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Thierry Solère : "Emmanuel Macron a une seule méthode, celle de François Hollande et de la non-décision"
©Capture d'écran Le Grand rendez-vous

Entretien politique

Dans un entretien exclusif pour Atlantico, Thierry Solère explique pourquoi la candidature de François Fillon est la plus équilibrée et réaliste pour l'avenir de la France.

Thierry Solère

Thierry Solère

Thierry Solère est député LR de la 9ᵉ circonscription des Hauts-de-Seine

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Atlantico : Que répondez vous à ceux qui, ouvertement comme Henri Guaino ou en off, considèrent que le maintien de la candidature de François Fillon à la présidentielle est une "folie" ?

Vous avez toujours dans une famille politique où il y a beaucoup de monde, une voix ou deux voix qui vient vous dire les choses différemment. La légitimité de François Fillon provient de la primaire que nous avons organisée d’ailleurs pour la première fois au sein de notre famille politique. D’un point de vue organisationnel, cette primaire s’est très bien passée, personne ne l’a contestée. Par ailleurs, elle a rassemblé 4,5 millions de Français – soit deux fois plus que ce qu’avait fait la gauche avec sa précédente primaire – tandis que le résultat a été très tranché. Ainsi, la légitimité politique de François Fillon est incontestable et incontestée, notamment par tous les candidats à cette primaire de la droite et du centre. Henri Guaino a toujours donné son avis personnel selon lequel il est opposé à la logique de la primaire, ce qui est son droit le plus légitime. Mais cette primaire a été décidée par le Bureau politique des Républicains, par les adhérents lors du Congrès en 2015. Il s’agit donc de la règle de la maison. 

Au-delà de sa capacité à gagner l'élection se pose aussi sa capacité à gouverner. À supposer que les électeurs de droite le qualifient pour le second tour, quelle sera sa capacité à rassembler les Français ? Comment les convaincre qu'il sera légitime à demander des efforts au pays ?

Je ne crois pas que François Fillon, dans son projet, souhaite demander des efforts au pays. Il s’agit d’une sémantique que j’entends beaucoup depuis qu’il a été désigné le 28 novembre dernier, selon laquelle donc, François Fillon va demander de grands efforts aux Français. La réalité, c’est que ces derniers connaissent aujourd’hui de grandes difficultés. Les mesures que souhaite prendre François Fillon visent à faire en sorte qu’il y ait moins de chômage dans notre pays. C’est aujourd’hui que les efforts sont demandés aux Français : c’est un effort énorme d’avoir un taux d’imposition élevé quand on fait partie des classes moyennes, un nombre important de Français sans emploi, et de nombreuses personnes âgées qui vivent uniquement avec le minimum vieillesse. François Fillon souhaite faire tout l’inverse : sauver notre régime de retraites afin de régulariser les pensions de retraite – ainsi, tous les Français ayant une petite retraite ont vocation à voir cette dernière augmenter - , permettre d’avoir moins de chômage grâce à 3 ou 4 grandes mesures, etc. Concernant la fiscalité, nous n’allons pas recevoir de leçons d’un gouvernement qui a autant augmenté les impôts et matraqué les classes moyennes. 

Au-delà de la question sur la légitimité du maintien de la candidature de François Fillon, les dents ont aussi grincé à droite sur le déficit de communication de l'équipe Fillon et sur sa difficulté à associer le reste de la droite à sa campagne. Cette phase-là est-elle terminée ?

Je le pense. C’est peut-être l’un des effets pervers induits par la primaire : elle créé par nature une compétition, favorisant ainsi l’émergence au sein d’une même famille politique d’écuries. Au lendemain de sa campagne, François Fillon a tout de même rassemblé plusieurs personnalités qui ne l’avaient pas soutenu parmi lesquelles Gilles Boyer, qui est devenu son trésorier, Eric Ciotti, etc. Avec les difficultés qu’il a connues, grâce à la création d’un comité de campagne, cela a été l’occasion de rassembler les personnalités de la droite et du centre qui se réunissent deux fois par semaine afin de définir la stratégie de la campagne, son calendrier, la méthode à mettre en œuvre, etc. 

Dans une interview accordée au Figaro et parue ce vendredi, François Fillon a affirmé, à propos de François Bayrou, que celui-ci "s’est mis en dehors de la famille de la droite et du centre". N’est-ce pas une manière de dire que le maire de Pau ne représente pour lui aucunement une menace dans le cas où ce premier décidait à se présenter à la présidentielle ?

