Tout va bien : si l’inflation disparaît, les taux vont baisser et la croissance va repartir… à moins que…<!-- --> | Atlantico.fr
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Les prix continuent de monter mais moins vite. Pour les économistes, l'inflation baisse de niveau.
Les prix continuent de monter mais moins vite. Pour les économistes, l'inflation baisse de niveau.
©MORITZ FRANKENBERG / DPA / AFP

Atlantico Business

Alors que l’inflation en mars a marqué un nouveau recul, les économistes, jadis très pessimistes, se mettent à rêver d’une baisse des taux et d'une reprise de la croissance plus rapide que prévu. Décidément, rien ne les arrête.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les économistes actuellement sont à la peine, l’inflation n’est bientôt plus un sujet d’inquiétude puisque le mois de mars a encore marqué un recul. Recul, le mot est impropre. Selon Eurostat, l'indice des prix n’a grimpé que de 2,4% en mars contre 2,6% en février. Donc, les prix continuent de monter mais moins vite. Pour les économistes, l'inflation baisse de niveau. Un taux de 2,6% c’est nul ou presque .  

C’est vrai que les prix de l’énergie ont reculé, tout simplement parce que l’activité tourne au ralenti et que les pleins d’essence durent plus longtemps. Mais c’est bon pour le moral. Les biens alimentaires et les biens manufacturés se sont calmés aussi. Quand le prix du nutella baisse , les pates semblent meilleures . Michel-Édouard Leclerc va finir par avoir raison. Donc, a priori, tout va bien parce qu’en plus tous les pays européens sont au diapason, l'Allemagne et l'Europe du Nord, l’Espagne et l’Italie.

Ajoutons que les prévisions pour les mois qui viennent, avril et mai, sont également à la baisse. Ce qui veut dire que normalement d’ici la fin du mois de mai, l'inflation sera tombée à 2% annuel, c’est-à-dire exactement là où la Banque centrale européenne avait espéré qu’elle retombe, et pile au moment où elle va s’interroger sur les taux d’intérêt. Madame Lagarde et son conseil ont toujours dit que si l’inflation baissait la tête, la BCE pourrait commencer à couper les taux d’intérêt. Normalement, la BCE va passer à l’acte pour soutenir l’activité. Et pas seulement. Si les taux baissent, c’est bon pour l'investissement, c’est bon pour l'immobilier et c’est bon pour l’État qui peut imaginer que sa charge d’emprunt va coûter un peu moins cher.

Donc, les économistes qui veulent être optimistes avant de partir en vacances d’été pourront vous expliquer pourquoi...

Le problème, c’est que la vérité est parfois plus compliquée et elle est polluée par des incertitudes.

La première incertitude, c’est qu’on ne sait vraiment pas ce qui va se passeren Ukraine. Et la guerre en Ukraine interfère sur les prix de l’énergie. Actuellement, par exemple, les missiles ukrainiens qui détruisent les raffineries de pétrole en Russie pour se défendre ont obligé les Russes à arrêter leurs exportations de pétrole vers les pays qui l’achètent (la Chine, l’Inde...). Donc, l'offre de pétrole mondiale se rétrécit et les prix risquent de remonter à la pompe, à moins que les Américains n'exigent des Ukrainiens qu’ils cessent de bombarder les raffineries russes. Tout est possible en campagne électorale. Joe Biden n'aime pas Poutine, mais il aime encore moins que les automobilistes américains achètent leur essence plus cher à la pompe.

La deuxième incertitude concerne la faiblesse de l'activité industrielle. L'industrie ne redémarre nulle part, pas plus en Europe du Nord qu'en France. En France, c'est normal, puisqu'il n’y a plus d’industrie, mais en Allemagne, c’est plus grave car ça ne marche pas parce que le marché chinois est toujours éteint. Restent en termes de PIB, les services, mais les services c’est de la main-d'œuvre donc des salaires et la pression sur les salaires n’est pas tombée et ça, ce n'est pas génial pour l'inflation. Il y a donc un risque de dérapage via les services, ce qui peut troubler la BCE dans son projet de baisse des taux. Les économistes ont donc encore beaucoup de marges pour débattre.

La troisième incertitude porte sur les résultats des élections européennes. Les écrans radar sont noirs, sauf que les politologues nous annoncent des majorités de populistes, d’écologistes radicaux et d'anti-croissance, des protectionnistes... dans la plupart des pays. Bref, de quoi mettre l’Union européenne sans dessus-dessous. Cela passionne les politologues, mais cela déséquilibre les marchés et désole les chefs d’entreprise.

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