Trouble du stress post-traumatique : voilà comment le cerveau humain tend à transformer le stress en peur<!-- --> | Atlantico.fr
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Un patient dans une salle d'attente pour une consultation en psychiatrie.
Un patient dans une salle d'attente pour une consultation en psychiatrie.
©Loic VENANCE / AFP

Santé mentale

Des neurobiologistes de l'Université de Californie publient une étude sur les mécanismes liés au stress et à la peur.

Pascal Neveu

Pascal Neveu

Pascal Neveu est directeur de l'Institut Français de la Psychanalyse Active (IFPA) et secrétaire général du Conseil Supérieur de la Psychanalyse Active (CSDPA). Il est responsable national de la cellule de soutien psychologique au sein de l’Œuvre des Pupilles Orphelins des Sapeurs-Pompiers de France (ODP).

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Atlantico : La peur constitue un mécanisme de survie essentiel pour l'espèce humaine (et bien d'autres encore). Quels sont les mécanismes qui s'activent quand un individu ressent de la peur ? Où trouve-t-elle sa source ?

Pascal Neveu : Cette étude est hyper intéressante. Quand j’étais étudiant en neurosciences dans les années 90, nous nous rappelions tous nos cours sur Hans Selye et l’origine de la notion de stress ainsi que son modèle de « syndrome général d’adaptation ». Devenu ensuite le PTSD, Troubles du Stress Post Traumatiques, tellement décrits par le Général Crocq en France et le Major de Soir en Belgique.

La notion de stress a été introduite par l’endocrinologue Hans Selye. Il fût le fondateur et le directeur de l’Institut de médecine et chirurgie expérimentale de l’Université de Montréal. Il fut un des premiers chercheurs à s’être intéressé au stress dans la première moitié du 20éme siècle. De mémoire il publie en 1956 ses écrits sur le psychotraumatisme et les conséquences médicales.

Il est un des précurseurs de la psychosomatique alors que Freud avait été le seul à avoir été le grand connaisseur des névroses de guerre lors du procès de Nüremberg en 1918.

Ses premières recherches ont dévoilé les principales réactions sur le corps.

Le concept de stress et de syndrome général d’adaptation apparait en 1925, alors qu’Hans Selye étudie la médecine à l’Université de Prague. Il définit le stress comme l’ensemble des moyens physiologiques et psychologiques mis en œuvre par une personne pour s’adapter à un événement donné.

Le changement brutal survenant dans les habitudes d’une personne, jusque-là bien équilibrée, est susceptible de déclencher un bouleversement dans sa structure psychique et même somatique.

Je cite «  le stress est une réponse non spécifique du corps à toute demande qui lui est faite. Il existe une réponse spécifique de l’organisme, qui réagit au froid en produisant de la chaleur, à l’effort physique en sécrétant une hormone qui stimulera l’organisme... Mais quelle que soit la nature du stimulus, l’organisme répond aussi d’une façon non spécifique, avec des changements biochimiques identiques, destinés à faire face à toute demande accrue imposée au corps humain. L’organisme répond aux stimuli afin de maintenir ce que les biologistes appellent un état d’équilibre ou homéostasie, c’est-à-dire la constance ou la stabilité des paramètres de l’organisme tels que la température corporelle, le taux de glucoses… »

« Si l’ampleur de l’événement stressant ne dépasse pas les capacités de réponse normale, l’organisme n’en subira pas les conséquences. À l’inverse, si les ressources de cet organisme sont insuffisantes, s’il ne peut pas faire front à la quantité de stress qu’il doit gérer, des problèmes de tout ordre sont susceptibles de survenir. L’organisme entre alors dans un cercle vicieux, le système d’adaptation du corps s’épuise et les conséquences du stress deviennent de plus en plus néfastes. »

C’est ce qu’il appelle le syndrome général d’adaptation ou le stress.

C’est fondamental, et précurseur  de toute une recherche clinique !

Certains chercheurs anglo-saxons publiaient récemment une étude sur la façon dont le stress peut se transformer en peur. Ils parlent d'ailleurs de mécanismes de "généralisation de la peur". De quoi s'agit-il exactement ? Dans quels cas de figure observe-t-on ce genre de phénomènes ?

Cela nous renvoie à ces recherches. Car poursuivant ses recherches, il développe le concept d’ « Eustress ». Ce terme inventé se compose de deux parties : le préfixe « eu », vient du mot grec qui signifie « bien » ou « bon ». Accolé au mot stress, il signifie littéralement « bon stress ».

Hans Selye montre finalement que le phénomène de stress est un dispositif de vigilance salvatrice et que la sur-vigilance est dommageable lorsque la quantité de demandes dépasse la capacité de réponse du sujet.

L’apport d’Hans Selye est majeur : il parle de stress négatif (défavorable) et de stress positif (favorable) et laisse entrevoir que par le développement des compétences individuelles et collectives, il est possible de transformer un stress négatif en stress positif

La peur est un autre phénomène, je vais y venir.

