Téléphonie : qui ne survivra pas aux regroupements en cours ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Deux offres ont déjà été proposées pour le rachat de SFR.
Deux offres ont déjà été proposées pour le rachat de SFR.
©Reuters

Bip bip !

Deux offres ont déjà été proposées pour le rachat de SFR. Le rapprochement entre opérateurs pourrait pousser les prix à la hausse.

Christophe Benavent

Christophe Benavent

Professeur à Paris Ouest, Christophe Benavent enseigne la stratégie et le marketing. Il dirige le Master Marketing opérationnel international.

Il est directeur du pôle digital de l'ObSoCo.

Il dirige l'Ecole doctorale Economie, Organisation et Société de Nanterre, ainsi que le Master Management des organisations et des politiques publiques.

 

Le dernier ouvrage de Christophe Benavent, Plateformes - Sites collaboratifs, marketplaces, réseaux sociaux : comment ils influencent nos Choix, est paru en mai  2016 (FYP editions). 

 
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Atlantico : Bouygues doit formuler son offre de rachat  mercredi 5 mars dans la soirée à Vivendi, s'il souhaite acquérir SFR. Que signifient ces rapprochement sur l'état du marché de la téléphonie aujourd'hui ? Et quelles sont les évolutions qu'on peut préconiser ?

Christophe Benavent : A cette heure ils sont deux à avoir déposé une offre. Ces rapprochement s'inscrivent dans la logique de concentration que la bataille des prix a préparé. SFR a été éprouvé en perdant du CA et des client. Les prix baissant, la compétitivité doit se réaliser par les coûts et donc une plus grande échelle. C'est le but recherché dans les deux offres. Pour numéricable il y a l'enjeu d'être dans un marché dont il est absent et de renforcer une offre globale. Pour Bouygues c'est entièrement horizontal : gagner en taille.

Je n'ai pas d'évolution à préconiser mais on peut observer cependant qu'à moyen terme si on considère le phénomène du multi-display et qu'on compte en nombre d'appareils à connecter la population n'est plus 65 millions de français, mais près de 200 millions d'appareils. Le marché serait ainsi élargi - faut-il encore que des offres adéquates soient proposées. C'est un enjeu.
On peut remarquer aussi qu'à la multiplication des "devices" s'associe une intensification des usages, surtout marchand.

Finalement, quels seront les gagnants et les perdants de ces regroupements ?

Difficile de savoir. D'un côté la concentration permet aux groupe de reprendre le contrôle du prix ou du moins des marges, d'un autre le consommateur peut en attendre un meilleur service. Pas sur que le consommateur y gagne beaucoup. Pour les trois acteurs qui resterons celui qui aura réalisé l'acquisition espère devenir plus compétitifs, il faut pour celà que l'intégration se passe bien. Et on sait dans ce domaine que les coûts de l'intégration peuvent dépasser les gains de l'acquisition! Orange est clairement challengé, Free peut tirer son épingle en dominant sur le marché du low cost.

Quelles seraient les conséquences de ces évolutions, notamment pour le contribuable ?

Pour le contribuable aucune. C'est un pur marché. Pour le consommateur, oui avec la concentration il y a toujours le risque d'une structure oligopolistique...et donc de payer trop cher. En contre partie il y a l’espérance d'un meilleur service et notamment l'offre en haut-débit. L'enjeu va être la généralisation de la 4G. Sur un autre plan on peut avoir des craintes sur l'emploi.

Quelles sont les possibilités qu'ouvre un rapprochement entre opérateurs ? Aujourd'hui, chaque client représente un revenu moyen relativement peu élevé. S'agit-il de compenser ? Cela risque-t-il d'influencer les offres de services proposées ?

Pour ceux qui se rapprochent, ce qui est cherché est l'effet de taille sur les prix et donc reprendre de la marge même si le revenu par client est faible. Dans un second temps il s'agira de revenir sur les offres et d'accroitre la valeur client. Pour cela il y a deux grandes options : jouer sur le débit et se déployer rapidement sur la 4G - ce qu'a fait bouygues, ou jouer sur des abonnements multiples quitte à donner de très faibles prix aux abonnement additionnels. Que dans un foyer une première ligne ADSL soit à 30 euros, un mobile à 20 euros et que les lignes suivantes soit à deux euros permet d'aller vers les 60 euros de revenus.

Les opérateurs craignent une réduction du marché européen. Y a-t-il effectivement un risque ? Si le marché européen n'est plus aussi rentable, l'ensemble des opérateurs pourront-ils subsister ?

Les mouvements de concentrations sont d'une certaine manière inévitable. Cependant il est difficile de parler d'une réduction du marché, plutôt d'une reconfiguration. Le marché des télécom qui se construit aujourd'hui est aussi celui d'une numérisation intensive. Les flux de données qui vont être géré sont toujours plus grands : à l'horizon 2020 il seront multipliés par un facteur 10 ou 20 (. Il faudra ajuster les réseaux et donc les renouveler à grande vitesse, tout en valorisant les capacités accrues. Le démarrage de la 4G montre qu'espère garder un premium avec des réseaux plus rapides est assez limitév. Ceux qui sauront résoudre cette équation subsisteront.

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