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CGT, CFDT, metalos... Ces syndicats et branches industrielles qui pratiquent le plus la surenchère
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Motivés

L’entourage de Nicolas Sarkozy a demandé à François Hollande de "condamner les actions violentes" des syndicalistes d'Arcelor Mittal ce jeudi et le candidat UMP a reproché à la CGT de "jouer un rôle politique". Mais tous les syndicats et toutes les branches industrielles agissent-ils de la même façon ?

Jérôme Cochet

Jérôme Cochet

Jérôme Cochet est avocat, spécialisé en droit du travail et en droit de la sécurité sociale.

Il accompagne quotidiennement les moyennes et grandes entreprises, leurs dirigeants et leurs salariés dans tous les domaines du droit du travail et de la sécurité sociale. 

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Atlantico : Des incidents ont opposé jeudi des syndicalistes d’Arcelor Mittal à des CRS, devant le QG de campagne de Nicolas Sarkozy. L’entourage du candidat UMP a demandé à François Hollande de "condamner les actions violentes" de ces syndicalistes. La métallurgie constitue-t-elle une branche où la pression exercée par les syndicats est plus intense qu’ailleurs ?

Jérôme Cochet : Non, pas particulièrement. Florange correspond à un contexte particulier. D’une façon plus générale, la métallurgie n’est pas une branche violente ou qui pratique le coup de force plus que les autres. Mais cette branche se trouve aujourd’hui touchée de plein fouet par la crise : c’est pourquoi qu’il peut y avoir une volonté de surenchère.

Les branches où l’on peut recenser le plus de violences sont celles du transport, de la sidérurgie, de la pêche ou de l’agriculture (qui intègre à la fois des activités agro-alimentaires et d’autres qui sont plus en lien direct avec l’évolution du pouvoir d’achat et de la consommation).

A l’opposé, on trouve le secteur tertiaire, où les syndicats sont peu présents. Il n’y a donc là guère de vagues.

Certaines branches d’activité sont aujourd’hui en déshérence. Je pense notamment au textile pour avoir travaillé un certain temps avec les syndicats de ce secteur. Ces quinze dernières années, ils ont dû faire face à de grandes difficultés économiques. On a encore pu s’en rendre compte récemment avec l’usine Lejaby. Dans ces branches, la négociation est très difficile. On s’en rend compte quand on étudie les salaires minimums conventionnels : certaines branches n’ont pas négocié depuis des années sur ce sujet, ils en sont ainsi toujours au smic !

S’il existe des différences entre branches, peut-on aussi percevoir des différences entre les syndicats. A l’occasion des incidents entre les CRS et les métallos, Nicolas Sarkozy a ainsi accusé la CGT de vouloir jouer « un rôle politique ». La CGT constituerait-elle un syndicat plus dur que les autres ?

La CGT se situe encore dans la notion de lutte de classes. Le président de la République a raison sur leur volonté politique : ils cherchent un regain de popularité. Mais il faut faire la part des choses.

Des différences existent effectivement entre syndicats quant à leur attitude à l’égard des négociations. Il existe ainsi plusieurs syndicats du type CFE-CGC dont on n’entend peu parler et qui adoptent une approche de médiation, sans mener de coups de force. En revanche, les syndicats plus connus tels que SUD, FO, la CGT ou la CFDT sont systématiquement présents dans tous les contentieux. On les retrouve à la fois dans la rue et dans les entreprises. Ils font partie de ceux qui mènent le débat syndical autant au niveau des branches qu’au niveau des entreprises.

Parmi eux, la CFDT est le syndicat qui aujourd’hui, et depuis environ 3 ans, prend les positions les plus dures. Ils disent systématiquement « non » quand on leur soumet un accord, ou une négociation. C’est un syndicat d’opposition systématique.

En ce qui concerne la CGT, on pourrait la classer comme un syndicat d’opposition mais avec qui il existe une possibilité de négociation.

La CFTC ou la CFE-CGC sont quant à elles plus clairement des syndicats de médiation, de discussion.

Ces différences ont-elles toujours été posées ainsi ou ont-elles évolué ?

FO et CGT étaient des syndicats très présents par le passé. La CFDT était moins radicale. Je pense que cela tient à une chose : depuis la loi du 20 août 2008, nous avons eu une réforme de la représentativité. Il existait auparavant cinq grandes organisations syndicales qui avaient une représentativité de parole. Systématiquement, dans les entreprises, le délégué syndical pouvait ainsi négocier les accords sans aucun problème.

Mais, depuis 2008, la concurrence entre syndicats s’est accrue. Nous nous situons désormais davantage sur un terrain où les syndicats doivent être représentatifs dans les entreprises et dans les branches d’activité. Cela implique que les salariés et les membres du personnel les désignent et ils doivent donc avoir une « aura » particulière pour le personnel, tant au niveau des entreprises que des branches d’activité.

Les cartes ont été redistribuées. Il y a eu un glissement chez certaines organisations syndicales qui se sont dit : « Si je ne tiens pas l’aura ici, si je ne fais pas actions un petit peu marquantes, je vais perdre cette aura-là et je vais perdre ma représentativité et donc disparaitre de ces enteprises. » Ils ont donc besoin d’actions fortes. Cela a logiquement poussé à la violence.

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