Quels sont les enjeux de la généralisation de la peur ainsi décrite ? Faut-il se méfier des réactions de peur engendrées par le stress ?

La Peur ne serait-elle que la mort ? Je pense que la question se situe à ce niveau de réflexion.

Je n’ose vous livrer tous les chiffres qui vont vous amener à la peur de la vie et la peur de la mort.

Les causes de stress chronique sont principalement liées à des situations difficiles. Nos peurs.

. notre vie professionnelle (36%) 

. nos problèmes financiers (35 %)

. notre vie personnelle (33 %) 

. nos problèmes de santé (31%)

Le stress touche près de 9 Français sur 10 au cours de leur vie1. Pour la simple année 2023, plus d’1 sur 2 dit avoir ressenti du stress.

• près de 7 femmes sur 10 déclarent que le stress fait partie de leur vie quotidienne. Elles sont plus affectées que les hommes (dont 38 % s’estiment stressés)1.

• plus d’1 jeune sur 2 est touché par un stress régulier.

• et la classe d’âge la plus impactée reste les 25 à 34 ans (57 % disent être soumis à un stress chronique)1. 

• Le stress a un coût social estimé entre 2 et 3 milliards d’euros en France selon l’Institut National de Recherche et de Sécurité. 

Un chiffre qui coûte les dépenses de soin, celles liées à l’absentéisme en entreprise.

Près de 200 000 nouvelles maladies déclarées en France chaque année sont causées directement par le stress.

Comment contrôler sa peur quand celle-ci naît du stress ? Quels conseils donner à un individu frappé par ce type de problèmes ?

La peur est un syndrome réactionnel endocrinien comportant trois phases consécutives :

• la « phase d’alarme »,

• la « phase de réaction »,

• la « phase d’épuisement ».


Et ce qui est intéressant… c’est notre réaction neuronale. Car notre cerveau reste une machine hallucinante qui régit tout notre corps

Notre système nerveux est naturellement programmé pour ressentir la peur. Les bruits étranges que nous entendons seuls dans le noir

Nous sommes dans une réaction de peur qui n’est qu’un mécanisme de survie qui nous dit de rester vigilants et d'éviter les situations dangereuses.

Mais si la peur surgit en l’absence de menaces véritables elle peut nuire à notre bien-être. Ceux qui ont subi des moments de stress grave voire mortels peuvent éprouver plus tard des sentiments de peur intenses, même dans des situations qui ne présentent pas de menace réelle. On en revient au PTSD.

Ces mécanismes induits par le stress amènent notre cerveau à produire des sentiments de peur en l’absence de menaces et qui restent pour un mystère. Des neurobiologistes de l'Université de Californie à San Diego ont identifié les changements dans la biochimie cérébrale et cartographié les circuits neuronaux à l'origine d'une telle expérience de peur généralisée. La revue Science le 15 mars 2024, apporte de nouvelles informations sur la manière dont les réactions de peur pourraient être évitées.

découverte des neurotransmetteurs. - les messagers chimiques qui permettent aux neurones du cerveau de communiquer entre eux - à l'origine de la peur généralisée induite par le stress.

En étudiant le cerveau de souris dans une zone connue sous le nom de raphé dorsal les chercheurs ont découvert qu'un stress aigu induisait un changement dans les signaux chimiques « glutamate » excitateur aux neurotransmetteurs inhibiteurs « GABA ». ce qui a conduit à des réactions de peur généralisées.

C’est une forme de plasticité cérébrale, je ne rentrerai pas dans les détails très techniques.

Les chercheurs ont trouvé un moyen de stopper la production de peur.

Avant l'expérience d'un stress aigu, ils ont injecté dans le raphé dorsal des souris un virus adéno-associé (AAV) pour supprimer le gène responsable de la synthèse du GABA. Cette méthode a empêché les souris d’acquérir une peur généralisée.

De plus, lorsque des souris ont été traitées avec un antidépresseur immédiatement après un événement stressant, l'apparition ultérieure d'une peur généralisée a été évitée.

Les chercheurs ont i également dentifié l’emplacement des neurones et les connexions de ces neurones au sein de régions du cerveau qui étaient auparavant liées à la génération d’autres réponses de peur.

"Maintenant que nous maîtrisons le cœur du mécanisme par lequel la peur induite par le stress se produit et les circuits qui mettent en œuvre cette peur, les interventions peuvent être ciblées et spécifiques".

C’est une avancée énorme.

Ensuite bien évidemment il est notre travail  de thérapeutes de travailler sur l’origine de ces peurs, de ces angoisses.

Nous avons les outils pour y parvenir.

Encore une de mes jeunes analysants peut affirmer s’petre livérer de sons stress et peurs associés.

Je  me permets de le répéter… peur, stresse et mort ne sont qu’un tryptique.

La vie est tout à saisir… la mort nous savons que nous y arriverons.

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