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Trop de chômage ? Supprimons l’emploi !
©PHILIPPE LOPEZ / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

L’homme ne souhaite pas un emploi mais une activité qui soit la plus rémunératrice possible, quelles qu’en soient les conditions, au mépris même de sa dignité, pourvu que le travail puisse déboucher sur la richesse ou une richesse plus substantielle.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Au temps des chercheurs d’or, quand un filon était tari on passait à un autre. Et quand la région n’avait plus rien à donner, on passait à autre chose et ils cherchaient alors une autre martingale.

Sans qualification pour la plupart, ils étaient les seuls à pouvoir exercer ces métiers pénibles et incertains, à défaut d’autre option que la chance, pour obtenir la richesse.

On pourrait donc retenir de cette époque, de toute époque d’ailleurs, que l’homme ne souhaite pas un emploi mais une activité qui soit la plus rémunératrice possible, qu’elle qu’en soient les conditions, au mépris même de sa dignité, pourvu que le travail puisse avec l’aide du destin, déboucher sur la richesse ou une richesse plus substantielle.

Le court terme l’emporte alors sur le long terme, le pari sur la certitude, sans considération pour le confort et la sécurité, sans réel patron, mais en interaction avec des demandeurs, totalement soumis aux règles du marché. Exploité aussi, mais laissant cette réflexion aux intellectuels, qui en bout de chaîne, portent les bagues et montres faites de l’or qu’il a cherché. Selon lui, seul le destin l’exploite et c’est lui qui exploite le destin le jour où la pépite de l’année, se glisse entre ses doigts et se loge enfin entre ses mains.

La société n’accepte pas cela. Pas la France c’est certain. C’est même exactement l’inverse. L’incertitude doit être bannie. On fait le pari qu’il vaut mieux une vie terne et pauvre, qu’un risque pris pour un retour incertain. Mieux vaut étouffer les volontés de richesse, trop aléatoires, afin de privilégier le bonheur du plus grand nombre. Mieux vaut encadrer le travail, ses conditions, la relation à l’autre. On préfère gérer à la place de l’individu, sa relation au long terme qu’il a, il est vrai, du mal à gérer, persuadé qu’il est immortel, qu’on verra bien plus tard et que demain est un autre jour. Les USA ont fait un pari différent. Les 2 produisent de la richesse, et de la pauvreté. De l’insécurité et du confort. De l’espoir et du désespoir.

En clair, aucun système n’est parfait. Leur point commun à ce jour, est le rejet unanime du système, des élites. Preuve que le bonheur organisé, quel qu’en soit le mode d’organisation, n’est plus le désir des habitants de cette planète. Les humains des pays développés crient leur envie d’être entendu, face à ces systèmes qui ne leur conviennent plus. Ils veulent remplacer le trop par le moins, le haut par le bas, l’arrogance par l’écoute. Une société dotée d’une branche de coudrier, afin de sentir les vibrations de l’homme sous la couche normative et le poids des oligarchies. Comme le poisson qui sort la tête de l’eau pour trouver un oxygène peut être mortel, mais différent. Un oxygène qu’il a choisi lui même.

En France, seul pays qui voit le temps passer comme la vache voit le train, sans jamais y monter, le chômage s’installe et semble un mal insubmersible quand les pays qui nous entourent retrouvent des couleurs. Alors, à l’heure où le gouvernement dit « que nous allons voir ce qu’on va voir », ou Manuel Valls à crié chez Ruquier, devant une audience bien choisie, plus populaire, sa prochaine réforme qui va ramener la décision sur le travail au plus près de l’individu et de l’entreprise, et alléger « l’enclumé » code du travail !

Comme chacun, je suis à l’écoute. « Aware » dirait le grand philosophe et penseur Jean Claude Van Damne ! Mais comme disait également, Jean d’Ormesson, « je crois en Dieu, je ne crois pas en Dieu, bref je doute en Dieu ». Mais laissons leur la présomption de bonne foi et d’innocence et attendons les mesures. Attendons de voir si ces mesures prendront la mesure du problème et de la solution que tout le monde connaît depuis des années sans jamais vouloir l’appliquer, faute de courage.

Mais peut être, devrions nous nous demander si nous ne ferions pas mieux, pour supprimer le chômage, de supprimer le travail. Explication de texte en quelques mots pour alimenter vos maux de tête en ce lundi de reprise. Car pour l’accepter il faut écouter en même temps John Lennon, chantant « Imagine », scandant « imagine there’s no more countries, is it so hard ? », éventuellement accompagné d’un des derniers bons bordeaux avant que le réchauffement climatique ne les gâte.

