur. 

Certes, l’histoire a montré que les crises sont aussi des opportunités de rebond, de transformation, d’innovation (cf. Schumpeter). Mais cela ne fonctionne pas toujours. Plonger avec un (gros) gilet de sauvetage ne permet certainement pas de toucher le fond de la piscine pour rebondir d’un ferme coup de talon.  Les français étant largement protégés économiquement pendant le confinement, avec en particulier un chômage partiel financé par l’Etat pour la majorité des salariés et la trésorerie des entreprises sécurisée par divers moyens, ils flottent comme des bouchons à la surface des eaux, attendant passivement la suite de l’opération de sauvetage. 

La bipolarisation de l’économie s’accentue, entre des grands groupes et entreprises technologiques qui vivent la crise comme une opportunité et des entreprises plus locales ou de services qui subissent de plein fouet le marasme général. Après avoir déclenché en mars une énorme « opération Canadair » qui a incidemment permis aux français d’augmenter leurs épargne de quelques 100 milliards, le gouvernement parviendra-t-il à redynamiser notre tissu économique ? 

Le parcours des 296 pages d’annexe du plan diffusé hier interroge. Extrait :

« La logique du PIA4, dans son volet dirigé, est de cibler quelques secteurs, marchés ou technologies prioritaires pour la résilience et la souveraineté de notre économie, dans le cadre de stratégies cohérentes mobilisant tous les leviers adaptés (normes juridiques, financements, fiscalité, recherche, formation, etc.) pour soutenir les innovations selon leur maturité, depuis leur conception, en passant par la démonstration de leur efficacité en situation réelle, jusqu’aux conditions de leur déploiement en lien avec les territoires, favorisant ainsi une meilleure articulation entre amont et aval des politiques d’aide à l’innovation ».

On y perçoit le volontarisme d’une administration qui ne semble pas douter de sa capacité à distinguer les projets qui feront les succès industriels du futur. Par exemple :

« La rupture technologique d’ampleur que promettent les technologies quantiques d’ici 5 à 10 ans fait du soutien à ce secteur un impératif économique et souverain : ordinateurs quantiques un milliard de fois plus rapides, permettant des outils de simulation et d’optimisation sans précédent pour la chimie, la santé, l’énergie ou les transports, capteurs quantiques permettant une navigation sans infrastructure ou des facultés de détection inédites, communications infalsifiables et impossibles à intercepter, etc. ».

Par ailleurs, ce plan intègre de nombreuses mesures déjà dans les cartons, à commencer par la baisse (enfin) des fameux « impôts de production », les primes à la conversion écologique ou les recommandations du « Ségur de la santé ». Ce plan de relance dont le ministre Bruno le Maire est fier d’annoncer qu’il est plus conséquent que le plan allemand – relativement à notre PIB – peut donner l’impression d’un saupoudrage. En tous cas, il consacre le pilotage stratégique de notre économie par l’Etat, comme à l’époque du Général de Gaulle, avec la mobilisation de tous les préfets pour veiller à son déploiement rapide sur tout le territoire. 

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