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Tour d'Europe des campagnes pour les Européennes : direction la Belgique
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Et chez vous, comment ça va ?

Neuvième étape de notre tour d'Europe des campagnes pour les élections européennes : la Belgique, où la proximité avec les institutions européennes renforce des convictions positives néanmoins teintées de réalisme concernant les changements à effectuer.

François Foret

François Foret

François Foret est Professeur de sciences politiques à l'Université Libre de Bruxelles (ULB). Il est également Directeur des recherches politiques à l'Institut d'Etudes Européennes et a beaucoup contribué à l'international.

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Atlantico : A l'approche des élections européennes, quels sont les principaux thèmes qui occupent les débats en Belgique ? Par quels partis sont-ils portés, et sont-ils focalisés sur l'Europe en elle-même, ou bien les préoccupations d'ordre national prévalent-elles ?

François Foret : En Belgique comme ailleurs, l'agenda des élections européennes est commandé par les enjeux nationaux. C'est d'autant plus vrai qu'en 2014 sont organisées simultanément aux européennes des élections législatives fédérales et régionales qui tendent à confisquer l'attention des politiques, des médias et des citoyens. Une différence avec la France est néanmoins que le système politique belge n'est pas si différent de la gouvernance européenne. Négociations permanentes, recherche du compromis, coalitions associant des partis différents voire opposés: on connait déjà bien tout cela en Belgique. Dès lors, ce qui se passe au niveau européen semble moins étranger.

Quelles sont les forces en présence, et en quoi la partition du pays flamand/wallon joue-t-elle un rôle ? A partir de là, à quels résultats s'attend-on ?

On ne peut pas dire que le clivage linguistique a un effet spécifique majeur lié à l'enjeu européen dans la longue durée. Il y a des différences entre Flandre et Wallonie, mais qui découlent plutôt de déterminants de politique interne. La caractéristique historique de la Belgique reste, malgré une certaine érosion due aux temps difficiles, une adhésion consensuelle à l'horizon européen. Ce n'est pas sur l'intégration européenne que s'opèrent les grands clashs. Il y a comme ailleurs une contestation grandissante sur les modalités de cette intégration, sur les effets économiques et sociaux des politiques européennes, mais pas sur l'idée européenne elle-même.

Malgré l'obligation pour les citoyens belges de se rendre aux urnes, sait-on dans quelle mesure les Belges se sentent concernés ou non par ces élections européennes ?

Le fait que le vote est obligatoire rend effectivement difficile la comparaison avec d'autres pays concernant l'abstention. D'une certaine manière, comme il n'y a pas cette épée de Damoclès de citoyens qui votent avec leurs pieds en boudant l'isoloir, il y a moins de sentiment d'urgence à tenter de les mobiliser. Il y a néanmoins un certain nombre d'initiatives de proximité, lié notamment à la présence des institutions européennes à Bruxelles.

Concrètement le fait que la vie politique européenne se joue en grande partie à Bruxelles contribue-t-elle à rendre les Belges davantage au courant de ce qui se joue au niveau des Institutions européennes ? Cela influence-t-il leur rapport et leur intérêt vis-à-vis de l'Union européenne ?

Ce serait être très optimiste de dire que les Belges sont mieux informés sur l'Europe parce qu'ils en sont voisins. Ils s'en sentent certainement moins étrangers, mais cela ne signifie pas forcément qu'ils en connaissent intimement les arcanes. La présence des institutions de l'UE les inscrit néanmoins dans la politique domestique. Par exemple, il y a une controverse en cours sur l'aéroport de Bruxelles, avec l'accusation de garder les bénéfices économiques pour la Flandre et d'attribuer les nuisances sonores aux zones francophones. Et parfois surgit la question: que fait l'Europe? Pour certains elle est responsable de la densité du trafic aérien et devrait intervenir dans la solution des problèmes qu'il crée. On retrouve la même convocation de l'Europe dans plusieurs enjeux de politique locale, en tant que facteur de la vie économique, environnementale, culturelle. Mais ce rapport à l'Europe de proximité est une chose, celui à l'UE comme système politique en est une autre.

Qu'en est-il des partis dits eurosceptiques ? Pourraient-ils, comme cela devrait-être le cas en France, effectuer une percée ?

On attend une certaine poussée des forces situées à l'extrême droite, dans une proportion cependant bien moindre qu'en France. A l'extrême
gauche, il y a aussi une affirmation sensible des formations dénonçant l'austérité et le néo-libéralisme dont ils font de l'UE le symbole. Mais
encore une fois, il est très difficile d'être eurosceptique en Belgique. Un parti comme la NVA qui revendique (pour le dire vite) l'indépendance
de la Flandre inscrit son projet dans l'horizon européen, manière de contourner d'autant plus facilement le niveau national.

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