UMP-FN : un autre regard sur l’analyse des résultats des législatives partielles par la Fondapol <!-- --> | Atlantico.fr
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Enfin, le contexte électoral de chacune des partielles était lui-même bien différent de l’une à l’autre pour rendre objectif une compilation.
Enfin, le contexte électoral de chacune des partielles était lui-même bien différent de l’une à l’autre pour rendre objectif une compilation.
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Penser différemment

Les bons résultats des candidats frontistes aux élections législatives partielles ont attiré des critiques aussi variées que biaisées, notamment celle "surprenante" de la Fondapol. Panorama des biais mathématiques et humains dans l'analyse de ces résultats.

Xavier  Chinaud

Xavier Chinaud

Xavier Chinaud est ancien Délégué Général de démocratie Libérale et ex-conseiller pour les études politiques à Matignon de Jean-Pierre Raffarin.

Aujourd’hui, il est associé du cabinet de stratégie ESL & Network.

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L’analyse électorale est par essence une science inexacte, les diverses contributions consécutives aux élections législatives partielles récentes confirment cela. Parmi elles, celle de la Fondapol est assez singulière quant à son fondement et  quant à certaines de  ses conclusions.

Pour en savoir plus sur l'analyse de la Fondapol, retrouvez notre article: L'UMP n'a pas besoin d'une alliance avec le FN pour gagner des élections : l'analyse de la Fondapol sur les législatives partielles

Le choix de comparer un renouvellement général à des partielles recèle en soi même une première réserve, tant le « comportement électoral » des citoyens est différent dans les deux scénarios.

Se baser sur la statistique nationale des législatives de 2012 fausse l'analyse malgré les tentatives d’agrégation faites par les auteurs de la réalité électorale décrite par les formations politiques, tant l’étiquetage effectué par le Ministère de l’Intérieur fait peu dans la nuance, notamment dans les pourcentages obtenus par les formations n’ayant pas participé dans toutes les circonscriptions.

Ne retenir comme critère d’appréciation que des pourcentages diffère d’une lecture faite en nombre de suffrages.

Enfin, le contexte électoral de chacune des partielles était lui-même bien différent de l’une à l’autre pour rendre objectif une compilation.

Chacun peut avoir une analyse distincte en la matière et surtout en tirer des conclusions différentes, comme le dit le Président Beaufort dans l’indispensable « Le Président » d’Henri Verneuil : « le langage des chiffres a ceci de commun avec le langage des fleurs, on lui fait dire ce que l'on veut. Les chiffres parlent, mais ne crient jamais. »

L’une des conclusions de l’étude précitée est : « La progression de l’UMP et de l’ensemble Droite de Gouvernement va dans le sens d’une invalidation de la stratégie du rapprochement avec le FN. La droite de Gouvernement a d’autant moins besoin d’une alliance avec le FN que la progression du parti de Marine Le Pen se fait manifestement principalement au détriment du Parti socialiste. ». La question n’est pas de savoir si la Droite a « besoin » d’une alliance avec le FN pour redevenir un jour majoritaire, mais comme le dit Alain Juppé : comment va-t-elle s’opposer à la progression de Marine le Pen.

Au-delà de l’hypothèse d’une stratégie d’alliance qui serait un suicide, affirmer que la droite n’a pas besoin d’une alliance au motif que la progression du FN se fait principalement au détriment de la gauche me semble discutable.Le FN est incontestablement en progression et ce sur tous les terrains électoraux, urbains comme ruraux et cette progression est plus significative que celle de la droite parlementaire.

L’élimination du candidat de la majorité dès le 1er tour à plusieurs reprises fausse notoirement le second tour tant le double choix du « ni-ni » (fait par l’UMP aux dernières élections locales) et celui de l’opposition systématique pratiquée par la droite depuis un an a affaibli le « réflexe de front républicain » et pour dire les choses clairement à fait « sauter les digues ».

Imaginons un instant que ce soit le candidat de l’UMP qui soit éliminé dès le premier tour, la progression du FN viendrait alors principalement de l’électorat de droite et nous aurions aujourd’hui très probablement deux députés frontistes de plus.

Si l’abstention est toujours plus élevée dans les élections partielles que dans les renouvellements généraux, il est à craindre qu’elle soit en réelle progression à l’image de la défiance envers les politiques et le vote blanc (+ de 14% dans le Lot et Garonne), éléments à prendre en compte.

D’autres analyses ont évoqué incidemment la question de l’ancrage local et donc du cumul des mandats qui aurait sauvé l’UMP notamment dans l’Oise et le Lot et Garonne, cela est sans doute exact  vu la faiblesse des écarts constatés, mais si pour cette seule raison il fallait s’opposer au non cumul des mandats ce serait nier encore que le vrai problème des deux « grands partis de gouvernement » repose sur la capacité qu’ils ont à se définir, s’analyser et proposer et non sur l’artifice circonstanciel permettant de conserver leurs positions. A ce niveau de « vote extrême » d’abstention et de vote blanc, PS et UMP ne représentent plus ensemble aujourd’hui qu’une part très minoritaire de l’électorat.

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