François Bayrou a des qualités intellectuelles évidentes. Il a le parcours politique qui est le sien, ayant été candidat à plusieurs reprises à l’élection présidentielle. Il a soutenu et permis l’élection de François Hollande en 2012, ce qui a été considéré comme une faute par nos électeurs, sans parler de nos cadres. Je pense qu’il le regrette, comme il a eu l’occasion de le dire. Se présenter à l’élection présidentielle ou non est une décision qui lui revient à lui, je n’ai pas à m’exprimer à ce propos. Ce que je sais, c’est que ma famille politique, c’est la droite et le centre, que l’ensemble des personnalités de cette famille s’est engagé dans la primaire. Aujourd’hui, l’UDI, qui est notre partenaire à l’Assemblée nationale, dans les collectivités territoriales, etc. travaille avec nous. 

Au-delà des révélations sur les emplois des membres de la famille Fillon, ne pensez-vous pas que les parlementaires devraient adopter des comportements qui ne donnent aucune prise à des soupçons de conflit d'intérêt ? Comment assurer des activités de conseil lorsqu'on est aussi législateur ?

Ce sujet  a été largement débattu à l’occasion des débats sur la loi de transparence de la vie politique, et qui définit aujourd’hui beaucoup plus clairement que par le passé les conditions grâce auxquelles il est possible d’exercer une activité professionnelle à côté de celle de parlementaire. Je rappellerai que député n’est pas un métier : c’est une fonction qui est confiée pour 60 mois par les Français dans le cadre des élections législatives. La difficulté aujourd’hui réside dans les pratiques du Parlement, qui sont encore largement déconnectées de celles de la société civile et d’autres pans de la société. Ceci n’est donc plus compris et accepté par les Français, ce qui est tout à fait légitime. Il convient donc de travailler en vue de normaliser le statut de parlementaire. François Fillon a reconnu lui-même que ces pratiques étaient d’un autre âge et devaient, de toute évidence, évoluer.

Au-delà de la réalité de trafic d'influence supposée, le soupçon ne suffit-il pas à empoisonner la vie politique ?

Le soupçon est un poison dans la vie démocratique. C’est pourquoi il convient de disposer de règles très claires permettant de lever les soupçons. Aujourd’hui, malgré les avancées qu’il y a pu y avoir, il faut aller plus loin. Je rappelle qu’à l’Assemblée nationale, il y a un déontologue, ainsi qu’une Commission qui permet d’évaluer la compatibilité du mandat parlementaire avec l’exercice d’une fonction professionnelle. Tout ceci permet, dans le respect de la loi sur la transparence de la vie politique, d’avoir une activité professionnelle et de veiller à la prévention des conflits d’intérêts. 

Dans l’entretien de ce vendredi au Figaro, François Fillon affirme que "La crise des banlieues, c’est le reflet de la crise française". Comment son "projet de rupture" comme il le qualifie envisage-t-il de résoudre cette "crise des banlieues" ?

Il y a de nombreux éléments dans cette crise des banlieues. Ce que disent les Français – et ce n’est pas nouveau – c’est que l’irrespect de la loi n’est pas un comportement sanctionné dans les faits. C’est pourquoi François Fillon propose l’abaissement de la majorité pénale à 16 ans, et plus généralement de restaurer l’autorité de l’Etat, sur une idée simple : la loi n’est pas facultative ; personne n’a le droit de frapper son voisin, de démolir un abri de bus ou de mettre le feu à une voiture de police sans encourir de sanctions d’une très grande force. Aujourd’hui, ces images de voitures de police qui fuient devant des voyous qui leur courent après, d’émeutes de quartiers, sont révélatrices du fait que l’Etat, depuis 5 ans, à abaisser sa capacité à maintenir l’ordre public, ce qui est sa mission exclusive. 

Par rapport aux autres candidats déclarés à l’élection présidentielle, comment François Fillon parvient-il à se démarquer sur les questions de sécurité ?

François Fillon porte un discours de droite efficace, cohérent, et c’est ce qui a participé à son succès lors de la primaire. Il a beaucoup réfléchi ces dernières années à ce qui devait être réellement changé dans notre fonctionnement, que ce soit pour les forces de police ou en matière pénale, afin d’assurer au mieux l’ordre public. Les enquêtes d’opinion révèlent à quel point les Français sont préoccupés par ces questions de sécurité, à égalité avec le chômage et tout ce qui tourne autour de la thématique de l’emploi. Ainsi, le programme de François Fillon me semble équilibré, réaliste et est attendu par les Français. Il sera en rupture complète avec ce que fait et propose l’actuel gouvernement depuis maintenant cinq ans. 

