Atlanti-culture
Théâtre : ne manquez pas ce Bouquet-là
Si vous en avez la possibilité, allez absolument voir "A tort et à raison". La pièce est remarquable et la distribution excellente. Avec un Michel Bouquet formidable.
L'auteur
D'origine sud-africaine, Ronald Harwood est à la fois écrivain, scénariste, dramaturge. Il est, entre autres, le scénariste du film "Le Pianiste" (Oscar du meilleur scénario 2003) et l'auteur de "Collaboration" et de "L'Habilleur".
Thème
En restant à la tête de la Philharmonie de Berlin pendant la guerre, le célèbre chef d'orchestre Wilhem Furtwängler a été soupçonné de compromission avec le régime nazi. A la fin de la guerre, le commandant américain Steve Arnold, chargé de mener une enquête préliminaire, est convaincu de sa culpabilité : si Furtwängler a échangé une poignée de main avec le Führer lors d'un concert, alors il doit être condamné. Mais pour le Maestro, ce n'était pas si simple...
Points forts
1. La pièce est excellemment bien menée. Très vite, le spectateur est absorbé par l'intrigue. Au fil des interrogatoires, le suspense lui devient de plus en plus insoutenable et jusqu'à la fin, il ne peut s'empêcher de se demander qui a raison et qui a tort. Il veut que ce dilemme cesse, mais il est happé par le rythme de la pièce telle une symphonie de Beethoven, par ces interrogatoires, ces accusations, les convictions de chacun, leur combat... qui va gagner ?
2. Les acteurs sont brillants :
- Michel Bouquet interprète le rôle du Maestro avec génie. Ses gestes, sa voix, sa prestance sont si justes qu'on dirait que le rôle a été fait pour lui sur mesure.
- Francis Lombrail est excellent dans le jeu caricatural de l'américain inculte et grossier.
- Quant au passage éclair de Juliette Carré, c'est un véritable bijou. On aurait voulu qu'elle joue plus longtemps.
Le public n'a pu s'empêcher de leur témoigner une ovation finale, tant méritée !
3. A travers le duel sans relâche de l'intraitable commandant face au Maestro, l'auteur nous pousse au questionnement : l'art pouvait-il vraiment serrer la main à la barbarie ? Le comportement du chef d'orchestre était-il défendable ?
Le spectateur hésite. Séduit au début par la sympathie et l'humour du commandant américain, ce dernier lui devient de plus en plus insupportable, et il se sent de plus en plus en empathie avec le Maestro. Mais son cœur ne cesse de vaciller. Harwood sait vraiment nous toucher et jouer brillamment avec les sentiments.
Points faibles
Je n'en vois pas à part, peut être, la chute brutale de la pièce.
En deux mots
Si vous aimez un théâtre qui va à l'essentiel et si vous voulez voir jusqu'où peut aller le talent d'un très grand comédien, alors ne manquez pas cette version de "A tort et à raison".
Recommandation
En priorité
Théâtre
"A tort et à raison" de Ronald Harwood
Mise en scène : Georges Werler
Avec : Michel Bouquet, Francis Lombrail, Juliette Carré, Didier Brice, Margaux Van Den Plas, Damien Zanoly
Informations
Théâtre Hébertot
78 bis, boulevard des Batignolles
75017 Paris
Réservation : 0143872333
Du mercredi au samedi, à 21h; matinée le dimanche, à 17h
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