Ici radio Moscou
« Un curetage nécessaire est en cours en Ukraine »
Il est utile de savoir ce que Poutine apprend aux Russes. Même si ça nous dégoûte.
Benoît Rayski
Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.
Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.
Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.
Pour les Russes qui n’ont accès qu’aux médias officiels, il n’y a pas de guerre en Ukraine. Pas même de conflit. Seulement une « opération spéciale ». C’est le vocable qu’utilisaient les Einsatzgruppen hitlériens pour désigner les massacres des Juifs dans les localités de l’Est de l’Europe…
La propagande poutinienne ne s’embarrasse ni de nuances, ni de détails. Sans rivales, elle s’affiche triomphalement dans les journaux, à la radio et à la télévision. Ceux qui parlent et qui tiennent le micro sont tous des adeptes de la grande Russie. Russie Uber Alles…
Le vocabulaire qu’ils emploient est d’un autre temps. Dans un talk-show, un zélé serviteur de Poutine salue « le travail de dératisation russe en Ukraine ». Les rats pullulent donc dans ce pays. Et que fait-on avec les rats ? On les extermine ! Animaliser ses adversaires fut longtemps une spécialité d’Adolf Hitler et de Joseph Staline.
Continuons avec la radio de Moscou : « l’État ukrainien s’est construit en camouflant à peine la croix gammée avec du fond de teint et de la poudre de grande qualité ». En conséquence de quoi « il faut dénazifier l’Ukraine, mais pas seulement l’Ukraine, toute l’Europe ». Et oui, nous aussi !
Pour cela, un moyen radical : « nos troupes sont en train de pratiquer un curetage en Ukraine ». À l’évidence la malheureuse Ukraine est enceinte et elle porte dans son ventre pleins de petits nazis ! Et tout ça, c’est la faute de l’Occident, « corrompu et corrupteur » et aussi « décadent », ce qui annonce une victoire finale de la grande Russie, jeune et pure.
Et ça ne s’arrêtera pas à l’Ukraine. Un politologue russe le dit crûment à la télévision : « il faut nettoyer uns à uns les abcès formés par l’Occident sur le corps de la Russie et en Russie elle-même ».
Car « il y a chez nous, a-t-il poursuivi, des marionnettes de l’Occident ». Des traîtres donc, à châtier. On sent dans ces propos l’haleine fétide de la haine. Et le tout avec le concours de Dieu appelé à la rescousse par Poutine : le métropolite orthodoxe de Moscou a béni les troupes qui se livrent à une « opération spéciale » pour la Sainte Russie …
PS : Cet article doit beaucoup à Desk Russie, l’excellent site de Galia Ackerman
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