Alors que des manifestations ont eu lieu cette semaine dans plusieurs villes de France contre les violences policières, François Fillon affiche dans les colonnes du Figaro son "soutien total" aux policiers. Comment concilier baisse des dépenses publiques et volonté de donner aux forces de l’ordre "les moyens modernes pour assumer leurs missions" ?

L’Etat s’occupe de tout et à force de cela, il a fini par oublier les fonctions essentielles et régaliennes qui sont les siennes. Souvent, les personnes ne pensent qu’effectif pour ce qui est des forces de l’ordre. Or je ne pense pas que pour la police nationale, le sujet principal soit celui de l’effectif. Le taux de policier par habitant est supérieur en France à celui de nos voisins. Ce qu’il convient de faire en revanche, c’est moderniser le fonctionnement de la police, enlever un nombre important de tâches administratives qui sont confiées aux policiers afin de leur permettre d’exercer leur mission visant à veiller à l’ordre public. Il convient de donner à notre police les moyens technologiques nécessaires à ses missions, notamment de renseignement, et qui font largement défaut. Face à cela, si la Justice n’est pas capable de traiter toutes les demandes, c’est une forme de démission que les Français vivent. Parmi tous ces jeunes qui aujourd’hui saccagent le mobilier urbain, combien se retrouveront condamnés par un tribunal ? Très peu en réalité, et cela fait longtemps que cette situation dure. Les Français se désolent de cela. Il faut donc réinvestir dans notre justice, dans notre chaîne pénale. Il faut également avoir un nombre de places de prison supérieur à celui d’aujourd’hui. Ce qu’il convient de savoir, c’est que c’est le nombre de places disponibles qui fixe la politique pénale. Parce qu’il n’y a pas assez de place en prison, les coupables n’y sont donc pas envoyés alors qu’ils auraient vocation à y être. 

Depuis les révélations du Canard enchaîné, un grand nombre de Français ont pu considérer que François Fillon et ses équipes avaient l'air totalement déconnectés de la réalité du niveau de vie moyen des Français. Comment convaincre les électeurs issus de catégories populaires que vous comprenez le monde dans lequel ils vivent et que vous comprenez leurs enjeux financiers ?

C’est vrai qu’il y a une déconnexion. Le fonctionnement de la vie politique depuis  1981 dans notre pays doit être revu pour permettre plus de simplicité, de transparence. La différence de revenus est incontestable. S’il y a une différence de revenu qui doit choquer les Français, je ne pense pas que ce soit celle de François Fillon mais plutôt celle d’Emmanuel Macron qui, dans mes souvenirs, d’après ses propres déclarations, a affirmé avoir gagné plus de 5 millions d’euros en trois ans, soit une somme que je ne pourrais moi-même pas gagner dans toute mon existence professionnelle, sans parler des Français qui devraient être une centaine, sur une vie entière, pour gagner ce que Monsieur Macron a gagné en trois ans. Je ne suis pas choqué par les différences de revenus qu’il peut y avoir en France. Ce qu’il faut, c’est un impôt proportionnel, en mesure de lisser ces revenus et de permettre à ceux qui gagnent le plus de contribuer le plus. Il faut cesser avec cette stigmatisation de ceux qui gagnent plus : c’est qu’ils le méritent et c’est pour cela qu’ils payent plus d’impôts que d’autres. La vie politique doit devenir plus simple. Mandature après mandature, le Parlement a amélioré ses règles de fonctionnement, bien que demeurent à l’heure actuelle des règles d’un autre âge. En tant que député depuis 4 ans et demi, je ne demande pas à avoir une immunité parlementaire, bien que j’en connaisse l’origine. Le sujet me paraît aujourd’hui tout à fait décalé. Quelques mesures simples, visant à apaiser tout cela, pourraient être mises en œuvre. 

Si vous étiez face à électeur ayant l'intention de voter Marine Le Pen parce qu'il en a assez que la droite et la gauche se fassent élire sur des programmes différents bien que l’une et l’autre finissent par appliquer les mêmes recettes une fois élues, que lui diriez-vous pour tenter de le convaincre de voter François Fillon ?

