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Sud-Soudan : la fin du cauchemar
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EDITORIAL

Une indépendance fragile pour un nouveau pays, après 2 millions de morts et 4 millions de déplacés.

Gilles Klein

Gilles Klein

Gilles Klein,, amateur de phares et d'opéras, journaliste sur papier depuis 1977 et en ligne depuis 1995.

Débuts à Libération une demi-douzaine d’années, puis balade sur le globe, photojournaliste pour l’agence Sipa Press. Ensuite, responsable de la rubrique Multimedia de ELLE, avant d’écrire sur les médias à Arrêt sur Images et de collaborer avec Atlantico. Par ailleurs fut blogueur, avec Le Phare à partir de 2005 sur le site du Monde qui a fermé sa plateforme de blogs. Revue de presse quotidienne sur Twitter depuis 2007.

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Dans une actualité généralement tourmentée, particulièrement en Afrique, une bonne nouvelle : ce samedi 9 juillet voit la naissance d'un nouveau pays africain, le Sud-Soudan, issu d'une partition du Soudan après des dizaines d'années de guerre civile. Tout n'est pas résolu, loin de là, entre les deux Soudan, mais c'est la fin d'un cauchemar, une guerre civile qui a ravagé le pays pendant près de 60 ans et qui a coûté la vie à 2 millions de personnes, et provoqué le déplacement de 4 millions de réfugiés fuyant les combats.

Presque aussi grand que la France, avec seulement un peu plus de 8 millions d'habitants presque tous très pauvres, le 193e pays du monde est né dans la douleur et son avenir est encore plus qu'incertain. L'aventure a mal commencé, avant même que le Soudan n'accède à l'indépendance, en 1956. Une première guerre de sécession a débuté dès 1955. Elle a duré une quinzaine d'années, opposant les arabo-musulmans du Nord aux animistes et aux chrétiens du Sud. Puis, après une pause d'une dizaine d'années, elle a été suivie par une deuxième guerre, achevée en 2005.

Fixer des frontières consensuelles

Cette deuxième guerre civile a provoqué une famine, qui a attiré l'attention de l'opinion internationale en 1998 et fait réagir la FAO (Food and agriculture organization, ou Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture).

Lorsque la paix été signée en 2005, beaucoup doutaient que les accords prévoyant un référendum et une éventuelle indépendance soient respectés. Mais ce fut le cas. En janvier 2011, la population du Sud a voté pour l'indépendance à une quasi-unanimité (98,83 % des votants avec un fort taux de participation (97,58 %).

Il reste maintenant à partager les ressources du pétrole entre le Sud-Soudan et le Soudan, et à fixer les frontières de manière consensuelle. On n'y est pas encore, puisque comme le souligne le magazine Jeune Afrique : le Soudan "a pris par la force, le 21 mai, la province disputée d’Abyei, d’où ont fui quelque 100.000 personnes".  L'Onu devrait y veiller avec la Mission des Nations Unies dans la République du Sud-Soudan (UNMISS), qui doit être créée le ce 9 juillet et qui devrait comporter 7.000 militaires et 900 policiers civils. Comme on le voit, la situation est complexe. 

Une femme sur 50 meurt en couches

Les fêtes de l'indépendance sont le reflet de cette complexité puisqu'Omar El Bechir, le président du Soudan, venu du Nord, assiste aux cérémonies alors qu'il est "sous le coup de mandats d'arrêt internationaux pour génocide et crimes contre l'humanité au Darfour, une région de l'ouest du Soudan". Ce qui ne facilite pas la tâche du ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, qui représente la France. Il a d'ailleurs a annoncé qu'il essaierait d'éviter le président soudanais.

Outre la pauvreté, le Sud-Soudan devra faire face à de nombreux défis. "Dans la totalité du Sud-Soudan, on ne compte que 120 médecins pour 8 millions d'habitants." selon Jane Coyne de Médecins Sans Frontières qui ajoute qu'il n'y a pas d'école de médecine et un fort taux d'illettrisme. "Taux de mortalité record, malnutrition chronique, épidémies récurrentes. On estime que quelque 75% de la population au Sud Soudan n'ont pas accès aux soins de base. Et que 80% des services de santé sont assurés par des ONG internationales." souligne une autre analyse de Médecins Sans Frontières qui précise qu'il n'y a que 120 infirmiers dans tout le pays.

Selon le directeur de la santé de la reproduction pour le Sud du Soudan, Makur Kariom, le pays est confronté au pire taux de mortalité maternelle au monde : avec 2.054 décès pour 100.000 naissances, une femme sur 50 meurt en couches.

Espérons que l'indépendance et la paix permettront d'améliorer la situation, avec l'aide la communauté internationale qui risque d'oublier très vite ce nouveau, mais fragile, pays, une fois les cérémonies d'aujourd'hui terminées, et les médias internationaux repartis.

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