Reprenons le cas de notre mineur, chercheur d’Or. Il ne veut pas de conditions de travail, il veut s’enrichir. Se moque du long terme. Se soumet à la loi du marché. Accepte l’exploitation si il existe une chance de succès pour échapper à sa condition. Sacrifie demain à aujourd’hui. Et passe à autre chose, sans protection, si nécessaire. Il fait partie de cette partie de la population inadaptée à l’évolution de la société, ce chômage de masse et de longue durée, qui touche ceux qui ne peuvent pas suivre.

Alors disons lui « fais ce que tu veux comme tu veux ». Le « deal » est simple, une activité peu ou non fiscalisé, soumise à des règles minimalistes, une fiscalité quasi nulle et des charges sociales inexistantes ou presque. Il touche une rémunération dont le brut et le net sont quasi identiques. Augmentant ainsi son salaire de plus de 20%. L’entreprise qui l’emploie, au lieu de payer le double de son salaire net en charges patronales, aura donc une charge totale proche du brut et économisera 2000eur sur ce même salaire. Ce qui lui permettra d’augmenter ses marges, ses investissements et un nombre d’emplois ou d’activités, supérieur. Chacun prend la responsabilité de payer ou non un montant pour sa santé, sa retraite, son chômage. Et consomme plus, ou épargne plus. Ou les 2. La consommation est accrue, les entreprises libérées du droit du travail, mais les salariés qui n’en sont plus peuvent travailler pour qui ils veulent sans exclusivité, selon une organisation sur laquelle ils s’entendent. Si ils veulent travailler après avoir quitté leur travail à 17H, ils le peuvent, idem le dimanche, la nuit. Je sais, c’est « hard to imagine »…

Dès lors la consommation augmente, car les revenus disponibles sont plus importants. Reste donc une capacité pour l’Etat, obligé faute de ressources volées au peuple depuis 30 ans, de se « refaire » sur une TVA accrue, qui offrirait un taux allégé sur les produits les plus basiques, afin de ne pas pénaliser les plus démunis. Ainsi la TVA, déjà la plus grosse ressource de l’Etat deviendrait sa ressource essentielle, afin d’assurer un service « socle » et offrir une protection à l’individu, contre son gré, car il faudra néanmoins maintenir une base obligatoire de solidarité, car les cigales génétiquement imprévoyantes, doivent être préservées contre elles-mêmes pour éviter des situations dramatiques qui se retourneront contre tous, à un moment ou un autre.

Bref, un monde totalement libre, avec le danger qui l’accompagne, mais qui répondrait à un besoin mondialement exprimé, de faire « ce que je veux, comme je veux », en tous cas d’essayer et de voir. La plus grande victime serait surement l’Etat, et la classe gouvernante. Mais c’est un risque qui ne chagrinera personne. Beaucoup de liberté, moins de travail, plus d’activité, plus de revenu individuel, le tout compensé par un socle indestructible et non négociable de solidarité et de droits fondamentaux, qui permette de maintenir une large partie de ce qui fait notre force. Notre modèle social, qui permette une éducation qualitative, mais aussi opérationnelle, dans laquelle l’aptitude et le savoir-faire l’emporteraient pour une large partie de la population, sur le diplôme. Un diplôme qui était le passeport pour une vie professionnelle sans accroc et une garantie contre le chômage. Mais cela c’était avant.

Les études pour une large partie, seraient plus courtes et alternantes, afin d’assurer l’opérationnalité du savoir. Assurant ainsi une fluidité forte et générant moins de frustrations. Ces frustrations que les étudiants, les jeunes éprouvent quand ils ont étudié longtemps, comme on le leur avait demandé, pour n’hériter que du chômage ou d’un faible salaire. Ou d’un emploi précaire. Ou pire, d’un emploi d’avenir, ces emplois qui ne sont pas des emplois et n’ont pas d’avenir !

Cela nécessiterait de réinventer la société. Totalement. Avec un rapport à l’organisation de la société et la place de l’individu totalement transformé. La force de l’habitude, qui par médiocrité intellectuelle se réfère toujours à « avant » et à ses « références », s’oppose à une telle réflexion, mais l’arrivée de l’activité liée au numérique, qui crie l’envie d’une activité avant celle d’un emploi et de sa cohorte d’acquis, mériterait qu’on se pose la question et que l’on teste. Peut être est ce idiot, saugrenu, sauvage. Peut être pas. Citez moi un système parfait ? La réponse repose dans l’essai. Chiche ?

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