Je pense qu’il y a plusieurs grands sujets de préoccupation dans le pays, que doivent avoir en tête les électeurs envisageant de voter pour Marine Le Pen : le fait qu’il y ait beaucoup plus de chômage, d’impôts et d’insécurité que chez nos voisins européens. Le projet de François Fillon n’est pas du tout démagogique : il vise à prendre, dans les 100 premiers jours de son quinquennat, les cinq ou six grandes mesures qui avaient déjà été prises sur le plan économique par Gerhard Schroeder en Allemagne, et qui permettent à ce pays d’avoir un taux de chômage bas, une jeunesse au travail, et une économie compétitive. Sur le plan de la sécurité publique, c’est avec les mesures de François Fillon que l’on peut avoir des résultats concrets, ce qui va nécessiter des efforts budgétaires lourds en matière de construction de places de prison, d’investissement dans notre justice, et de modernisation des moyens mis à la disposition de notre police et de nos services de renseignement pour mieux nous protéger. Voter Marine Le Pen, c’est la garantie d’une récession économique sans précédent dans notre pays : les taux d’intérêt remonteront dès l’entre-deux tour si jamais la candidate du FN était qualifiée – ils ont d’ailleurs commencé à augmenter dans le contexte électorat qui est le notre. Nous serons coupés de quelques grands atouts que la France continue à avoir. L’élection de Marine Le Pen aboutirait à une situation de quasi guerre civile. Les Français attendent, quelles que soient leurs origines, l’antériorité de leur nationalité, de vivre dans un pays où la sécurité publique est assurée, et non pas dans un pays où le désordre est la règle. 

Si vous étiez maintenant face à un électeur envisageant de voter Emmanuel Macron parce que les partis traditionnels se sont montrés incapables de prendre la mesure du nouveau monde dans lequel nous vivons, et parce que la politique à l'ancienne a mené le pays dans le mur, quels arguments utiliseriez-vous pour le convaincre de voter François Fillon ?

Je ne crois pas du tout qu’après ce quinquennat, qui est le plus dramatique que notre pays ait connu depuis 30 ans, il soit raisonnable de choisir le successeur de François Hollande, Emmanuel Macron. A l’Elysée, ce dernier a été l’initiateur de toutes les mesures économiques stupides prises par le président : la taxe à 75%, la fin de la défiscalisation des heures supplémentaires, etc. Comment peut-on croire qu’avec l’ancien ministre de l’Economie de ce quinquennat dramatique, qui nous aura valu 1 million de chômeurs de plus, le pays puisse aller mieux ? Par ailleurs, beaucoup reprochent à Emmanuel Macron son passage dans la privé et à la Banque Rothschild. Pour ma part, je considère qu’il s’agit là de la seule chose dans parcours – bien que cela ait bref ­– qui témoigne d’une petite connexion avec la réalité. En dehors de cela, la seule expérience qui ait été la sienne a été de mener la France dans l’état dans lequel elle est. Sur le plan de la sécurité publique et de la restauration de l’autorité de l’Etat, Emmanuel Macron est le digne héritier de François Hollande, comme en témoigne le dossier Notre-Dame-des-Landes : en effet, Emmanuel Macron a déclaré la semaine dernière que s’il était président de la République, il demanderait un rapport dans les six premiers mois de son élection afin de faire un moratoire en vue de prendre une décision. Or il a fait partie d’un gouvernement qui a tergiversé pendant cinq ans sur ce dossier, malgré toutes les décisions de justice qui ont validé la construction de cet aéroport ; il a contribué à un gouvernement qui a engagé un référendum auprès de ses habitants. La seule chose à faire en vue de restaurer l’autorité de l’Etat, c’est de respecter la décision de ce dernier. Emmanuel Macron démontre ainsi que sa seule méthode est celle de François Hollande : la non-décision.

Enfin, si vous étiez face à un jeune profondément déçu par la politique et par le spectacle des affaires et des stratégies d'appareil, quel argument emploieriez-vous pour le convaincre de voter François Fillon, quand bien même celui-ci n'aurait aucune envie de sortir de l'abstention ?

Je lui montrerai qu’il y a tout un tas de mesures à prendre, qui ont été prises dans bon nombre de pays européens ; que par son rayonnement, son dynamisme économique et son histoire, la France est un pays qui sera en capacité de redevenir un pays très prospère sur le plan économique – ce qui n’est plus le cas du tout – dans lequel l’Etat fera son travail, c’est-à-dire assurer la sécurité au quotidien, si l’on prend ces quelques mesures nécessaires. Je lui dirai une deuxième chose : moi qui viens du privé, il convient de s’engager dans la vie publique au-delà de son vote. C’est la seule chose à faire quand on aime son pays au-delà de l’activité professionnelle. Le renoncement ne peut pas être un mode de fonctionnement. Pour finir, je lui dirai que l’abstention,le vote des extrêmes, ou ce socialisme qui est la seule chose que la France n’exportera jamais, n’ont aucun avenir pour le futur de notre pays, hormis nous conduire à encore plus de chômeurs et de pauvres, et à un Etat qui continuerait à ne pas exercer les fonctions qui sont les siennes. 

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